TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

L'arbre à parole

 

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Entretien avec Thierry Cazals par Cécile Guivarch

J’ai lu de toi plusieurs recueils de poésie, Visage de la neige, Mon ami Merlin, le petit cul tout blanc du lièvre, Un éléphant au paradis, tous des livres jeunesse. Alors j’ai envie de te demander si tu as toujours écrit pour la jeunesse ?

Mes premiers émois d'écrivain (la première fois que j'ai éprouvé la jubilation de jouer avec les mots) remontent à l'école élémentaire. Une maîtresse nous demandait régulièrement d'inventer de petites histoires. Chaque fois, le texte qui recueillait le plus de suffrages parmi les élèves de la classe était recopié au tableau. Mes histoires étaient souvent choisies. Il faut dire que je prenais un malin plaisir à repousser les limites de mon imagination. J'ai pu mesurer combien les mots pouvaient être une fantastique passerelle entre les êtres. Un écrivain, normalement, ne voit jamais ses lecteurs en train de le lire. Là, j'ai pu constater de visu l'effet de mes histoires sur les visages de mes camarades. Il suffisait de quelques phrases pour transporter mes semblables dans des voyages immobiles pouvant conduire n'importe où : chez les indiens d'Amérique ou aux confins des étoiles, dans le passé ou le futur… Il n'est pas faux donc de dire que mes premières armes d'écrivain « pour la jeunesse », je les ai faites enfant.
Les années passèrent, je me suis laissé emporter par d'autres passions : intellectuelles (un doctorat de sociologie sur la science-fiction) et artistiques (dessin, musique, cinéma). Les livres comptaient toujours autant pour moi. Mais avant de me lancer dans le « grand concert » de la littérature, je sentais qu'il me fallait d'abord faire mes gammes. J'avais besoin surtout d'apprendre à vivre, besoin d'approcher chaque brin d'herbe, chaque caillou dans son mystère premier. La plupart des auteurs qui m'ont marqué ne se contentent pas de décrire le monde qui les entoure : ils l'interrogent, le sondent, le retournent comme un gant… De Kafka à Philip K. Dick, de Rilke à Michaux, de Rimbaud à Bashô… Les mots ne sont pas seulement décoratifs, ils sont d'excellents foreurs capables de traverser la surface des apparences et faire jaillir l'étonnement et l'étrangeté au cœur même du quotidien.
Pour devenir écrivain, on a besoin d'une sorte d'autorisation intérieure, le sentiment d'avoir enfin trouvé sa place. Pour moi, c'est la rencontre avec le haïku (bref poème d'origine japonaise) qui a été le déclic. La simplicité fulgurante de ces poèmes a remis mon horloge intérieure en phase avec la spontanéité de mon enfance. De là est né : Le rire des lucioles, un recueil de contes et haïkus pour « les grands », même s'il peut être lu aussi par de jeunes lecteurs confirmés. Mon deuxième livre (Quoi de neuf aujourd'hui ?) a été écrit pour les 70 ans de mon père. A mi-chemin du conte et du journal intime, il raconte la vie d'un drôle de septuagénaire, à la fois jardinier et Père Noël dans les supermarchés. Je voulais faire sentir que la vieillesse n'était pas forcément une impasse, qu'elle recelait en elle la possibilité d'un renouvellement. Il n'y a pas d'âge pour commencer à s'interroger sur la fin de vie. Dès 4 ou 5 ans, les enfants posent de multiples questions à ce sujet. Ils vont droit à l'essentiel et sont souvent moins infantiles que beaucoup de prétendus adultes. Il n'y a aucune question fondamentale qui ne puisse être abordée par les jeunes lecteurs. Lire, c'est passer à travers les frontières. Fort heureusement, les professionnels du livre n'ont pas encore inventé la catégorie « littérature vieillesse » !
J'ai donc commencé à écrire sans avoir l'idée de m'adresser à des éditeurs dits « pour la jeunesse ». Deux événements se sont conjugués pour influer sur mon parcours : une lettre de François David (responsable des éditions Motus) me disant qu'il appréciait mes poèmes et le fait de devenir père. J'ai eu alors envie de m'adresser aux jeunes lecteurs, non pas comme un groupe abstrait, une cible de marketing, mais en pensant à mon premier fils sur le point de naître. Cela a donné Le petit cul tout blanc du lièvre, un recueil de poèmes brefs illustrés par le pinceau dansant de Zaü. Une façon de témoigner sur ce qui me semblait essentiel dans la vie : l'écoute, l'ouverture, le mystère de chaque présence… Suite à ce premier essai qui a rencontré un bel accueil (autant chez les adultes que chez les enfants), toute une série de livres ont vu le jour : L'enfant qui avait peur du silence (Motus), Olga et les masques (Sarbacane), Les mille vies de Valentin (Jasmin)… En parallèle, j'ai continué à écrire des livres d'accès plus difficiles : La volière vide (L'iroli), Monsieur Truc (La Renarde Rouge), Le Val aventureux (E&C)…
A vrai dire, en matière de livres, je n'ai jamais beaucoup apprécié les catégories trop figées. C'est sans doute pratique pour classer les ouvrages dans les bibliothèques et pour les vendre en librairies. Mais les livres vraiment bouleversants ne visent aucun âge particulier. Que ce soient Le petit prince de Saint-Exupéry ou Alice de Lewis Carroll, ils s'adressent à des lecteurs sans âge déterminé. On peut les lire et relire à plusieurs moments de sa vie. J'aime ces livres « durables », ces livres qui ne s'évaporent pas aussitôt consommés. Parmi les montagnes de livres « pour la jeunesse » publiés chaque année, combien peuvent être lus plus d'une fois, combien peuvent être revisités tout au long de l'existence sans perdre leur saveur et leur pouvoir d'enchantement ?

Je rebondis sur ce que tu dis : ces livres bouleversants qui ne visent aucun âge particulier. Penses-tu néanmoins qu’une poésie « doudou » existe ? Ou existe-t-il plutôt une poésie qui pourrait être universelle ? Ou que tout simplement la poésie est accessible aux enfants ?

En fait, le mot « enfant » est très vague et très vaste : il regroupe aussi bien les bambins que les pré-adolescents. Quand je parle de littérature « sans âge », il ne s'agit pas de lire Lewis Carroll à des enfants de dix mois (quoique l'expérience pourrait être intéressante à tenter). De même, la poésie, pour toucher les plus petits, ne doit pas s'enfermer dans une tour d'ivoire hermétique. On ne va pas parachuter Mallarmé en maternelle (quoique, là aussi, l'expérience pourrait être surprenante). Mais il ne faut pas pour autant brader la poésie, se contenter de quelques comptines saupoudrées de rimes et d'adjectifs fleuris. De même qu'on habitue très tôt les enfants aux sonorités d'une langue étrangère, de même qu'on les sensibilise très jeunes à la musique ou à la bio-diversité, il me semble vital aussi de leur faire goûter dès l'école élémentaire une grande variété de formes poétiques : du calligramme au haïku, des virelangues aux acrostiches, des cadavres exquis surréalistes aux poèmes en alexandrin… La poésie est d'autant plus accessible aux enfants qu'elle est justement, chez l'homme, cette zone du langage où les mots ne sont pas réduits à leur stricte fonction utilitaire. Tout est possible en terre poétique : le jeu avec les sonorités, les glissements de sens, la substitution de vocabulaire, les images et les métaphores… Quand les écoliers apprennent à écrire, ils intègrent, par le biais de la logique grammaticale, une certaine façon de voir et d'ordonner le monde. Je n'ai rien contre, au contraire : il n'y a pas de vraie liberté sans structure, sans cadre de référence. Mais le risque est que cet apprentissage rigoureux, s'il n'est pas contrebalancé par une approche plus souple et créative, finisse par dessécher l'esprit et le cœur. C'est là que la poésie a son rôle à jouer. Même si elle répond parfois à des règles strictes, la poésie est un apprentissage de la liberté que l'on peut prendre avec les mots. Le poète Jean Féron avait cette formule que j'adore : « La poésie, c'est quand les mots se rencontrent pour la première fois. » Oui, retrouver ce plaisir de nommer pour la première fois le monde, ce plaisir de faire jaillir pour soi et pour les autres le feu contenu dans le silex des mots. Une fois mises de côté les premiers tentatives un peu timides ou stéréotypées, les enfants sont capables de véritables étincelles fulgurantes. Depuis douze ans que j'anime des ateliers dans les écoles, j'ai pu constater que nous naissions tous « poètes » (même si chez certains, c'est plus visible que chez d'autres). J'ai pu le vérifier aussi chez mes propres enfants. Ecoutons Merlin (4 ans) :

La feuille morte
Bouge et dit :
"Echec et mat !"

Et Orphée (7 ans) :

Le fantôme de la joie
Fait apparaître
Les étoiles

Il n'y a rien d'infantile là-dedans, mais au contraire, une grande profondeur — une intuition quasi-philosophique. Voilà pourquoi je pense que l'on ne doit pas aller vers la poésie avec des œillères, des préjugés limitatifs. Il est nécessaire de proposer aux enfants des poèmes aux multiples visages, des poèmes qui osent vraiment être poétiques. Alors, oui à la « poésie-doudou » ! Mais pourquoi ces « poèmes-doudous » ne pourraient-ils pas à la fois nous consoler, nous attendrir, nous cajôler, nous amuser, et dans le même temps, nous faire découvrir d'autres facettes de la vie, nous déboussoler, nous interloquer, nous catapulter dans l'Ailleurs, là où nous ne sommes encore jamais allés… Ecoutons une nouvelle fois Merlin (4 ans) :

Le lac blanc
Descend tout au fond
Du trou de rime

 

Quand tu prends ta plume, sais-tu d’avance que tu vas écrire pour la jeunesse ?

C'est une bonne question. Change-t-on de façon d'écrire en fonction des lecteurs que l'on cherche à toucher ? Il ne faut pas se faire d'illusion. Pour pas mal d'éditeurs, les enfants sont un « marché » comme un autre. L'enfance est découpée en tranches d'âge, en centres d'intérêt (il n'y a qu' à voir tous ces albums « pour les filles » ruisselant de princesses et de fées — et c'est la même chose côté « garçons »). Ayant deux jeunes enfants et leur lisant une kyrielle de livres pris dans la bibliothèque de mon quartier, j'ai pu repérer des « tics » d'écriture dans une partie non négligeable de la production jeunesse. Le but est de servir au jeune lecteur ce qu'il connaît déjà, de ne surtout pas lui faire perdre ses repères. Que ce soit dans les décors, les situations, les dialogues… Dans ces histoires, les enfants ne s'amusent jamais à regarder des têtards dans une mare (c'est le cas de mon héroïne dans Olga et les masques), mais ils jouent à la DS, aux cartes Pokémon, ils vont au MacDo… On me dira : c'est une façon de coller avec la réalité moderne, ce qui peut effectivement se justifier. Mais pour moi un livre n'est pas un simple miroir reflétant l'air du temps, c'est beaucoup plus que ça : une porte vers l'Ailleurs, une invitation à devenir autre (« Je est un autre », écrivait Rimbaud), une célébration de la liberté et de la différence… Le plus attristant, c'est que ce plat mimétisme s'infiltre au cœur même du langage, sous forme d'expressions censées « faire jeune ». Ces livres s'essoufflent à suivre la mode. Même quand l'histoire s'évade dans un monde imaginaire, elle obéit à des codes très stricts, des structures verrouillées, sans réelles surprises. Combien de fades apprentis magiciens ont été mis sur le marché depuis le succès d'Harry Potter ? Ce sont des livres à cycle très court — que deviendront-ils dans 50 ans, ou même seulement 10 ans ? Cela me fait penser à ces friandises industrielles aux couleurs saturées et au goût racoleur. On retrouve cette même tendance dans le domaine de la poésie pour enfants. Combien d'éditeurs se contentent d'aligner des comptines insipides truffées de rimes faciles ? On fait rimer « citrouille » avec « trouille » et hop ! on a un poème sur « halloween ». C'est vite fabriqué, vite consommé, vite oublié. Comme si les enfants étaient incapables d'accueillir l'étrangeté des mots en eux. Comme s'ils n'étaient pas capables d'entrer dans une poésie inventive, exigeante et émotionnellement intense. Je me souviens de Jamel, un garçon de banlieue qui écrivit lors d'un atelier sur le haïku :

Bel érable
Grandissant seul
Finissant par se tordre

A l'évidence, les enfants ont une force poétique en eux qui dépasse de loin ce que beaucoup d'éditeurs leurs proposent. Bon nombre d'auteurs n'écrivent pas, en fait, pour les enfants, mais pour ce qu'ils croient qu'ils sont. Heureusement, il existe aussi beaucoup de livres qui court-circuitent ou font exploser ces préjugés sur l'enfance. Des livres gorgés de sensibilité, d'étrangeté, de liberté dans l'écriture et la mise en page. Pour ma part, quand j'écris un livre « pour la jeunesse », je ne change rien à mes exigences. Je ne cherche pas à édulcorer mes mots, à accrocher l'attention du lecteur à tout prix. Je ne m'interdis aucun sujet, même s'ils semblent a priori difficiles (comme la mort, l'abandon, la menace totalitaire). Je ne m'interdis aucun effet stylistique : ellipse, mise en abyme (comme dans Les mille vies de Valentin)… L'essentiel, pour moi, est de me mettre « en état d'enfance », d'oublier au maximum mes constructions mentales d'adulte, de me relier à mes émotions premières, cet état d'ouverture où tout peut devenir surprenant, émouvant, sidérant. Tout alors peut nourrir mon écriture. Un long face à face avec une mante religieuse (Un éléphant au paradis). Un os de sèche brillant sur la plage après une tempête (Le petit cul tout blanc du lièvre). Dans mes poèmes, mes mots sont certes simples, épurés, mais jamais faciles. Quand j'écris le mot « escargot », je ne vais pas le faire rimer aussitôt avec le mot « rigolo ». La poésie s'invente contre les stéréotypes et les clichés. La pratique du haïku m'a beaucoup apporté à ce niveau. Dans cet art minimaliste, il s'agit d'utiliser un langage volontairement « pauvre », dépouillé d'effets, sans pour autant être platement descriptif. Allier limpidité et profondeur, spontanéité et densité. « Comme c'est difficile d'être simple », confiait le peintre Van Gogh. Mais, que ce soit dans la poésie ou la prose, certains livres y parviennent admirablement. Le petit prince en est l'exemple parfait. Je pourrais citer de nombreux autres livres contemporains qui osent voir dans l'enfant non pas un consommateur miniature, mais un être aux potentialités illimitées, un géant qui peu à peu s'éveille… Au hasard, j'évoquerai deux ouvrages publiés aux éditions Motus : La pêche aux mots de Joëlle Ecormier (un petit bijou qui s'approche au plus près du mystère de l'écriture) et Du sucre sur la tête de Thomas Vinau (un album illustré par Lisa Nanni qui évoque la lente et subtile corruption de notre société vouée à la surconsommation).


J’aime beaucoup cette idée, nous naissons tous poètes. Alors, justement, comment penses-tu que les enfants que tu as rencontrés lors de ces ateliers, que tes propres enfants, perçoivent la poésie ? Ces enfants sont-ils accueillants avec l’idée de lire et/ou d’écrire de la poésie ?

Je ne suis pas rousseauiste, je ne pense pas que l'homme naisse naturellement « bon » avant que la société ne le corrompe. Je crois toutefois — pour l'avoir expérimenté à la naissance de mes deux fils — que le nouveau-né est une véritable éponge sensorielle, un puits sans fond capable d'accueillir tous les échos de l'univers. Il n'y a qu'à voir un bambin marcher à quatre pattes sur une parcelle d'herbe. Tous ses sens sont en éveil. La moindre brindille devient un trésor. La moindre feuille, un continent à explorer. Cet état d'ouverture permet au jeune enfant de se relier et de communier avec ce qui l'entoure : un nuage qui change de formes, le bruit d'un radiateur qui glougloute dans l'obscurité, une fleur jaune dans un champ de coquelicots… C'est ce que j'ai tenté de retranscrire dans mon recueil : Visage de la neige (poèmes pour un nouveau-né), réédité récemment aux éditions Eclats d'Encre. Dans la petite enfance, le monde entier est poétique. C'est comme si la réalité matérielle avait décidé de prendre forme spécialement pour nos yeux et nos oreilles, comme si la création du monde s'effectuait en direct devant nous. Nous sommes alors de véritables petits « dieux », non pas par nos pouvoirs surhumains, mais par notre puissance d'étonnement et d'accueil. En grandissant, chacun se retire, peu à peu, dans sa coquille. Certes, les coquilles sont plus ou moins épaisses, plus ou moins perméables, selon le destin de chacun. Quelques rares enfants demeurent plus proches de leur être poétique que d'autres. Ils sont tout de suite ouverts au jeu avec les mots, à l'expression de leur sensibilité et de leur singularité. Mais la majorité des élèves (par peur de l'autre et recherche de la sécurité) dissimulent leur vraie personnalité derrière une camisole de banalité. Je me souviens de cette classe de collège dans un quartier difficile de Paris où aucun élève ne connaissait la signification du mot « bourgeon » : et pour cause, ces pré-adolescents m'avouèrent n'avoir jamais vu de près un arbre en fleurs au printemps. Comment parler poésie à des enfants qui ne connaissent aucun nom d'oiseau, aucun nom d'arbre ou de poisson, parce que personne, justement, ne leur a transmis l'amour du vivant au cours d'une promenade dans la nature ? Comment nommer le monde dans toute sa fulgurante beauté quand nos mémoires émotionnelles ne sont remplies que de fragments d'images télé, de flashs de pub et de jeux vidéo, de visages fermés et de décors bétonnés ?
Cela fait presque 12 ans que je rencontre des enfants et des adolescents pour des ateliers d'écriture poétique. Il ne faut pas croire que la poésie est accueillie instantanément à bras ouverts. On rencontre souvent beaucoup de timidité, d'agitation ou d'indifférence. Souvent, le seul contact que les enfants ont eu avec la poésie, c'est une poignée de récitations à apprendre par cœur et c'est tout. Chez pas mal d'entre eux, la poésie est souvent considérée comme une activité « pour les filles » : un truc inutile et désuet qui ne sert qu'à « faire joli ». La plupart des enfants ou d'adolescents ne connaissent aucun nom de poète vivant. C'est vrai aussi, d'ailleurs, chez les enseignants et les bibliothécaires. Difficile donc pour ces enfants de voir dans la poésie un art vivant, un art fait pour se sentir plus vivant, un art qui ne s'adresse pas seulement aux collectionneurs de phrases du passé mais aussi aux aventuriers de l'éternel présent…
En fait, dans notre monde contemporain, exprimer ses émotions et sa sensibilité est souvent perçu comme un aveu de faiblesse. Si je montre à l'autre que je suis ému, je lui montre aussi mes failles, mes tristesses, mes espoirs, mes attentes, mes doutes… Face à la loi du plus fort qui règne à l'extérieur, beaucoup se referment, se blindent. Dans l'enfance, heureusement, cette carapace n'est jamais très solide, elle peut encore s'ôter assez facilement. Il suffit parfois de quelques minutes. Au cours de mes nombreux ateliers, j'ai eu la joie de voir beaucoup de cuirasses tomber, preuve que tout est encore possible. Je me souviens d'une séance à Paris où j'avais demandé à chaque enfant de se choisir un nom de poète. Chez les japonais, c'est une pratique traditionnelle : chaque poète se choisit un nom de plume pour témoigner de sa personnalité profonde, faire entrevoir un peu de son monde intérieur (différent du moi social) d'où jaillira l'inspiration. Ainsi Santoka signifie : « Le feu au sommet de la montagne ». Sôjô : « Château d'herbe ». Seitô : « Tour de silence ». Seifu : « Etoffe d'étoiles ». Chez les enfants, se trouver un nom de plume poétique est souvent l'occasion de (re)contacter leur être premier, différent du jeu de rôles un peu étriqués que chacun joue en classe ou chez lui : l'intello, le rêveur, l'amoureuse, le caïd, le turbulent, la timide, etc… Je revois encore cet enfant costaud qui, devant les autres, se choisit le surnom de « pitbull ». Au bout d'un moment, il vint me voir, en se tortillant comme un enfant intimidé : il avait décidé de changer de surnom poétique, abandonnant « pitbull » pour devenir « une petite souris grise ». Il se mit alors à me raconter des souvenirs étranges, des sortes de visions qu'il avait eu une nuit alors qu'il dormait avec ses parents dans une voiture. Derrière le rempart de son corps balèze, se cachait une boule de sensibilité qui ne demandait qu'à s'exprimer et être reconnue… Une fois que l'on a contacté cet être profond, tout devient plus facile, car celui ou celle qui écrit n'est pas le « moi de surface », mais « l'être des profondeurs ». J'ai connu le cas inverse : un enfant plus petit que les camarades de son âge que l'on traitait de « nain de jardin ». C'est d'ailleurs le premier surnom qu'il s'est donné avant de choisir quelque chose de plus personnel : « plume d'aigle », une plume certes petite mais qui appartenait à un grand oiseau. A partir de ce moment-là, cet enfant a pu déployer son écriture et son imaginaire, et les poèmes qu'il écrivit se montrèrent plein de force, d'audace et de vigueur…
Je me souviens encore, dans un lycée professionnel, d'un grand gaillard pratiquant le rugby qui s'était choisi comme surnom poétique : « Le contact rigoureux ». Tout un programme ! Mais derrière la rudesse physique de l'adolescent apparût bientôt un être sensible, un grand sentimental capable de dévoiler pas seulement sa force musculaire, mais aussi son cœur :

Ce matin
Dans la rue
Un bourgeon m'a salué


Dans un atelier poétique, au bout de plusieurs séances, on obtient souvent des résultats surprenants (pour les enfants eux-mêmes qui ignoraient abriter en eux autant de potentialités). Pour certains, la porte est ouverte — à jamais. Ils continueront d'écrire, iront dénicher dans un recoin de bibliothèque des recueils de poèmes même si cela n'est pas « dans le programme ». Pour d'autres, j'en suis conscient, cela sera sans doute une expérience sans lendemain. Ce n'est pas automatique, et c'est très bien ainsi ! Il est vrai que le monde contemporain n'a pas beaucoup d'affection pour les poètes. On n'en voit quasiment jamais à la télévision. Peut-être, justement, parce qu'ils ou elles ont gardé la force d'étonnement qu'ils ou elles avaient à leur naissance — et que ça fait peur.

Lors des ateliers d’écriture poétique que tu animes, quel(s) message(s) penses-tu faire passer (ou tentes-tu de faire passer) ?

En fait, il ne s'agit pas vraiment de faire passer un message, car les messages risquent rapidement, si l'on n'y prend garde, de se transformer en instructions extérieures, en tentatives de modifier l'autre en influant uniquement sur ses comportements superficiels. Un atelier poétique, à mes yeux, c'est tout le contraire. C'est une plongée dans l'intériorité de chacun. On attribue parfois à Montaigne (parfois à Yeats) cette splendide maxime : « Eduquer, ce n'est pas remplir des vases, mais allumer des feux ». Oui, c'est ça, le poète est un de colporteur de « feu ». Je ne viens pas dans une école avec l'idée d'apporter un savoir supplémentaire, des techniques d'écriture prêtes à être utilisées. Je ne crois pas à la poésie « en kit ». Dans mes ateliers, ma démarche consiste principalement à réenraciner la poésie dans le vécu. Partir du plus simple, du plus concret. Redonner leur saveur aux petits riens qui tissent notre existence. Réveiller la curiosité, la soif de l'inconnu, briser cette gangue de banalité qui nous empêche d'être pleinement vivant. La poésie dépasse alors le simple exercice scolaire et devient une fête de l'étonnement permanent. « Voir le nouveau dans l'ordinaire… Il y a des trésors cachés dans l'instant présent… », écrivait le poète japonais Santoka. Des trésors qui ne s'achètent pas au supermarché. Ecoutons Audrey, une fillette de Pantin :


Dans un sac
A côté de mon lit
Les coquillages de la mer pétillent


Dans les quartiers difficiles (mais c'est vrai aujourd'hui sur une bonne part du territoire français, y compris aux abords de splendides forêts !), les enfants sont contraints à se couper très tôt de leurs sensations les plus fines, au profit de désirs tranchés et de modes d'expression binaires. Le manque de vocabulaire découle toujours d'un appauvrissement du vécu, d'un rétrécissement du champ d'expérience. L'acquisition du langage passe avant tout par l'éclosion des sensations, des émotions, des sentiments. Il ne s'agit pas de rentrer un lexique froid et abstrait dans la mémoire d'un ordinateur. C'est d'abord et surtout une question de rencontres : rencontre avec la nature, rencontre avec l'autre et ses différences, rencontre avec le foudroyant pétillement du monde… Il y a mille et une façons d'apprivoiser les mots. Un matin, j'ai transporté toute une classe au bord de l'océan, à l'aide d'un simple enregistrement sonore réalisé en Bretagne. Au fur et à mesure qu'un bruit surgissait, je notais au tableau les mots correspondants : le fracas des vagues, le cri des goélands, la sirène d'un bateau dans la brume, le crissement des galets sous les bottes d'un pêcheur… A la fin de cette récolte, j'ai invité les enfants à écrire des poèmes. Tout devint plus facile, car cette plongée sensorielle avait démultiplié en chacun sa capacité à jongler avec les mots.
L'univers intérieur des enfants (même dans les situations chaotiques) est beaucoup plus riche qu'on ne le croit. Le mutisme, la violence, l'enfermement dans un contre-langage sont des réflexes de protection, une façon de masquer la peur de ne pas être reconnu et accepté. La poésie permet justement d'aller au-delà du jeu étriqué des apparences, de se rencontrer sur un autre plan, non pas celui de la compétition et de la normalisation, mais celui du partage et de la liberté. Apprendre une technique d'écriture à des élèves ne suffit pas. Il faut s'assurer que la vie palpite, creuser le ciment de l'inattention, amener les enfants à reprendre contact avec la « chair » des mots (par exemple, en les invitant à mimer silencieusement un poème ou en dialoguant librement à partir de quelques vers pour en savourer toutes les nuances, tous les échos possibles). La poésie est un tremplin vers les potentialités infinies du langage. C'est aussi un tremplin vers les potentialités illimitées de la vie. Toutes les pistes sont donc les bienvenues pour retrouver les joies de la vie en direct. Les enfants ont-ils vraiment rencontré cet arbre solitaire qui pousse au milieu de la cour de récréation ? Ont-ils touché son écorce, écouté ses feuilles trembler ? On peut partir aussi de simples souvenirs (les premières vacances à la neige, la première découverte de l'océan), mais en creusant au maximum ces souvenirs, en quittant les autoroutes balisées des clichés stéréotypés pour toucher au plus vrai de sa propre expérience. Un arbre pourra inspirer à certains le calme, la force, la paix, mais aussi à d'autres, tout le contraire (Vincent, vivant à Clamart) :


Sous le soleil
Sous la pluie
L'arbre est toujours en folie


Il ne faut pas hésiter non plus à revisiter ce qui choque, blesse, angoisse : le manque, la mort, l'absence… La poésie ne se cantonne pas à enjoliver le monde, elle nous permet de nous établir et nous déployer dans notre entièreté. Dès la maternelle, les enfants se posent de grandes questions existentielles. Que faisons-nous sur Terre ? Que se passe-t-il quand la vie est finie ? Toute beauté est forcément fugitive. Il s'agit d'un jaillissement imprévisible. On peut être là quand « ça » survient ou passer à côté sans rien voir — ce que suggère ici Olfa :


L'arc-en-ciel
Déteint sur mon visage
Mais toi tu ne sens rien


Comme l'arc-en-ciel, le bonheur est insaisissable et fragile, on ne peut l'enfermer dans un coffre-fort. Toute vie finit par s'évaporer. La poésie permet aux enfants d'explorer ce sentiment d'impermanence autrement que par l'angoisse. Ecoutons Florent :


Le chat meurt
Mais sa magie
Reste en lui


L'essentiel, en matière de poésie, est de sortir du rayon des mots « surgelés », se délester des mots « prêts à consommer » qui squattent notre tête. Le printemps n'est pas forcément joli et fleuri. L'hiver n'est pas obligatoirement glacial et gris. Tout peut réserver des surprises, y compris les choses les plus usuelles, usées par la répétition et l'habitude. Madame de Genlis (1746-1830) s'exclamait déjà : « On s'étonne trop de ce qu'on voit rarement et pas assez de ce qu'on voit tous les jours ! »
Oui, étonnons-nous de l'éternel renouveau du printemps, étonnons-nous aussi des tables de multiplication qui envahissent le tableau noir d'une classe, étonnons-nous de ce poème si étrange et si juste de Laurianne (une fillette d'une classe de CE1 à Courbevoie) :


Les multiplications
Sont difficiles
Mais les arbres s'éveillent

Venons en maintenant à tes relations avec ton principal éditeur, les éditions Motus, belle maison, avec vraiment des livres de qualité. Comment es-tu rentré en relation avec cet éditeur ? Est-ce que tu peux nous parler un peu de cet éditeur et de la relation que vous avez ensemble, sur le travail que vous faites ensemble pour que naissent d’aussi beau livre dans le fond et dans la forme ?


J'ai la chance d'avoir toujours eu de bonnes relations avec mes éditeurs et mes éditrices. Mais les éditions Motus, il est vrai, ont une place à part dans mon aventure personnelle. Tout a commencé par une lettre signée François David, le capitaine des éditions Motus, qui venait de découvrir avec plaisir quelques-uns de mes haïkus sur un site internet (Haïku sans frontières : http://pages.infinit.net/haiku). Recevoir dans sa boîte aux lettres un courrier de ce type est rarissime. Les responsables éditoriaux sont souvent des gens débordés, assaillis par des montagnes de manuscrits en attente, voire même, ce qui est bien pire, des professionnels blasés qui ne croient plus à la magie des mots. François David, à l'inverse, m'a tout de suite donné l'impression d'être un homme en quête, à l'affût de nouvelles voix, une « grande oreille » à l'écoute des autres créateurs de son temps… J'ai gardé sa lettre pendant presque un an dans un tiroir de mon bureau sans lui répondre. Un courrier de ce genre a toujours quelque chose d'intimidant. Peur de décevoir ? A force de vivre dans un monde artificiel et compliqué, on finit par penser que rien ne peut se faire dans la simplicité, qu'un livre ne peut pas voir le jour dans un mouvement fluide et naturel. Ce qui est faux, bien sûr. Un livre obéit aux mêmes lois que les êtres vivants. Il n'est pas une chose morte qu'il faut animer de force, de l'extérieur. Avant d'être éventuellement publié, un texte doit d'abord être habité par une vibration secrète, une présence intime, une petite musique intérieure — certains nomment ça le « style », mais je trouve ce mot trop réducteur —, et c'est cette vibration qui finira par transformer (ou pas) le texte en livre imprimé. Comme une graine transportée par le vent qui, si elle tombe sur une terre propice, se met aussitôt à germer…
Les jours passèrent, la lettre s'est endormie au fond de mon bureau. J'attendais que « quelque chose » se passe, que le vent se lève et me transporte. Je ne voulais pas envoyer à François David un manuscrit écrit pour lui plaire, une œuvre de commande. Il me fallait une vraie motivation, autre que celle d'être publié. Je suis d'accord avec le romancier et poète japonais Sôseki quand il écrit : « Quiconque a une vocation littéraire, s'il ne caresse pas un rêve plus beau encore, n'est pas digne de ce nom. » Le déclic vint alors que mon premier fils allait voir le jour. J'ai eu envie de lui offrir un « livre de naissance ». Il me semble important en effet, pour ceux et celles qui entrent dans le Grand Jeu de l'existence, de formuler des vœux de bienvenue, de leur offrir un bouquet de paroles frémissantes, de partager dès l'origine ce goût pour la joie simple des mots. Le petit cul tout blanc du lièvre est né de cet élan-là. On peut y lire 33 poèmes brefs, 33 portraits d'animaux qui sont aussi autant de voyages dans la grande palette des émotions humaines, autant de graines semées à l'orée d'une vie encore balbutiante…
Ce livre s'est fait assez rapidement, dans une totale évidence. Le travail avec François David est très pointu, très affûté, et en même temps passionnant. On peut discuter d'un mot ou de l'emplacement d'une virgule, mais toujours avec un grand respect, une grande écoute mutuelle. François David est lui-même auteur et poète. Il a publié plus d'une centaine de livres, la plupart pour la jeunesse, mais pas seulement. Pour n'en citer que deux : La petite sœur de Kafka (illustré par Anne Herbauts) et Le garçon au cœur plein d'amour (mis en images par le génial Stasys Eidrigevicius). Travailler avec un éditeur-auteur de cette étoffe fait plonger tout de suite dans l'essentiel : au cœur des mots, dans le vif de l'écriture. On n'a pas besoin de tout expliquer, on se comprend vite. Avec lui, les décisions artistiques ne se prennent jamais selon des impératifs économiques, des contraintes commerciales visant à adapter la création à un quelconque marché. Ce qui compte, c'est l'humble et exigeant artisanat du livre en train de se faire, le fait d'aller jusqu'au bout de la singularité de chaque projet. J'ai été heureux que François David choisisse Zaü (et son pinceau fulgurant, proche de la calligraphie) pour illustrer les poèmes du Petit cul tout blanc du lièvre. Heureux aussi des partis-pris de mise en page : illustrations monochromes (loin des couleurs accrocheuses, pour ne pas dire aguicheuses de beaucoup d'albums pour la jeunesse), format à l'italienne, respect du vide (chaque poème respire sur une double page)…
Après ce premier livre (qui a reçu un bel accueil et en est déjà à son deuxième tirage), sont nés deux nouveaux ouvrages dans la collection Mouchoir de Poche : L'enfant qui avait peur du silence (en 2005) et Mon ami Merlin (en 2006). Le concept et le défi de cette collection, c'est que l'auteur doit s'illustrer lui-même, trouver un écho plastique à ses propres mots. J'ai travaillé sur des dessins intégrant des mots pour le premier livre et sur des photographies en négatif pour le second. Dans les deux cas, François David, qui est aussi un bon connaisseur des logiciels de mise en page sur ordinateur, m'a aidé à concrétiser les idées que j'avais en tête. Que ce soit dans la chasse aux mots inutiles ou dans la quête de l'image qui fait sens, ces deux livres ont été aussi très agréables à faire — même si derrière, il y a, invisibles, beaucoup d'heures de travail…
Après quelques années de jachère durant lesquelles je me suis consacré à d'autres projets d'écriture (tout en aidant régulièrement les éditions Motus dans la relecture de maquettes et de manuscrits), un nouveau livre est paru en 2011 dans la collection « Pommes Pirates Papillons » (une collection consacrée aux voix poétiques contemporaines). Il s'intitule Un éléphant au paradis. Des poèmes en vers libres qui interrogent la figure de l'ange, questionnent les images stéréotypées que l'on a du paradis, un livre qui finalement parle surtout du merveilleux et difficile métier d'être humain… Cette fois encore, c'est François David qui a choisi la jeune illustratrice d'origine espagnole qui accompagne mes poèmes : Ana Yael. Il y a une vraie étrangeté dans ses dessins : quelque chose d'à la fois précis et poétiquement décalé. Le travail sur ce livre (qui a donné lieu à de nombreux échanges d'emails) a été fouillé et fertile. Un authentique travail de dentellières : du cousu main !
Outre l'existence de ces quatre livres, je dois remercier François David de m'avoir donné l'envie et l'opportunité d'écrire pour les enfants. Il n'est pas le seul ni le premier. Avant de connaître les éditions Motus, j'avais tissé une vraie complicité avec Jean-Claude Marol, un dessinateur et écrivain (disparu en 2001). Jean-Claude Marol a écrit de nombreux contes et dessiné de multiples albums pour les enfants. On lui doit aussi des pages merveilleuses sur l'enfance, l'esprit d'aventure qui habite l'humain à l'orée de son existence. Voici quelques lignes extraites d'un essai publié chez Le Fennec éditeur (un essai aujourd'hui malheureusement épuisé et qui mériterait d'être réédité : avis aux éditeurs !) :

« L'enfance, notre enfance, avant d'être happée et étourdie par l'austérité raidie de nos vies d'" adultes responsables" est sous le sceau du commencement. Ce "commencement" est le battement de la vie à sa source, un premier temps qui, si l'on veut bien s'en apercevoir un jour, jamais ne nous abandonne. Jeux, contes, mythes, rencontres amoureuses, rencontres en enfance, nous rappellent à ce temps premier où tout est à rejouer, sans "avant", sans "après"… »

 

 

 

Pour célébrer poétiquement le printemps…

Cartes-haïkus
de Thierry Cazals

cartes avec un haïku (bref poème) extrait de ses livres :
LE RIRE DES LUCIOLES,
LE PETIT CUL TOUT BLANC DU LIÈVRE
LA VOLIÈRE VIDE

chaque carte est un original calligraphié par l'auteur à l'encre de Chine
avec un motif à l'aquarelle sur beau papier 300 g

choisissez le ou les thème(s) des cartes que vous aimeriez recevoir :
le printemps (ou une autre saison), le feu, l'eau, le ciel, la terre, les arbres, les fleurs, les animaux, les oiseaux, les poissons, l'enfance, le lien parents / enfants, le voyage, la mer, la montagne, la neige, le thé, le silence, l'absence, la mort, le mystère de l'existence, le jardin, la lumière…

prix à l'unité : 2 €

port gratuit à partir de 5 cartes-haïkus commandées,
sinon joindre une enveloppe timbrée à votre adresse
et envoyer votre réglement par chèque à :
Thierry CAZALS - 12 Boulevard de Strasbourg - 75010 Paris - France

une fiche d'auteur sur terre à ciel

avril 2011

 
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