Comment est née votre maison d’édition ?
Les Éditions du Petit Pois sont nées à
l’automne 2009 du désir de mettre en forme une musique
et un livre intitulé Notes d’esprit. Nous étions
trois, Laurent Azelvandre, Jean-Pierre Numa et moi-même. Compagnons
de vingt ans. Il s’agissait avant tout d’une histoire entre
amis, sans préméditation aucune. L’idée simple
d’un partage, d’échange, d’un moment commun.
Puis, le temps passant, pour permettre à l’aventure de
se prolonger, il fallut quelques rencontres providentielles, notamment
celle d’un imprimeur, Christian Bureau. Hasard des lignes qui
se croisent pour mettre en œuvre une vision qui use des mêmes
désirs.
De fils en aiguilles, nous avons eu l’envie de mettre en livre
d’autres auteurs, d’autres textes que nous connaissions
puis certains que nous avons découverts lors de nos premières
sorties poétiques. Et peu à peu s’est installée
une définition de notre travail : faisant des livres, nous avons
compris de quelle manière ils nous définissaient.
Pouvez-vous nous expliquer son nom, le Petit
Pois ? Il m’intrigue…
Le Petit Pois est tout simplement notre garçon,
Simon, qui a maintenant quatre ans. Véronique et moi-même,
lors de sa grossesse, évoquant l’éventualité
de créer une maison. Elle avec une légère expérience
dans l’édition. Au sortir de l’échographie,
après avoir vu ce petit poids de vie, nous nous sommes dit qu’un
tel nom nous plairait. C’était alors un conditionnel.
Puis, très rapidement, le terme est devenu le sens d’une
pratique. Comme quoi, hasard ou jamais de hasard. Car petits, nous le
sommes dans l’édition, a fortiori en tant qu’éditeur
de poésie et nous ne souhaitons pas devenir grands. Et pois,
ou poids des uns, des autres. Un petit pois n’est jamais seul…
On a tous un petit pois dans la tête… Finalement, le nom
de notre maison interdit toute prétention et toute boursouflure.
Quelle poésie avez-vous envie de défendre
? Qu’est-ce qui vous décide à publier un livre de
poèmes ?
Nous n’avons pas de doctrine poétique ou
de mépris à défendre, mais l'envie de nous engager
simplement pour des textes que nous aimons. Si nous sommes prêts
à défendre un texte, si nous sentons que nous avons tous
les arguments en main pour le faire, alors nous y allons.
Vos livres sont soignés, de formats larges
et inhabituels, d’une moyenne de quatre-vingt pages. Ils sont
très attentifs au dialogue entre la poésie et la photographie.
C’est important pour vous le chemin éditorial à
parcourir avec un poète et un plasticien ?
En effet, nous aimons parler d’expérience
d’édition. Dans la mesure où il ne s’agit
pas pour nous de simplement publier un texte. C’est-à-dire,
après réception du manuscrit, réaliser le livre
sans son auteur et lui présenter quelques mois après l’ouvrage
sans qu’il y ait eu échange.
Nous avons dans l’idée qu'une publication est une expérience
humaine ouvrant sur l'avenir, et que chaque livre travaille pour le
suivant. Et nous avons dans l’envie de faire autre chose qu’imprimer.
Nouer une relation, sans hyperbole, mais réelle avec l’auteur
fait partie prenante de notre désir de créer un livre.
Nous aimons à ce qu’il nous accompagne. Nous aimons aussi
l’interroger. Tout cela dans une définition claire des
uns et des autres.
Ainsi nous travaillons chaque livre comme s’il était unique.
De là, formes et concepts toujours différents bien que
reliés évidemment par l’esprit d’une même
maison.
L’un de vos livres inclut un disque musical.
Qu’est-ce qui vous pousse à associer un poète et
un musicien ?
Le premier livre fut un projet entre amis. Eux musiciens
et moi agissant comme poète. L’idée de ce travail,
au-delà du plaisir d’être ensemble, était
d’essayer dans un premier temps de confronter deux modes artistiques
sachant que nos univers convergeaient. Puis dépassant ce point
de départ, nous avons véritablement réalisé
un disque, des musiques, des lectures, où chaque instrument laisse
à l’autre sa place et où le sens n’est présent
que parce que nous sommes ensemble. Les musiques ont ainsi été
remaniées pour laisser place aux mots et réciproquement.
En ce sens, cela est un peu plus qu’une lecture accompagnée.
Quels sont vos projets ?
Un livre en cours associant poésie et gravure
sur cuivre. Un texte dans une nouvelle collection que nous voulons plus
abordable. Deux autres également dans les tiroirs. Nous sommes
encore dans ce sens humain qui nous porte et nous anime. Le chemin se
construit donc patiemment mais là est notre plaisir. Et nous
espérons aussi celui du lecteur.
David Zorzi et Amandine Marembert
Fiche
des éditions du Petit Pois sur terre à ciel