TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

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Un entretien avec Wigwam par Cécile Guivarch


Wigwam, sa naissance… Est-ce un projet qui t’est venu sur un coup de tête ou quelque chose qui te tenait à cœur depuis longtemps ?
Comment est né Wigwam et son premier recueil ?

Avant Wigwam, il y a eu la revue Foldaan de 1980 à 1987. A un moment donné, j’ai éprouvé le besoin de souffler. Je voulais aussi consacrer un peu plus de temps à mes propres textes. Cela dit, l’envie de publier les autres était toujours très présente. Je voulais créer un lieu plus souple et plus simple que la revue. C’est ainsi qu’est né Wigwam à l’automne 1991.
Le premier titre publié a été « Le Soliflore désordonné » de Matthieu Messagier. C’est un poète que j’apprécie beaucoup et que je n’avais pas réussi à publier dans la revue. Je lui ai donc demandé un inédit et suis allé le voir chez lui, dans le Doubs. J’ai toujours essayé de concilier la publication d’un texte et la rencontre avec l’auteur.

Peux-tu nous en dire plus sur les critères de choix des auteurs. Sur la vision de la poésie que tu souhaites défendre ?

La plupart du temps, c’est moi qui suis demandeur. J’ai envie de publier tel ou tel poète, pour diverses raisons, parce qu’il me parle, ou m’interroge, ou m’étonne, ou vient de débouler avec force dans mes lectures, ou bien parce qu’il m’accompagne depuis longtemps… Me reste à échanger, à voir si, au-delà de la relation qui peut lier ponctuellement un auteur et un éditeur, une autre relation, plus longue, est possible. Si oui, je publie. Avec une volonté d’ouverture. Mes choix sont à l’image de mes lectures : éclectiques. Je trouve que la poésie aujourd’hui en France est riche et diverse. Il faut essayer, dans la limite du possible, de donner à lire quelques unes des séquences qui participent de ce grand foisonnement.


Wigwam publie des livres au format original, agréable. Peux-tu nous en dire plus sur le choix de ce format ?

Dès le début, j’ai essayé de créer une maquette sobre avec l’envie de la garder identique d’un bout à l’autre de l’aventure. Idem pour le format, le nombre de pages (qui varie peu), l’impression en typo, le choix du papier et des caractères.
J’aime bien que l’auteur ait tout cela en tête avant d’écrire. Et qu’il adapte son texte à ce format.

Que penses-tu des salons, marchés de la poésie ? Est-ce que cela est important pour un petit éditeur ?

Ce sont des lieux propices aux rencontres entre auteurs, éditeurs et lecteurs. J’y vais si ce n’est pas trop loin et si les frais d’inscription restent modestes. Sinon, je ne peux pas !

On entend souvent dire que le monde de la petite édition n’est pas facile. Qu’en penses-tu ?

Je ne vais surtout pas me plaindre ! Personne ne m’a obligé à me lancer dans l’édition. Je l’ai fait parce que j’aime donner à lire ce qui me paraît pouvoir être partagé par d’autres lecteurs. Après, il y a des choses à mettre en place pour que ce pari devienne possible : diffuser, trouver des abonnés, contacter les bibliothèques, certains libraires, faire connaître les textes et leurs auteurs. Un travail de tous les jours. Et au long cours. Etre un peu passionné aussi, évidemment !

Quels ont été les meilleurs moments et les pires moments de cette aventure ?

Dans l’ensemble, tout se passe bien. La seule petite déception intervient, mais c’est extrêmement rare, quand l’auteur lâche son texte juste après publication.

Que penses-tu des auteurs qui envoient à l’aveuglette sans connaître ton projet éditorial ?

C’est un manque de curiosité, doublé d’un désir assez frénétique d’être publié. Je n’y prête pas grande attention. En tout cas pas au point d’y répondre. Je feuillette bien sûr mais jusqu’à présent la bonne surprise n’a jamais été au rendez-vous avec ces envois-là.

Quand on te demande de conseiller quelques bons titres, lesquels proposes-tu spontanément ?

Ça dépend souvent de celle ou celui qui me le demande. J’essaie de savoir ses lectures. Ces derniers temps, je propose assez souvent « Si ma tante » de Jacques Demarcq. D’abord parce que je suis très heureux d’avoir publié cet ensemble et ensuite parce qu’il me semble pouvoir parler à pas mal de curieux.

Quels sont tes projets pour Wigwam et les prochaines publications prévues ?

Les choix vont jusqu’en juin 2010. Il y a cinq titres à venir. Des recueils de Pascal Boulanger, Chann Lagatu, Jacques Brémond, Mathieu Brosseau et Henri Droguet. Qui signera le 81ième et dernier titre de la collection.

"Henri Droguet signera le 81ème titre et dernier titre de la collection"... ai-je bien lu? Est-ce à dire que Wigwam s'arrête en 2010?

C'est bien ça. Wigwam va s'arrêter à l'été 2010. Mais les titres publiés vont bien sûr continuer à être diffusés. Fin de l'aventure.

Et si c'est pas indiscret, pourquoi l'aventure se termine ? d'autres projets derrière ?

En fait, la décision s'est faite petit à petit. L'imprimeur arrête, le photograveur aussi (tous deux partent en retraite) et comme je commençais à être un peu émoussé, je me suis dit que c'était le bon moment pour arrêter moi aussi ! Cela dit, je continue l'édition en dirigeant la collection (récits, romans) "piqué d'étoiles" chez Apogée
(8 titres par an). Et puis, outre l'écriture, il y a la maison de la poésie de Rennes où je m'active aussi : donc, pas mal de choses en cours !

Est-ce que tu conseilles volontiers d’autres petits éditeurs à connaître ?

Bien sûr. En particulier Alidades, édition animée par Emmanuel Malherbet à Annecy et Le Pré Carré d’Hervé Bougel à Grenoble.

Le site des éditions Wigwam

Cecile Guivarch et Jacques Josse (éditions Wigwam)

 
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