TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Les bonnes feuilles de Terre à Ciel -
L'appel muet ~ Roselyne Sibille ~ éditions La porte

 

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Avec L’appel muet, paru aux éditions La Porte, c’est un peu des promenades de Roselyne Sibille qui sont venues habiter mon appartement. Sensualité du vent, de la lumière, du chant des oiseaux, du vert des feuillages, du mouvement de la rivière, du bleu du ciel.

Entre la montagne / et les brumes / les corbeaux leur vol leurs cris / l’odeur de la terre et son silence / les racines font signe // Entre

Le «je » qui arpente ces paysages est regard, mais aussi élan, et se fait voix dans le poème. Les vers portent en eux l’écho palpitant du monde.

(…) Je me glisse tronc entre les arbres // A l’appel muet de l’infime / quand l’envol battant a jailli / un vaste souffle d’ailes / soulève soudain le ciel / pulse et valse dans l’invisible

Il y a quelque chose d’initiatique dans cette rencontre avec les éléments. La conscience, au milieu du cosmos, s’abandonne en toute confiance, accueille ce qui advient, se questionne. Le moindre frémissement du vivant semble aider à avancer.

Quand s’enchevêtrent les mystères / que je ne sais plus rien / je vais chercher / les senteurs d’herbe dans le vent (…)

Ce ne sont pas tant des réponses que le monde apporte qu’un jaillissement d’énergie. Force de vie offerte, que les poèmes de Roselyne célèbrent.

Entre l’aube et l’aurore / les trois souffles et les reflets de la rivière / j’établis ma demeure // A l’estompe des brumes / pendant que se définit le monde / dans la poudre de soleil j’établis ma demeure // Avec le premier chant d’oiseau / et le silence bleu / j’établis ma demeure

Un ailleurs possible dans un espace sans limites et dans un présent sereinement vécu. Le vide devient plein.

Je voudrais me poser sur la vague / comme les oiseaux de mer / où je pourrais dormir // m’enrouler dans le parfum des algues / pour trouver d’autres racines // attendre rien / au milieu de l’infini

(…) Le désordre s’évapore vers la transparence du jour // Pour aller plus loin / j’ai suivi le sentier du Rien

L’urgence est de vivre, laisser le monde s’écrire en soi, le poème viendra après.

(…) Je souffle sur les voyelles dans le chant des oiseaux / Aux bourgeons j’accroche les mots / Je lisse les lettres aux puissances du printemps // Je n’écris pas / J’enlace tous les verts dans les pas de la pluie

Un livret délicieusement vivant que l’on a envie d’offrir autour de soi, comme l’on proposerait à quelqu’un d’aller marcher ensemble.

 

L’appel muet de Roselyne Sibille, aux éditions La Porte, à commander (3,75 euros ) auprès d’Yves Perrine , 215, rue Moïse Bodhuin, 02000. Laon


Cécile Glasman, août 2012



 
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