Retour aux bonnes feuilles
|
un jour tu es / et tu
me dis que c’est ton nom / alors que j’ouvre toutes les fenêtres
à l’air nouveau / et au bel air / je touche tes yeux qui
ne s’émiettent et je te donne, Else, ma vie.
Else est à la fois le double de l’auteur et l’esprit
qui voyage, parcourt les contrées, vit le présent et le
passé, alter ego dans lequel se mire Lou Raoul.
je te regarde maintenant en face / pas un fantôme tu n’es,
Else / je n’ai pas peur de nous, du tout / te regardant maintenant
en face.
Else est l’âme qui se trouve dans les steppes de Mongolie,
dans un petit campement où les nomades élèvent des
rennes. Elle est aussi celle qui vit dans un village où le progrès
fait se déplacer les habitants dans des maisons modernes, le progrès
le dispute à la tradition, qui perdure encore avec les champs,
la culture des betteraves, les troupeaux de moutons. Plusieurs histoires
s’entrecroisent, celle de l’homme qui chaque jour sort du
bois pour se rendre au cimetière et se recueillir sur une tombe,
tandis que s’agitent les ils, ceux qui vivent sans se poser de questions,
pris dans leur train-train quotidien. Un jour les flics disent à
l’homme du bois de ne plus venir au cimetière car il leur
fait peur, à tous. Else est le témoin, l’âme
qui veille, celle qui parle avec Kyys en terre gelée Sibérie,
celle qui connaît Ma’aï et Anta, celle qui côtoie
les vivants et les morts. La mémoire et le présent s’imbriquent,
Else parle avec la femme morte, qui retrouve les gestes du quotidien.
Avec Else, Lou Raoul a trouvé une voix, écrit des histoires
qui nous touchent. Il est aussi question d’identité :
Elle se demande comment elle s’appelle si c’est pas Else mais
aussi bien c’est bien Else.
Valérie Canat de Chizy
|