TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Les bonnes feuilles de Terre à Ciel

 

Retour aux bonnes feuilles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 


Lectures entrecroisées d'Yves Ughes, Liette Schweisguth, Teri Alves, Gertrude Millaire et Hélène Soris sur Francopolis

Terre à ciels, par Hervé Martin

 

Si c’est bien un fleuve qui baigne les pages de Terre à ciels, cet ensemble d’une vingtaine de poèmes fait aussi référence aux éléments de la nature comme les feuilles, les arbres, l’herbe ou le vent. Entre le ciel, ses couleurs qui ouvrent des horizons d’écritures au poète, et la terre – celle qui borde le fleuve – demeurent les hommes. Ils ne sont pour Cécile Guivarch qu’un grain de sable parmi tous les éléments immémoriaux que la nature recèle.
Pour ce premier livret que nous donne l’auteur nous découvrons une écriture de l’ellipse et de l’effacement. Une écriture sensible où le poète observe et interroge les paysages du fleuve en tentant d’y déceler des lieux possibles à sa propre présence. Mais dans ces paysages, ces tableaux, ces instantanés saisis, le poète marque parfois, par certains vers, comme une impossibilité à s’y inscrire : - j’y renonce presque - ; toi / tu cherche l’ombre ; - tu vis à distance - ; le ciel étouffe / tout s’efface ; tu existe au bord / sur le côté / en deçà / jamais parmi.
Trop près du désir parfois, la voix renonce. Mais ce n’est que pour mieux revenir à cette couleur du fleuve, à son tumulte interminable, à cette union des matières, l’air du ciel, la terre et l’eau qui fondent toutes vies.

Terre à ciels, par Yves Ughes

Les textes de Cécile Guivarch sont dictés par l’humilité, ils placent avec précaution les mots dans la vie du monde, s’immiscent dans son ordre instable avec la retenue d’un passant.


l’arbre et le ciel
sont énigmes dans l’air bleu

tu te penches sur le bord
ils circulent à l’intérieur

Que dire de plus.

Ces textes n’occupent d’ailleurs qu’une partie de la page, laissant les marges blanches accueillir ce que les vers suscitent, dessinant des espaces de liberté pour que l’action du lecteur opère. Dans la confiance.
Les mots sont si humbles et sereins qu’ils semblent avoir pour simple mission d’enregistrer le cours du monde, mais leur paix n’est pas sans désordre.


A la surface
le courant se déplace dans le sens du courant
ou en sens inverse
l’eau ondoie sur le dessus de la profondeur
ou bien en cercle.


Dans le pli des textes se dénoue l’implicite des bouleversements, la part invisible des mouvements. En fait, l’étonnement et l’émerveillement d’être dans l’imprévisible du monde.


Car, de glissement en glissement, les mots deviennent poreux et acceptent ce qui échappe à la logique prétentieuse et dominatrice : la fusion des éléments ne va pas sans la concentration des sens, et la terre devient ainsi terre à ciels, s’inscrivant dans un cercle de fécondité plurielle.


On le sait, la communion n’est jamais affaire de repos, elle est liée ici à la lumière, mais la clarté ne saurait gommer toute zone ombrageuse. Il est des lieux sourds où des tourments se froissent.


Ici ou ailleurs
le soir retient le jour
ciel sans limites
      en suspens
-tu vis à distance-


De la musique avant toute chose, la langue est un salut quand elle se fait rythme, et Cécile Guivarch possède cette scansion intérieure qui travaille la voix comme un instrument subtil ; par le rythme l’ensemble du recueil se déroule comme un chant, parfois syncopé il n’y a plus rien/le ciel s’est vidé, mais conduisant à cette clé de voûte par qui s’établit l’équilibre.
Ainsi pris dans un jeu de forces contraires, en suspens, on en vient à se surprendre en flagrant délit d’existence


c’est pourtant calme dans le ciel
même si on continue de trembler


Ainsi vont les mots, quand ils sont bien menés, malmenés par la création poétique.

Yves Ughes, pour Cécile Guivarch, Grasse, le 6 août 06


Terre à ciels, par Marielle (alias Sahkti)

Cécile GUIVARCH, Terre à ciels
Editions Les Carnets du Dessert de Lune, ISBN 2930235683
Poésie

"Terre à ciels" est un titre superbe. Et que dire lorsque l'éditeur se nomme "Les Carnets du Dessert de Lune". Tout cela sonne beau et gourmand, avec un côté tendre et naïf que j'ai retrouvé à plusieurs reprises dans les textes courts et chantants de Cécile Guivarch. Des textes qui frappent par leur simplicité et leur bon sens. Et qui vont bien au-delà.

Quand je lis:

"le ciel
fait exprès
d'être au-dessus"

je suis admirative devant la force des ces mots, du bon sens à l'état pur et en même temps bien plus que cela, tant cette phrase en apparence anodine recèle de symbolisme et de richesse.
La poésie de Cécile Guivarch est à cette image, pleine d'évidence à la première lecture et réservoir de trésors dès que les mots commencent à s'attaquer à l'esprit.
C'est une poésie que j'aime, elle me parle, me touche directement.

Comme ceci:


"A gauche
on regarde la mer
dedans
on suit le mouvement
ça va, ça vient"

Chaque humeur de la nature décrite par l'auteur pourrait correspondre à un de ces états d'esprit qui se succèdent chaque jour dans nos tête, il y a là une proximité assez frappante. C'est une poésie de chaque instant, des petits rien qui composent l'existence, de ces ruisseaux qui font les rivières, puis les fleuves et enfin la mer. A perte de vue.
Bravo et merci à Cécile pour ces mots si touchants!

http://terreaciel.free.fr
Le site de Cécile Guivarch

http://www.dessertdelune.be
Le site de l'éditeur

note de lecture parue sur le site zazieweb

 
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