TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Les bonnes feuilles de Terre à Ciel -
La poésie de A à Z selon Jacmo de Jacques Morin
(éditions Rhubarbe 2010, Illustrations de Denis Pellegrini)

 

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Ou Jacmo de A à Z. Anthologie toute subjective, l'ouvrage invite à regarder dans le rétroviseur d'un revuiste inventif, militant, passionné. Un véritable passeur de poésie. Jacques Morin, c'est « le » Jacmo de Décharge, critique, chroniqueur, mais aussi le poète d'une vingtaine d'ouvrages.
Composé en deux parties, le livre propose un abécédaire comme l'alphabet du poète et de l'homme Jacques Morin/Jacmo et une anthologie de 33 poètes contemporains qui ont compté dans son parcours, en plus de poésies, d'extraits de livres ou de revues.
Cet alphabet fait l'inventaire de ce qui anime ou énerve l'auteur, mais c'est surtout l'occasion de revenir sur un parcours militant, engagé en poésie, depuis quarante ans.
A propos des revues : « Ca m'avait pris très tôt, à vingt-deux ans... », « J'étais certainement fait pour ça ». De fait, il y eut Le Désespoir précisément, le Crayon Noir, puis Décharge (on remarquera la joie des titres...). L'évolution de la fabrication d'une revue : car un revuiste c'est aussi celui qui fabrique, bricole avant l'arrivée de l'informatique, d'Internet. « La revue a tout d'un être vivant ».
Jacmo semble n'avoir jamais compté son temps, son énergie, notamment dans sa lutte contre l'édition à compte d'auteur.
« S'occuper de poésie, c'est surtout un luxe invraisemblable (...). Et le fait que ça ne rapporte rien, ni gloire, ni argent me donne davantage de prix à la chose ».
Et puis il y a F comme Fraternité : Kewes, Dubost, Belleveaux, Artufel, Vercey, Paul Quéré, Philippe Marechal, dont certains ont leurs entrées dans cet abécédaire. On se croise, on travaille ensemble : Gros Textes (puis la collection Polder avec Décharge), le Dé Bleu puis l'Idée Bleue qui fera de Décharge la revue de la maison de Louis Dubost. Hommage appuyé d'ailleurs à l'éditeur : « Il aura incarné tout un pan de la poésie française (..). Une chaise vide dans l'édition de poésie française ».
Jacmo évoque aussi son travail de critique, modestement. Et n'hésite pas à envoyer quelques petits coups de griffes réjouissants sur cette drôle d'espèce que sont les poètes :
« Je hais les poètes. Ceux qui se prennent pour des « poètes ». Qui se sont mis une bonne fois pour toutes dans la peau d'un « poète ». Je hais les poètes qui se prennent au sérieux ».
A H comme Hargne (mon préféré), Jacmo solde un compte :
« Il faudrait une bonne fois pour toutes cesser de croire que la poésie rime (..). La poésie n'est pas de l'arithmétique ». A asséner à tous les professeurs des écoles et autres professeurs!
A P, Jacmo dresse le portrait de la poésie selon Jacmo :
« Chacun (peut) dans l'absolu inventer son propre rythme, la prosodie correspondant à son souffle intime, sa musicalité personnelle (..). C'est en cela que la poésie est fondamentale : on est dans la plus totale liberté».
Enfin, on a plaisir à lire les poètes du panthéon personnel de Jacques Morin dans la seconde partie de l'ouvrage : Pierre Autin-Grenier, Michel Baglin, Michel Bourçon, Georges Cathalo, Christian Degoutte, Antoine Emaz, Jean-Pierre Georges, Alain Guillard, Jean-Paul Klée, Jean-Louis Massot, Valérie Rouzeau, Michel Valprémy etc.. etc.. Des auteurs que sa revue Décharge a su, aussi, nous faire partager.


Sophie G. Lucas (décembre 2011)

 
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