on meurt presque de soleil
d'entre tous les arbres je vois
la mer et souvent je dois me taire
pour mieux voir
il va pleuvoir
asseyons nous sur l'herbe
tant qu'elle est encore sèche
nul oiseau n'est las de ce que donnent les
arbres
les arbres mesurent le temps pour nous
en montant chaque année un peu plus haut
dans le ciel
l'odeur des fougères mortes en dit
plus que le mot automne
assis je regarde passer les nuages
debout je marche avec eux
la nuit les étoiles semblent changer
de place dans le ciel
c'est le temps qui passe
les branches bougent encore après le passage de l'oiseau
il n'y a pas de pain sans miettes
et pas de miettes sans oiseaux
ils le savent bien
vivre lentement le présent
comme le lézard rapide au soleil
comme la pluie tombe sur le sol
nous ne sommes pas plus qu'un oiseau
qu'un ver de terre ou qu'un brin d'herbe
pas plus, mais nous l'ignorons
la neige c'est de l'eau qui fleurit en hiver
l'hiver
dans le foin donné aux chèvres
il y a toutes les fleurs de l'été
à force de regarder dans la lumière
on n'y voit plus dans l'ombre
les libellules se posent sur nous
et nous gardons ainsi les pieds sur terre
dire le mot éclair
prend plus de temps que l'éclair
extraits de Journal du réel
gravé sur un baton
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