Les
éditions Contre-allées ont lancé en mai dernier
une nouvelle collection au nom doux et évocateur de Lampe de
poche.
Quatre plaquettes colorées et élégantes avec des
couvertures très inventives de Loïc Gaume, qui a eu la belle
idée d’illustrer les titres eux-mêmes. Mots qui s’animent,
se rejoignent, parcourent l’espace page, lettres en mouvement,
qui disent bien cette force de vie qu’est la poésie.
Dans Nord intérieur, Jasmine Viguier évoque
les moments de cœur sombre et froid, sensation de vide (qu’on
est au fond oui c’est ça à moitié mort),
rêves brisés et immense tristesse (tous ces
rêves qu’on a enfant / et après rien juste on va
de dépressions en dépressions).
Une femme-morceaux (qui peut être chacun de nous dans
nos espérances déçues, les poèmes alternant
entre un je et un on) en équilibre sur le fil des jours, prête
à basculer à chaque instant, tant le désespoir
est lourd à porter d’une attente qui tait son nom d’un
avenir qui ne vient pas.
Pour se protéger on reste en lisière du monde, on se replie
à l’intérieur (il fait soleil dehors
/ mais on est dedans), on tente de se guérir à
travers de petites choses : le bruit de la pluie, le vent dans les arbres,
une lumière d’orage.
L’écriture minimaliste de Jasmine Viguier dit avec une
grande justesse le poids que fait la tristesse en nous. Ouvre aussi,
à la fin du recueil, sur un renouveau possible : on pourrait
dire : écouter le vent dans la nuit est un beau (re)commencement.
Cécile Glasman ~ juillet
2011