Retour aux bonnes feuilles
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J’étais
si bien dans les Maisons poèmes de Valérie Linder
que j’ai failli manquer ma station de métro. Cet album, qui
vient de paraître aux éditions Grandir, suspend le temps.
A travers des femmes ( en robes colorées, pieds nus ou portant
des ballerines rouges ) mais aussi un homme et un enfant , qui évoluent
au fil des pages dans des demeures de papier, Valérie Linder explore
notre rapport à la lecture.
Chez elle, les livres ne restent pas sagement rangés dans une bibliothèque,
ils s’ouvrent, s’agrandissent d’un auvent, d’une
porte, d’une fenêtre ou d’un escalier. Les mots et les
êtres vont et viennent entre les pages, se rencontrent, se reposent,
s’interrogent.
Les livres font partie du monde, ils prennent corps dans le dehors, comme
le rappellent l’herbe ( qui s’improvise tantôt seuil,
tantôt lit, tantôt oreiller ) ou la marge d’une feuille
lignée qui s’épanouit en fleur ou bien encore l’oiseau
qui invite à s’évader et le chat qui veille.
Les fonds bleu outremer ainsi que les lettres du mot « poème
», que l’on retrouve à chaque illustration, constituent
un fil rouge dans l’album. En face de chaque dessin, une phrase,
parfois seulement un mot, et du silence autour, respectueux de l’imaginaire
du lecteur.
La lecture comme une manière de vivre autrement, dans un monde
où tout reste possible, où lenteur et rêverie sont
les bienvenues. Un ailleurs de joie légère aussi, comme
semble le dire la femme de la couverture, qui court, sourire aux lèvres,
sur des montagnes de papier.
http://www.editionsgrandir.fr/
http://valerielinder.canalblog.com/
Cécile Glasman
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