TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Les bonnes feuilles de Terre à Ciel -
Avec le temps ~ Roland Tixier ~ Les carnets du dessert de lune, 2008

 

Retour aux bonnes feuilles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


C’est le mot « mouvement » qui m’est venu en refermant le recueil de haïkus de Roland Tixier, Avec le temps, paru en 2008 aux éditions du Carnet du dessert de Lune.

Le poète se promène dans des paysages urbains : j’arpente ma banlieue annonce-t-il. Le verbe marcher scande le recueil et le métro, les parkings, le bus, les chantiers, les rues, les commerces, la zone industrielle constituent le décor.

Le regard du poète nous restitue la ville dans son mouvement et dans sa diversité :

paroles entendues

première chaleur d’été
c’est le début dit la voisine
on ne va pas se plaindre

scènes observées

deux vieillards deux verres
au fond du café
où l’après-midi n’a pas de prise

photographies

poupée de porcelaine
dans le bus du matin
drap noir yeux de jais

sensations

ah ! l’odeur des mandarines
de l’épicerie orientale
à l’approche de Noël

Un regard attentif, empathique et fraternel. Le poète traverse la ville mais se laisse aussi traverser par elle :

certains jours le chant des oiseaux
est grande merveille
d’autres jours il me transperce


La promenade fait surgir des souvenirs

mon père lui aussi
entendait sonner l’heure
au clocher de l’église

et la géographie devient intime

rares les endroits
de la ville de toujours
où je n’ai pas pleuré

Les haïkus deviennent alors reflet des émotions du poète, entre journal intime et confidence aux lecteurs

ciels noirs de tous les étés
certains jours sont de trop
j’ai mal à vivre vous savez

Une certaine mélancolie baigne le recueil car le mouvement est aussi celui, inéluctable, du temps.
Les saisons, les jours sont là pour témoigner de sa fuite. :

je prépare le thé
je brûle de l’encens
le temps nous est compté
.

Enfin, le mouvement est celui de soi vers soi : à travers les autres, à travers le monde, c’est aussi lui-même que le poète rencontre : je marche vers moi . Avec, vers la fin du recueil, de petits rappels à soi-même, qui sont également pour nous lecteurs des invitations à ne pas oublier l’essentiel :

tu vois aujourd’hui encore
tu as failli oublier
de regarder le ciel.




Cécile Thibesard (février 2009)

 
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