Créée en 1985 par Claude Esteban, la collection « Poésie/Flammarion » est animée depuis 1994 par Yves di Manno, qui y a accueilli plus de 120 titres à ce jour, d’une cinquantaine de poètes contemporains.
L’idée était dès l’origine d’en faire un lieu ouvert, sans a priori ni exclusive, susceptible d’accueillir des œuvres très différentes – voire esthétiquement opposées – mais participant toutes au profond renouveau de l’écriture poétique en France ces dernières décennies. Loin d’illustrer une ligne – et moins encore de répondre aux mots d’ordre d’un cénacle – il s’agissait de montrer la richesse et la diversité de ces recherches, en mettant notamment l’accent sur un certain nombre de voix isolées, de parcours atypiques, d’univers parallèles… Quelques constantes se dégagent néanmoins, sans que cela ait obéi à une volonté délibérée : l’importance de la narration dans le travail poétique actuel, la matérialité de ses formes, la présence importante des femmes… suite sur le site de Flammarion poésie

je tiens à la branche tendue
des fleurs
qui ne se voient pas

mais se murmurent

le lac se referme
le silence
est maintenant au-dessus

sur une ligne de soie
toute beauté
arrêtée

soleil du plein été
et sa présence un peu en arrière
silencieuse

puis extérieur
ou envers silencieux
une énorme humidité tombe parfois sur la ville,
y perdre
sans voir
               un silence de plomb

Lèvres à jamais
aux confins
de ce que firent les hommes
              ceux ployés
              ceux qui dressent
              ceux qui comptent
              les sexes coupés.

J’allais au devant de vos lèpres
              fleurs
J’habitais votre eau mentale
              feu
Nous baignant 5 fois
en élément.

Lobes et soleils parallèles
terres mentales
en alternance
s’enfoncent dans l’ouvert
et je m’appuie.

[bien après]

ta naissance le lieu même
s’il en est

le passage existe et
tu me regardes

me tend de l’eau
pour cette nuit

dans un prologue inverse j’ai enlevé les mauvaises herbes
sur la tombe devant laquelle tu te tenais droit
fixé sur un bâtiment

la douceur du lien devant la terre
et le crissement des graviers
comme seul carillon tu

m’avais tendu du pain face au tennis
vide sur .la place du village
ceci reste un instant

Dans l'eau il y a un épi de blé
dur : c'est un épi de blé dur.
Revêche mèche.

Dans la nuit un étoilement des étoiles.
Dans le ciel un envol du ciel.

Une paille est un os dans l'or.

    
 Je vis d'un monde vide, couleur de sable, on m'y attend, on m'y contente. J'y suis la proie et la traverse, la beauté rouge le mécompte , votre perte l'a fait, a fait de moi cette passante au soir couchée dans l'encre mauve, dans la fraîcheur dans les jardins le froid, dans la buée la lune, derrière l'église.
     Au bord de mon voyage des silhouettes brunes ont l'immobilité de ces statues de terre qu'interdisent les lois.
Ce sont des hommes morts qui ne le savent pas.

     Je suis l'arbre parfait mais je n'ai plus de chant.

     Plaignez-moi car je vous prie.

dans l'herbe (des marécages) fleur de neige dans le jur
les mots qui sont la joie
ne nous laissent rien apparaître

ce sont
de telles étoiles elles eurent leur temps (nous-mêmes
chacun de nous monté à l'arbre) et désormais
qui pourrait croire
la mort n'est pas si vraie

Le ciel repose sur
un rocher :
lumineux.

Le paysage n'est pas
plus minéral
à la disparition de Dieu.

Si j'écris le mot
Nature
est-ce que je n'écris pas aussi
le mot
Enfant.

Ce qui lui résiste s'achève loin du tumulte

des noms d'oiseaux énoncés près des chambres
l'éducation physique dans l'eau du bain
(jetée avec)

elle(1) dégrade les structures métalliques
utilisées en prévision de futures attractions(2)
pour que la beauté demeure à l'intérieur du cadre(3)

(1) ossature fine, dentition émaillée d'actes symboliques
(2) sauvetage des voix extérieures, en version originelle
(3) strangulée dans un effet de serre, mise à nu en débris lymphatiques