TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Bonnes maisons - Editions du frau

 

Editions du frau
Présentation
Entretien avec Odile Fix
Extraits

Les bonnes maisons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Présentation par Odile Fix, animatrice des éditions


Le mot « frau » signifie en auvergnat « terre inculte », « lande », « mauvaise pâture ».
Les « fraux » sont souvent des lieux communaux ou sectionnaux et, selon un dictionnaire de l’Auvergnat, souvent « d’accès difficile », « élevés ». On indique généralement le nom avec le nom du hameau ou du village qui en est « propriétaire » : par exemple le « frau de la Combe » ( cf photo ) est celui, au-dessus de la maison où je vis, du nom du hameau voisin de Bélinay.
Sur ces terres, restées libres comme par une discrétion innée, s’appuie la petite édition « Le frau », pareillement modeste et libre de vouloir faire avec si peu.

Elle est issue du désir de rapprochement du travail d’un auteur ( textes poétiques brefs ) et de celui d’un plasticien ( dessins, peintures, gravures, collages, photographies ). Les uns ou les autres, indifféremment, peuvent être premiers. Il s’agit, avant tout, de trouver un écho.

Les livrets sont de petit format ( 10,5/14,8 cm ), les textes dactylographiés. La reproduction, en photocopie noir et blanc, se fait à 100 exemplaires. Les couvertures sont typographiées, les livrets cousus à la main.

Les auteurs, écrivains et artistes, sont sollicités avec cette demande implicite de ne pas craindre une si modeste apparition.


Entretien avec Odile Fix (par Cécile Thibesard)


Comment est née votre maison d’édition ?

Les mots « maison d’édition » me semblent disproportionnés face à cette minuscule entreprise ( c’est tout juste si j’ose les mots « édition » et « parution » depuis peu de temps ! ), mais peu importe. Il s’agit d’une très petite édition, ne comportant actuellement que 7 titres, le nombre d’exemplaires étant de 100, seulement ( mais pour Fente de l’amour une 2ème édition de 100 exemplaires est en cours de fabrication ).
Elle est née d’un désir, en moi, de permettre la rencontre d’un écrivain et d’un plasticien et que les livrets en soient l’empreinte.
L’écriture peut être première et proposée à un plasticien ( Trolle, Un monde plus loin, Rencontres en chemin, Fente de l’amour ) ou bien, une petite suite plastique peut être première et proposée à un auteur ( Jour cinq, les noix, Où vas-tu dans la forêt ? ).
Amas ouverts était un livret d’ « essai » pour lequel Stéphanie Ferrat avait bien voulu « essuyer les plâtres » et avait écrit, en lien avec son propre travail plastique.
Le frau est né d’un désir, toujours, de faire des livres … ( la fabrication personnelle de livres a accompagné, de tout temps, mon travail de plasticienne ).
D’un désir ( d’un besoin ? ), là, tout à fait intime, de redonner un tout petit peu, quelque chose à la société, en « échange » de la très grande solitude dans laquelle j’ai choisi de vivre…
Matériellement, cette « maison d’édition » est née de 50,00 euros que j’ai donnés et de la participation, donnée sans hésitation, de Stéphanie Ferrat.
Elle est vivante de par le désir très grand que j’ai, de faire avec si peu ( c’est sans doute, en chaque chose de ma vie, mon mode de « résistance » ).
Mes gestes, pour la fabrication, ne coûtent rien, « mon » temps non plus, car il est large. Le risque matériel et financier est si petit qu’aucune circonstance ne peut le rendre un mur insurmontable.
Le plaisir est là, de sentir que cette édition peut continuer longtemps ( tout le temps ! ) à se faufiler à travers les fonctionnements de la société qui peuvent être aléatoires et difficiles, cette édition lui demandant si peu ( rien ?). C’est-à-dire, en tout cela, un indispensable désir / besoin de liberté : ne pas se
confronter à des besoins ( ni matériels, ni de « reconnaissance »…) mais les rendre inexistants ou… si petits. Se sauver par en dessous, toujours, dans l’ombre et le silence !

Quelle poésie avez-vous envie de défendre ?

S’il s’agit de « défendre » une poésie, ce sera plutôt une poésie faite de textes brefs, concentrés, avec une écriture ressentie et donnée à lire comme une matière… presqu’une argile, modelée.
Mais, le réel est là et j’aime recueillir, et des rencontres particulières avec des auteurs et des artistes se font, dessinant peu à peu le cheminement de ces livrets.


J’aime la beauté et la simplicité de vos livrets, fabriqués avec patience : tapés à la machine à écrire, cousus à la main. C’est important pour vous ce côté artisanal du livre ?

Les livrets sont fabriqués de manière artisanale… je ne saurais, d’aucune manière, faire différemment…pour moi, il n’existe pas d’autres modes de fabrication.
Je ne peux ( et souhaite ) faire les choses qu’avec ce que j’ai sous la main, selon mon mode de vivre…vivant assez loin, dans la montagne ( moyenne montagne ) sur le versant sud-est du Massif du Cantal, dans le Massif Central, je ne peux envisager d’avoir, par exemple, à utiliser souvent la voiture….
Le passage par la photocopie est mon avancée la plus lointaine dans la modernité ! ( mes propres livres sont typographiés à un très petit nombre d’exemplaires ou en exemplaire unique). L’informatique n’est pas venue jusqu’à moi par manque d’un réel besoin, même si son développement, par un simple phénomène physique, a rendu mon isolement plus grand sans que j’aie voulu, moi-même, le renforcer.
Mais la fabrication d’une maquette dactylographiée est soumise à ma capacité à trouver
( jusqu’à quand ? ) des rouleaux encreurs pour la machine à écrire que j’utilise.
Ma conscience est là qu’une inflexion du chemin sera à trouver, à plus ou moins longue échéance, quand il ne me sera plus possible, donc, d’utiliser une machine à écrire. Je peux supposer, soit une inflexion vers « l’a
rrière » en typographiant les textes ( mais je possède un matériel assez réduit en typographie ), soit une inflexion vers « l’avant » en utilisant un ordinateur ( donc, pour moi, acquisition, apprentissage…)
Les maquettes sont réalisées par des découpages et des collages qui n’ont rien de virtuel…
Les livrets sont cousus à la main… comment pourraient-ils être reliés autrement ? Je n’utilise qu’une couture la plus simple, comme pour un cahier. La couture est préférable, visuellement et au toucher, à des agrafes métalliques, et, 3 petits trous c’est plutôt rapidement cousu.
Les couvertures sont typographiées, car une bande de papier de 42 cm de long, ça ne tient pas dans la machine à écrire. Mais cet inconvénient est plutôt bienvenu, apportant un peu de qualité à l’ensemble.
Ce mode de fonctionnement avec si peu et la reproduction en photocopie qui en découle ont un défaut, important : c’est la perte de qualité pour les oeuvres plastiques reproduites.
Il faut donc que les plasticiens en soient conscients et acceptent cela et même, si possible, qu’ils conçoivent leur travail en fonction de cette composante. Ils doivent également travailler en format réel pour que je n’aie pas à photocopier une œuvre déjà photocopiée ( pour la réduction ). Et c’est réellement un petit format, difficile à travailler, que quelques-uns ne peuvent pas envisager.


J’ai eu, un jour, une demande particulière pour la fabrication d’un livret, celle d’une prof de français pour un travail d’écriture réalisé par ses élèves. Comme je voulais bien la contenter, mais que cela n’entrait pas dans ma recherche pour la collection « ordinaire », j’ai crée une collection mitoyenne et lui ai donné le nom de « Les intempéries du frau ». Cette collection regroupera, en marge, mais dans les mêmes formats, des livrets issus de rencontres particulières, de hasards. Il y a 3 titres actuellement.

Extrait d’Amas ouverts de Stéphanie Ferrat, texte et peinture


à la surface d’une nuit

noyaux

l’un vers l’autre

Extrait de Trolle de Caroline Sagot Duvauroux, encres de Jean-Paul Héraud

 

quand

            sueur d’eau douce l’aube à pré

va la route bécasse ! bec au vent d’avant
plonger
vers l’irrattrapable sans cesse

 

Extrait d’Un monde plus loin, de Ludovic Degroote, peintures d’Odile Fix


je regarde le ciel à travers le chant étroit des
briques je découvre des terres oubliées

c’est ainsi que je vis

collé à ce qui disparaît

 


Extrait de Jour cinq, les noix de Louise Warren, dessins de Sylvie Lebon


jour cinq, les noix

le geste attentif et lent

soulève une douce chaleur

Extrait d’Où vas-tu dans la forêt ? de James Sacré, photographies de Magali Ballet

 

Le froid dans les doigts, le travail
longtemps

A chaque fois comme si la forêt défaite
La peur apaisée dans la lumière, pourtant
Rien de si tranquille
On a tout compris malgré que causer
fort
Nous affirme en gestes sûrs.




Extrait de Rencontres en chemin de Thilda Lehacque, encres de Pierre Passani

Hampes violines

les ancolies dodelinent

dans le vent de mai

 

Extrait de Fente de l’amour de Christiane Veschambre, dessins de Madlen Herrström


les lumières
dans la nuit de l’après-midi
ville
la nuit comme une neige

épaisseur chaude
savoureuse
ton épaule
me consiste

Titres déjà parus

Amas ouverts de Stéphanie Ferrat ( texte et peinture ), épuisé
Trolle de Caroline Sagot-Duvauroux et Jean-Paul Héraud ( encres )
Un monde plus loin de Ludovic Degroote et Odile Fix ( peintures ), épuisé
Jour cinq, les noix de Louise Warren et Sylvie Lebon ( dessins )
Où vas-tu dans la forêt ? de James Sacré et Magali Ballet ( photographies )
Rencontres en chemin de Thilda Lehacque et Pierre Passani ( encres )
Fente de l’amour de Christiane Veschambre et Madlen Herrström ( dessins )

Pour les commander : écrire à Odile Fix, Bélinay, 15430. Paulhac
1 livret : 4 euros
Abonnement pour 5 livrets : 16 euros

A paraître : Route de Mary-Laure Zoss, avec des peintures de Philippe Guitton.

Collection « Les intempéries du frau « ( hors abonnement )

Sur les chemins de l’eau, collectif ( élèves du collège de Sisteron ) et Brigitte Lambert
( calligraphies )
Mensonge hivernal d’Annie Bernigot ( collages )
Rêves d’eau de Roselyne Dupéchaud et Jean-Louis Vieilly

1 livret: 4 euros

 

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