Gérard Titus-Carmel ~ Le reste du vent
~ Editions La porte ~ 2011 |
à l’article du pré
monte comme une vapeur
l’image d’une mort claire presque dansante
on croit y voir encore le signe d’une main
une ombre vive tournant à l’angle de la rue
et puis tout s’efface sous la pluie
là où le langage renonce comme il a renoncé
sur le mur cramoisi
toujours vibrant nerfs & peau sous les yeux
dans la lourdeur du temps les bras gourds
et le lointain qui fume
tandis qu’inexorablement
le jardin se fêle à cet endroit
où le sol penche sous les mots
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Michel Lamart ~ D’évidence ~ Editions La porte
~ 2011 |
Imagine une affiche
Un dessin d’enfant
Une poule (sur ce mur)
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Armand Dupuy ~ La tête pas vite ~ Editions Potentille
~ 2011 |
Ciel ras les cendres
lichen et pétales
s’étalent, gris basculé vite
sur les mains, la table - restent les gants
sans toi ni travail / la pluie, le toit.
On se plante, un pied devant l’autre. C’est la seule
façon,
rien ne presse.
On cherche des gamelles dans le paysage,
Un radiateur, un mur ou quelque chose de sale
à vider.
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Claude Favre et Eric Pessan ~ Interdiction absolue de toucher
les filles même tombées à terre ~ éditions
Cousu main ~ 2011 |
Les filles c’est comme ça, comme ça
qu’elles à caresses, trop.
Les filles ça tombe, plutôt au mauvais moment.
Tombent, un peu qu’elles tombent,
beaucoup, avec des idées, quelques
unes, derrière la tête, sans grâce.
*
Ma langue.
C’est ma langue.
Je n’ai plus de langue (geste vague).
Parfois.
Je crois que ça se passe comme ça (geste arrêté).
Depuis que je suis tombée, je n’ai plus de langue.
Ici, j’évite de regarder, c’est trop difficile.
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Lou Raoul ~ Sven ~ Editions Gros Textes ~ 2011 |
aussi bien ton père ne fait pas
aussi bient ton père, Else, ne fait pas face
aussi bien ton père ne laisse pas de traces ou alors tant
de copeaux, de ferraille, de peupliers, de parpaings aussi bien
à d'autres qu'à toi destinés et dans l'eau
limpide du lavoir du bourg lave des cottes de coton noir une femme
que tu croises, Else, et plus loin la prairie du cresson des dimanches
matins le printemps les meilleurs des pains frais des croissants
pleins et pour midi des radis humides dans les mains grandes, ouvertes,
de ton père ses offrandes entre les murs de plâtre
peints en vert
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Romain Fustier ~ Des fois des regrets comme ~ éditions
des états civils ~ 2011 |
& vous penserez à traiter
les rosiers trouverez la notice
du four dans le tiroir
de silence un peu trop
la maison grande l'étage
vis seule depuis la mort
de mon mari qui avait
vous serez bien le jardin
au centre-ville à pied
la vue qui porte loin
des personnes âgées à côté
sur les collines cinq ans
bientôt que ns habitons ici
& ces mots encore qui |
Katherine l. Battaiellie ~ rage (s) ~ Editions pré#carré
~ 2011 |
le gros chien mange
le fils du voisin
il commence par la tête
la bouche plus précisément
laisse le reste
pour plus tard
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Sylvie Fabre g. ~ l’inflexion du vivant ~ Editions
pré#carré ~ 2011 |
C’est le vivant qui parle là où
j’écris
jardin-poème, même sol
d’odeurs et de visions
ta voix bourdonne dans la bouche
de l’eau et du ciel, ouvre ma voix
à ton silence
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Louis Dubost ~ Diogène au potager ~ Editions les
Carnets du dessert de lune ~ 2011 |
Le pourpier,
cette engeance prend ses aises après la
mi-juin, occupe planches et allée. Difficile de
s'en débarasser, un peu comme les rimailleurs
de la Place Saint-Sulpice. Certains le mangent en
salade, il aurait un goût de noisettes. Quand à
moi, il me les casse. |
Yannis Ritsos ~ Journal de déportation ~ Editions
ypfilon ~ 2009 |
21 novembre
Je commence à ne plus comprendre un tas de choses.
Et cela me gêne autant qu’un trou à la chaussette
montrant le pied jaune et chétif d’un intellectuel.
Ceux qui portent des lunettes ne me plaisent pas.
Peut-être que la lune comprend-elle les maisons
peut-être les maisons comprennent-elles leurs fenêtres
pourtant, moi, je ne comprends pas pourquoi une lampe porte tel
nom
quand un bateau siffle dans la nuit
et quand s’entassent pêle-mêle au sol
lampes, bateaux, semaines et corbeilles de pain
et moi, à jeun, ouvrant la bouche pour qu’ils me nourrissent
d’une bouchée du pain que je leur donne
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Ariane Dreyfus ~ La terre voudrait recommencer ~ Editions
Flammarion ~ 2010 |
Les bras
Je soulève ma main et tu me vois
Mon bras est vraiment plus fin
Plus pâle près du tien dont on a ouvert la manche
Tu le poses, pleinement adouci de poils,
En travers de ma figue
Un vers est une ligne incassable
Qui jamais ne fait mal
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Isabelle Garron ~ Corps fut ~ Editions Flammarion ~ 2011
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[bien après]
ta naissance le lieu même
s’il en est
le passage existe et
tu me regardes
me tend de l’eau
pour cette nuit
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