TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Bonnes maisons - La petite librairie des champs

 

Les bonnes maisons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Je n’aurais jamais imaginé aller un jour quelque part, près de Tarascon, dans une maison au milieu des champs y feuilleter des livres et encore moins y lire mes textes au coin du feu devant un public. Pourtant c’est ce qui est arrivé en acceptant la proposition de Sylvie Durbec de venir à la Petite Librairie des Champs à Boulbon à la suite d’un atelier de reliure. Je m’attendais bien à une petite librairie quelque part entourée de prairies mais par contre, la surprise a été d’arriver dans la maison conviviale et chaleureuse de Sylvie Durbec et de son mari François. Petite librairie associative avec lectures de poètes, divers ateliers plastiques, rencontres d’éditeurs.

Parole à Sylvie Durbec, comment est venue l’idée d’un tel lieu ?

J'ai eu un accident en octobre 2007 et je suis restée immobilisée dans un corset pendant trois mois...J'ai eu du temps pour gamberger.
Penser. Me demander où j'étais. Où était la poésie dans la maison.
Cette rupture (fracture d'une vertèbre dorsale) n'a pas été que momentanée et factuelle.
J'ai quitté ma vie professionnelle et j'ai décidé de vivre autrement.
La maison que nous avions, grande et ouverte, d'abord à nos fils
(quatre) et à nos amis, pourquoi ne pas l'ouvrir encore davantage ?
La poésie / la littérature / les arts étaient nos passions communes.
Pourquoi ne pas imiter le cher Stéphane Landois en sa librairie du Vercors, l' Atelier du Hanneton, lieu à la fois de création et de vie ?
Il ne s'agissait pas d'ouvrir un commerce.
Mais d'ouvrir la maison comme un livre.
Voilà comment ça a commencé.
C'est devenu une association, non subventionnée à cause de la liberté.
Refus aussi de se plier, en ces temps, de se conformer. Envie simplement que le bonheur d'une maison se poursuive au delà de ceux qui l'habitent.
Que cette maison voyage et nous avec elles. Que les poètes et leurs lecteurs entrent et repartent, que les artistes tracent des signes.
Que cette petite librairie des champs essaime, voilà notre voeu le plus cher !
Stéphane Landois; qu'il en soit remercié, m'en a donné le désir, il faut que ce soit comme un début, comme une réponse à tous ceux qui baissent les bras.
Mais c'est une autre histoire et je crois qu'heureusement nous sommes nombreux à croire que tout est encore possible...

Je trouve cela vraiment très chouette d'avoir ouvert votre maison comme ça ! Je vais me renseigner sur la librairie de Stéphane Landois. Tu m'as donné envie d'en savoir plus.
Quelle a été la première manifestation à y avoir lieu ?

Nous avions invité quelques éditeurs: Jacques Brémond (présent), Jean- louis Massot (absent mais présent avec ses livres), Stéphane Landois (Atelier du Hanneton) présent, Anik Vinay (les Grames), Caroline Gérard (Cousumain) présente.
C'était en septembre 2008, ce fut une belle fête sur deux jours: on a lu, bu et vendu des livres !
La comédienne et metteur en scène Viviane Théophilidès a lu Le Fou d'Elsa d'Aragon et Hélène Sanguinetti a lu une sélection de ses poèmes.

James Sacré, Jean-Gabriel Cosculluela, Joel-Claude Meffre, Marielle Anselmo, Claude-Louis Combet, Anne-Marie Jeanjean, Nathalie Riera, Paul de Brancion, Jacques Estager, Angele Paoli, Julien Blaine, Michaël Glück, Pierre Soletti...la poète mexicaine Karla Olvera, Muriel Vertischel,Pierre Autin-Grenier, JL Massot, Daniel Biga, j'en oublie, sont venus au cours de ces quatre années.

Oh ! cela devait être une belle fête cette grande première !
C'est chouette tous ces éditeurs, ces poètes à se réunir, à lire dans ce chez vous. Je les imagine bien tous au coin du feu en train de lire et boire un verre à la santé de la poésie !
Mais tu m'as montré aussi cette belle pièce pleine de soleil, avec chutes de papiers et outils d'artistes bricoleurs, qu'est-ce qu'on bricole là dedans ? C'est souvent qu'il y a des ateliers ?

Le dernier atelier a eu lieu juste avant ton passage: atelier de reliure avec Claude-Adélaide Brémond.
Mais il y a eu des ateliers d'arts plastiques pour les enfants, de modelage, d'origami... etc...

Et quel est le fonctionnement de l'association ? et comment peut-on la soutenir ?

Association loi 1901, ne vit que grâce aux cotisations des membres et aussi grâce à quelques mécènes !
Il faut savoir que c'est assez facile et en même une grande responsabilité envers les auteurs, le fait que ce soit chez nous simplifie les choses et en même temps en fait un peu (trop ?) notre affaire.
L'enthousiasme des débuts est toujours là mais pour certains, ce n'était plus possible à cause de contraintes professionnelles ou d'un manque d'engagement pour x raisons.
C'est tout le problème des associations.

Quel est le programme à venir ?

1er avril les éditions Lanskine avec Brigitte Gyr, Paul de Brancion et
Jacques Estager et peut-être un invité surprise...16 juin Bloomsday
avec une funambule et Joyce en différentes langues.
23 juin, atelier du Hanneton, livres bilingues et deux amis italiens poètes, Marco Ercolani et Lucetta Frisa.

Quel bilan tu retires de cette aventure ? Est-ce qu'ouvrir tes portes t'a permis également plus de créativité pour ton travail personnel ?

Bilan évidemment largement positif: la poésie intéresse les gens, je
me souviens de l'étonnement de certains devant Pierre Soletti ou Claude Favr e!
Il y a de mon ancien engagement de professeur la volonté de transmission et de partage. La poésie est vivante si elle est partagée, si elle est donnée et emportée par d’autres qui, à leur tout, la feront vivre.
Pour mon travail personnel? Il est toujours stimulant de faire des rencontres, de lire d'autres poètes et surtout de les écouter... Ceci posé, il me faut aussi m'éloigner pour écrire d'où mon désir de résidence loin de la maison.

Entretien avec Sylvie Durbec par Cécile Guivarch
Photo du haut : lecture de Nathalie Riera
Photo du milieu : foule
Photo du bas : Susanna Lehtinen

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