TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Paysages ~ Livres d'artistes
Marina Puissant

 

Retour aux paysages

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MINI ENTRETIEN avec Roselyne SIBILLE

D'où vient l'écriture pour toi ?

Traces, mots, silence de l'enfance. Les mots sont matière. Comme ce que je touche, comme ce que je vois. Parfois légers mais souvent épais, durs, lourds. Avec les mots, j'affronte ce qui m'entoure, mon histoire et le monde autour. Je pars d'abord de mon corps, des sensations entre le dedans et le dehors, de mon environnement proche pour aller ensuite vers l'ailleurs, l'autre. Puis, en aller-retour. Je descends dans les profondeurs et je pars à l'attaque. Je troue, je mords, je brise, je renverse. C'est ma façon de dire ma révolte, ma rage.... Mais, au fond de moi, je ne sais pas vraiment d'où ça me vient. Je vais au bord du puits.
« Nous sommes troués de l'intérieur » dit Novarina.
« J'écris pour me parcourir » répond Michaux.
Une porte s'ouvre et ça se dépose... C'est toujours un peu à côté, je n'écris pas ce que je vois mais ce que je crois avoir vu. Les mots sont des lieux d'appel, de présence ou d'absence. « Les mots […] savent de nous ce que nous ignorons d'eux » (R. Char), ils ont leur mot à dire...

Comment travailles-tu tes écrits ?

J'ai toujours des carnets. Juste là pour prendre des notes, à tout moment. Ils s'accumulent dans des boîtes. Je ne m'en sers pas souvent. Mais ils sont essentiels.
Le premier jet d'un texte vient souvent d'un seul trait. Un état étrange où je ne me censure pas.
Et après viennent les allers-retours, les ajouts et les enlèvements, une marée. C'est un travail par couches, par arrachage et recollage, comme la peinture. C'est à ce moment que je passe sur l'ordinateur. Je travaille par fragments, je récupère ce que j'avais jeté. Je me relis souvent à voix haute pour retrouver du rythme, un souffle dans ce grand chantier.

Que t'apporte l'écriture ?

Une place dans ma vie. Elle me construit.
De nos premiers gribouillis sont nés nos premiers signes, nos premières lettres. Mais avant d'être posée sur le papier, l'écriture est en nous, rides, marques et cicatrices sur notre corps.
L'écriture, ce n'est pas facile parce qu'elle engage, comme la peinture, tout mon être. Je continue à chercher chaque jour le chemin. Au commencement étaient les mots, les mots précèdent les choses, comment les accueillir ?

Quel lien fais-tu entre poésie et écriture ?

La poésie, ces sont des rythmes, des sons, une matière en incandescence. Comme la peinture. Je ferais plutôt de ce lien-là une évidence puisque je peins et j'écris. Les deux sont mêlés, je passe sans cesse du pinceau à la plume. J'aime la littérature Jeunesse, je l'ai longtemps partagée avec les enfants. Il y a des merveilles dans les albums, dans ce mélange entre les mots et les images.
Dans la poésie, il y a aussi, comme dans la peinture, la récupération de textes, de mots, de signes, de tout ce qui garde trace d'un usage, d'une histoire passée.
Mon intervention, c'est ce jeu, cette recherche d'un cadre, d'une direction, d'un champ pour ce qui surgit....

Quelle serait ta bibliothèque idéale ?

Je lis très lentement et je n'ai donc pas beaucoup lu mais quelques livres, quelques auteurs m'ont marquée, dans ce rapport à l'écriture et à la vie comme H. Bauchau, H.Michaux, V. Novarina, ou le livre de l'intranquillité de Pessoa.
Il y aussi A. Appelfeld et Primo Levi, Semprun.
Puis les poètes comme A. Césaire, A. Emaz, K. White.
L'un ou l'autre livre de C. Juliet ou d'A. Ernaux.
Quelques auteurs belges aussi comme Eugène Savitskaya, Adamek, Michel de Ghelderode...
Et une dernière découverte A. Mouawad : "Anima".


Marina Puissant est née à Bruxelles où elle a longtemps vécu. Elle a aussi travaillé au Canada et au Costa Rica. Aujourd'hui elle réside dans le sud de la France.
Après avoir été historienne de l'art, elle s'est orientée vers l'accompagnement de projets d'écriture et d'arts plastiques. Elle a accompagné ce changement par des formations pédagogiques et artistiques et par un engagement auprès d'un mouvement socio-pédagogique qui avait pour objet de contribuer à l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de la formation dans une perspective d’égalité et de démocratie.
L'écriture a toujours accompagné son parcours professionnel et personnel.
Pendant une dizaine d'années, elle a participé, à Bruxelles, à un atelier-laboratoire de productions artistiques regroupant des publics de tous âges. Depuis, elle écrit, elle expose et elle peint.
Elle a participé à différentes expos collectives : Parcours d'artistes à Saint Gilles/Bruxelles - 1998 à 2008, Galerie Agora, Eyguières (Bouches du Rhône) - 2011
Elle a aussi écrit, illustré et édité différents textes :
"Lissia, ventre de louve" (ill. par Catherine Wilkin) - Miaw Éditions (Goegnies) - 2012
"Arrache" - Editions Vignes Vieilles - 2012
"Le jour qui s'épelle oiseau" - Editions Vignes Vieilles - 2011
"Le vent souffle" - Editions Vignes Vieilles - 2010
"Tempêtes croisées" - Editions Vignes Vieilles - 2009
"Peur du Feu" - Editions Ateliers Lire et Ecrire, Bruxelles (Collection Entre Mots) - 2003

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