On ne reste jamais longtemps
devant soi, pour autant qu'on y parvienne
Antoine Emaz - Lichen, lichen
Présentation
Emmanuel Flory est né en 1977 à Aurillac. En 1998,
il participe à la création de la revue Contre-allées.
En 2002, il publie un premier recueil de poèmes : Intermittence
des voix. Professeur de français en Haute-Loire, il
achève actuellement une thèse de doctorat consacrée
à l’imaginaire de la ville dans la poésie moderne.
Un second livre, Sur le ton exact du désir, vient
de paraître, aux éditions Rougerie, en novembre 2008.
Emmanuel Flory
- extrait de Bribes
« 2 meeting street
de l’autre côté de la rue »
-N’habite
plus l’adresse indiquée
«
A l’aube
au crépuscule »
-A
cessé d’apprivoiser les jours
« Dans les rues de Bombay
dans le souvenir de Pearl Harbor »
-
Ne laisse que traces de pas
Regards
transparents d’oubli
« Chaque jour
à sa fenêtre »
-Se
donne à voir sans être là
Emmanuel Flory
- extrait de On dit(s)
Ce n’est rien
d’autre qu’un peu
de sable mouvant
échappé
De quelques pages de Venise
Comme on répète en silence
les mots inventés
d’un véritable amour
Emmanuel Flory-
extrait d'Intermittence des voix
Chaque soir
dans la serre chaude
de ses bras
il arrose son corps
-à
elle-
de l’écume de ses songes
incrédules
et ce
dans l’espoir de se réveiller à l’ombre
d’une jeune femme en fleur
Emmanuel
Flory - extrait de Post-it
Ne pas couper les tiges
Laisser les branches
s’agripper
au dos
du carnet des
fauteuils
Ouvrir grand les fenêtres
aux orages à
toi
Laisser bruire
longtemps
le feuillage
à l’intérieur
Emmanuel
Flory - extrait de couper/recoudre
est-ce que quand tes mains voyagent le long de mon dos mes jambes
dans le reflux
de la peau l’horizon des épaules
tu devines les jours blêmes les matins au soleil les soupirs
les cris et si
si tu t’arrêtes pour un temps un moment à la hauteur
du cœur sauras-tu ce
que disent les cicatrices les sutures
Emmanuel
Flory - extrait de Sur le ton exact du désir
Perdue
à t’être quotidienne
dissoute dans l’eau de vaisselle
les questions sans écho
ai tiré les rideaux
fermé les volets pour rendre à
la maison
aux palabres des oiseaux
Ne prendrai corps
qu’à l’appel de mon nom
prononcé sur le ton exact du désir