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On ne reste jamais longtemps
devant soi, pour autant qu'on y parvienne
Antoine Emaz - Lichen, lichen |
Présentation |
Née en 1983, Aurélia Lassaque est poète de
langues française et occitane. Sensible à la relation
entre la poésie et d’autres formes d’expression
artistique, elle prend régulièrement part à
des spectacles alliant poésie et musique. Elle a collaboré
avec des peintres et plasticiens (expositions en France, Amérique
et Italie). Ses poèmes sont traduits en revues et anthologies
en anglais, hollandais, portugais, catalan, asturien, finnois, basque,
roumain et italien. Elle fut responsable en 2011 de l’exposition
« Dialogue entre cultures et langues » au Conseil
de l’Europe. Depuis 2012 elle est conseillère littéraire
du festival « Paroles Indigo » à Arles
aux côtés de Boubacar Boris Diop, sous le marrainage
d’Aminata Traoré. Aurélia Lassaque est également
chroniqueuse littéraire à la télévision
(FR3 sud) et s’est consacrée en doctorat à la
dramaturgie occitane baroque.
Poète cosmopolite, elle intervient régulièrement
à l’occasion de rencontres littéraires et festivals
en France et à l’étranger (rencontres et lectures
en Angleterre et Turquie ; festivals « Veus paralleles
» en Catalogne, « Festival delle letterature minoritarie
d’Europa e del Mediterraneao » en Italie, «
Festival internacional de poesia do Recife » au Brésil,
« Maastricht International Poetry Nights »
en Hollande. Prochaines rencontres en 2013 : « Poetry
on the Road » à Bremen en Allemagne ; Oslo International
Poetry Festival en Norvège ; Kritya International Poetry
Festival en Inde). |
Aurélia
Lassaque - extrait de Ombras de Luna – Ombres
de Lune |
La negressa somiava
d’iranges roges e redondes,
miralh vegetal
de sas popas regolejantas de lach nòu .
Li nasquèt un dròlle
del pel rosset e dels uèlhs verds
que servava en secret
dins una banasta de fruchas falsas.
La négresse rêvait
D’oranges rouges et rondes,
Miroir végétal
De sa poitrine ruisselante de lait nouveau.
Il lui naquit un enfant
A la chevelure rousse et aux yeux verts
Qu’elle gardait en secret
Dans une corbeille de faux fruits.
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Aurelia Lassaque
- extrait de Lo sòmi d’Orfèu
- Le rêve d’Orphée |
Lo sòmi d’Orfèu
Dins los infèrns que los òmes
Son pas mai que d’ombras,
Me farai ombra al dedins de ton còs.
Bastirai de ciutats de sabla
Qu’agotaràn lo flum que degun
ne tòrna.
Dansarem sus de torres que nòstres uèlhs
veiràn pas.
Serai ta lenga trencada que sap pas mentir.
E maudirem l’amor que nos a perduts.
Le rêve d’Orphée
Dans les enfers où les hommes
Ne sont plus que des ombres,
Je me ferai ombre au-dedans de ton corps.
Je construirai des cités de sable
Pour tarir le fleuve dont on ne revient pas.
Nous danserons sur des tours invisibles à
nos yeux.
Je serai ta langue tranchée qui ne sait pas
mentir.
Et nous maudirons l’amour qui nous a perdus.
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Aurelia Lassaque
- extraits de Pour que chantent les salamandres |
Un ostal de pèira…
Un ostal de pèira e de cortinas de lin coloradas
per la lutz e la posca mescladas.
La mar granda, fins a l’asuèlh, agacha per la fenèstra.
Dins l’ostal, una femna encara verge ; sos pelses de cendre
qu’atissa lo vent de la nauta mar balan amb lo ser.
Sus la taula, son vièlh trocèl ben plegat atrai son
agach quand los aucèls de nuèch se meton a cantar.
Une maison de pierre…
Une maison de pierre et des rideaux de lin colorés
par la lumière et la poussière mêlées.
L’océan, jusqu’à l’horizon, regarde
par la fenêtre.
Dans la maison, une femme encore vierge ; ses cheveux de cendre
que taquine le vent de la haute mer dansent avec le soir.
Sur la table, son vieux trousseau bien plié attire son regard
quand les oiseaux de nuit se mettent à chanter.
Comme un jardin à l’abandon
Ta peau
Comme un jardin à l’abandon
Avec beaucoup de fleurs dedans.
Tu dis ? J’aime tes longs cheveux ?
Dans le creux de ta main
La clé d’une maison inconnue ;
Celle de tes ancêtres.
Tu dis que les volets ont perdu leur couleur,
Comme les vieilles tortues qui encombrent la mer.
Tu as dénudé tes yeux
Sur mon épaule.
A l’heure de la prière,
Nous avons dessiné des oiseaux
Avec l’ombre de nos mains.
Tu me parlais d’arbres
Qui ouvrent leurs feuilles
Au clair de lune.
Et je ne t’écoutais pas.
Je ne voyais déjà plus tes mains
Qui ouvriraient
Bientôt loin de moi
Les volets ternes d’une maison
Au bord d’une rivière
Dont tu ne m’as jamais donné le nom.
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Aurelia Lassaque
sur internet |
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Bibliographie
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Recueils et livres d’artistes
:
Cinquena Sason (Letras d’oc, 2006)
Ombras de Luna - Ombres de Lune (Éd. de la Margeride, 2009,
rééd. 2010, 2011)
E t’entornes pas - Et ne te retourne pas (Éd. de la Margeride,
2010)
Lo sòmi d’Euridícia – Le rêve d’Eurydice
(Éd. les Aresquiers, 2011)
Lo sòmi d’Orfèu –Le rêve d’Orphée
(Éd. les Aresquiers, 2011)
La ronda del fènix – La ballade du phénix (Paris,
Éditions de la Lune bleue, 2012)
Pour que chantent les salamandres (Paris, éd. Bruno Doucey,
2013).
A l’étranger : Solstice and other poems
(London, Francis Boutle Publishers, 2012) |
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