TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Terre à ciel des poètes - Henri Meschonnic (fiche de Philippe Païni)

 

Sur Henri Meschonnic
Présentation
Extrait de Dédicaces, proverbes
Extrait de Légendaire chaque jour
Extrait de Voyageurs de la voix
Extrait de Nous le passage
Extrait de Tout entier visage
Extrait de Parole rencontre
Extrait de De monde en monde
Sur internet
Bibliographie

Les fiches des poètes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On ne reste jamais longtemps devant soi, pour autant qu'on y parvienne

Antoine Emaz - Lichen, lichen

Présentation

Né à Paris en 1932, Henri Meschonnic décèdé en 2009. est un théoricien du langage, essayiste, traducteur et poète français.


J’écris des poèmes,
et cela me fait réfléchir sur le langage.
En poète, pas en linguiste.
Ce que je sais et ce que je cherche se mêlent.
Et je traduis, surtout des textes bibliques.
Où il n’y a ni vers ni prose,
mais un primat généralisé du rythme, à mon écoute.

Henri Meschonnic

Henri Meschonnic- extrait de Dédicaces, proverbes


Tu me demandes ce que je ferai quand nous serons ensemble
puisque je n’aurai plus à t’écrire
ensemble ne m’emplira plus des paroles des autres
mes yeux ne serreront plus des ressemblances
de faux fragments de toi
où je tiens à peine à flot
que ferai-je quand tout cela sera ensemble
j’y serai une eau mêlée à l’eau
je me reconnaîtrai
ne sachant plus la différence
moi qui ai déjà tant d’illuminations de toi
un album d’immobiles et je veux une continuité
je n’écrirai plus à toi c’est toi que j’écrirai
je te disséminerai dans les mots où je me rassemble
mes regards pour se vêtir remonteront de leur exil vers toi.


Henri Meschonnic - extrait de Légendaire chaque jour


ce qu’on entend à peine est ce qui sourd
lettre
après lettre je
n’ai de sens qu’après ma phrase je n’ai un
sol sous les pieds qu’après le pas je n’ai
d’aujourd’hui que demain je ne suis moi
que toi je ne
prends ma place que si je l’oublie
parler
me défais si je ne le défais pas


Henri Meschonnic - extrait de Voyageurs de la voix


je ne tiens pas mes nouvelles de la
première main il y a eu tellement
de mains mais il n’y a lettre morte
que quand on n’y répond plus et moi
j’ai vu l’homme qui à vu
l’hirondelle
qui a fait le printemps
nous avons été ensemble
dans tout un soleil de pluie
depuis c’est mon anniversaire je le dispose
autour de toi comme des idéogrammes
de nos années où ce qui n’est pas écrit
déchiffre ce qui est écrit nous
sommes ignorants mais
nous écoutons nous répétons
même si nous venons après les mots comme le
sens



Henri Meschonnic - extrait de Nous le passage


je marche une ville dans la ville
comme l’absence
avec
les yeux qu’elle a pour la vie
pas de hâte pas de lenteur
je longe des maisons vides
elles donnent sur des rêves de rues
on y serre des mains de pierre
les visages portent des ruines
fuir
avant les murs

peut-être on commence à dire
ce qui passe de corps en corps
quand on arrive à entendre
les voix qui parlent seulement
dans les silences de notre voix


Henri Meschonnic - extrait de Tout entier visage

quoi
de moi
dis
quoi de toi
le temps nous roule
dans son eau
nous sommes
deux galets
qui s’aiment

oui une marche
une parole un
pas

mais qui devant qui derrière
ni les pieds
ni les mots ne
connaissent le chemin qui sort
de nous comme un fil qui se
tisse avec nos yeux nos mains
un fil de toi un fil de moi
une voix faite de deux voix
c’est par elle que je vois
jour ou nuit j’offre un rêve je
veille à deux dans un sommeil

Henri Meschonnic - extrait de Parole rencontre

je marche mon exode
il n’y a plus de chants
je ne demande plus rien
je suis la plaie où les mensonges brûlent
c’est sous ma peau que remue le monde
la peur tremble embourbée
on avance

je marche derrière ma vie
comme un esclave
je ne supporte pas
le spectacle de mon visage

je vis pour démentir les oracles
on sait de quoi on parle
quand on peut se taire ensemble


Henri Meschonnic - extrait de De monde en monde

je ne cours pas après la vie c’est elle
qui me croise et me recroise
à chaque regard chaque rencontre
j’en ai dans toutes mes mains
je la crie de tous mes yeux

et elle s’endort dans mes bras
j’en perds le compte du monde
je ne fais plus de différence
entre la mémoire et
l’oubli

Henri Meschonnic sur internet
Bibliographie
voir le blog de Serge Ritman

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