On ne reste jamais longtemps
devant soi, pour autant qu'on y parvienne
Antoine Emaz - Lichen, lichen
Présentation
né le 3 décembre 1946, en terres catalanes.
Vit à Nice. Aime à musarder entre philosophie et poésie.
Président de l'Association des Amis de l'Amourier,
il est directeur de publication de la gazette Basilic diffusée
à plus de 2000 exemplaires, 3 fois par an.
Vice-président, il anime aux côtés d’Yves
Ughes, son président, l’association Podio,
pour la défense et l’illustration de la poésie,
qui organise des lectures/rencontres autour de la question «
Pourquoi des poètes… ? »
Membre du comité de la revue Friches.
Vice-président du Centre Joë Bousquet et son temps,
Maison des mémoires, Carcassonne.
Chronique la poésie au journal L’Humanité
et dans l’hebdomadaire Le Patriote Côte d’Azur
(PCA) ainsi que dans diverses revues de poésie (Friches,
Europe, Nu(e), Place de la Sorbonne, RBL…)
Alain Freixe -
extrait de Aux yeux de qui nous aime
écrire
comme on se confie
au vent dehors
pour personne
sanglots corrigés par le froid
qui rentre par les yeux
et finit flaque de clarté
au fond
flaque
que la marche relève
et plaque verticale
en porte sur le ciel
porte
qui reste là
à trembler
de tout le duvet de son bois
avec dedans
dans le mur
ses gonds rouillés
qui tachent rouge
pousser repousser
de l’épaule des mots ce battant
sur l’envers la doublure
à tous vents déchirée
et parler
comme on s’élargit
dans les lueurs frangées de neige
aux yeux de qui nous aime
Alain Freixe
(Livre d’artiste avec des peintures de Fernanda Fedi, 27 exemplaires,
Archivio libra d’artista,Milan)
Alain Freixe -
extrait de Derniers restes
1-
Plus rien à dire
Plus rien qui compte
Rien à cacher , sous les cendres.
On a beau secouer mots, sables et suies, brisures d’anciennes
terres cuites.
C’est gris et sale sous les doigts.
Calme, à faire peur.
2-
Ce soir
Il pourrait même neiger
Et tout s’endormirait
Dans le peu de jour qui reste. Qui traîne.
Avec au coin des yeux, des restes d’hier. Du bleu
qui s’effiloche. Des mots qui filent.
Dire comment c’est. Soir après soir.
3-
Mais non
au rendez-vous du ciel
et du froid
manque toujours le cœur
Dire comment ça fuit le monde. Sous
quelles poussées, ça bascule. Toujours du
même côté.
Larges plages de sable comme ruines de montagne. Larges
bandes blanches comme ruines d’un ciel nuageux et
sans vent. Eternité chue en lambeaux déchirés.
Et la ravageuse aligne son mouvement interminable depuis
le fond de rien. Fil jamais rompu du loin qui s’en
vient et se retient, derrière les vagues qui le portent,
le défont, en gardent les franges d’écume
où le soleil se prend.
4-
Comme au comptoir
Mes yeux cherchent dans la glace
Qui pour le dernier verre
Qui quand cela tombe derrière le
mur de l’air et que le ciel se soulève et pèse
de tout son poids d’étoiles. Que cela remonte
haut, plus haut par delà le rideau noir des arbres.
Que cela éclaire toujours ce qui finit par s’évaporer
: sueur, sang ou larmes.
Parfums de vie.
5-
Quand ma soif en robe noire
Crisse sur le dos nu du monde
Et que ma faim voit ses gants d’ombre
glisser sur mes mains pâles. Cela qui ne cesse pas,
cette foudre remonte du fond du sang jusqu’aux étoiles,
laque rouge où toute la nuit se mire.
Cela, mon désir. Et ses braises dans le vent.
Alain Freixe -
extraits de Comme on tombe amoureux
à l’ami,
à Jean-Marie Barnaud,
à celui pour qui « échanger paroles est acte
des amoureux »,
1-
On lit. C’est un poème ? Une prose
? On ne sait plus. Une présence, oui. On s’interrompt.
On est soudain loin dans le ciel. Ou le corps. On revient sur ses
pas. On relit. On va aveugle dans la grande nuit des pages. Ou du
monde. Autour cela n’a pas plus de nom que de couleur. Ou
tous et toutes. On s’égare. Se perd. On a peur, parfois.
On remonte. On est vivant.
2-
Dans un poème, la poésie, c’est quand l’étoffe
des mots se déchire. Les pierres du chemin se perdent sous
celles, plus impérieuses de la montagne. C’est quand
se dérobent, les pas…Non que l’on tombe vraiment
mais c’est quand l’on titube. Et boite. Quand soudain
on a du mal à respirer parce que l’air que l’on
avale est si froid que l’on ne peut plus déglutir.
Que la bouche reste ouverte au son froid de l’air qui passe
et ouvre quelques fenêtres au cœur qui sommeillait. Laisser
entrer l’air. Reprendre souffle. Et rythme. Sauter hors fascination
et se vouer à nouveau au discontinu des mots et au cortège
que l’on se doit à soi-même. À l’attention
que l’on se doit quand on monte et que les mains parfois s’y
mettent. Jusqu’à reprendre pied dans le jour. Petit
mais qu’on nous prête encore. Fidèle comme cette
lumière qui a besoin de tous les mots des poètes pour
porter son miel jusqu’à nous.
3-
On approche de la frontière. Le colporteur
de vent, mon ami, sait qu’il va lui falloir ruser. Résister.
Non se jeter sur. Mais tenir la bonne distance. Celle du rôdeur
de crêtes. Qui se penche ici, chancelle là. Avant de
tomber. À genoux. Comme on tombe quand on est amoureux. Avant
de se relever. Et dans la marche qui s’en suit saluer du coin
des yeux le passage du cœur. Cela suffit pour une joie !
( Alain Freixe_ Livre d’artiste avec des peintures de Maria
Desmée, éditions l’attentive, 19 exemplaires)
Alain
Freixe - extrait de Temps disjoint
Tout est toujours en ordre
en la terre compacte
et nous restons
à perte de vue
à perte de nom
en suspension
à cause des coups
à cause de tout
ce qui nous bat le cœur
dans le temps disjoint
ce n’est pas le rapport au temps
qui importe
c’est son port
comment portez-vous le temps
qui vous porte
comment parlez-vous des morts
Alain Freixe
(Livre d’artiste avec Martin Miguel à 33 exemplaires
en 2006)
Partage Orphelin, Ed. La Coïncidence, Guy
Chambelland, 1981
Ailes, quant à la détourne, Ed La Coïncidence,
Guy Chambelland, 1982
Où suffit la lumière, Cahiers Froissart,
1989, (Prix Roger-Lucien Geeraert 1989).
À jour perdu, Collection « Lieu »,
Encres Vives, 1995
Comme des pas qui s’éloignent, éditions
de l’Amourier, printemps 1999 (Prix Louis Guillaume 2000,
prix du poème en prose) .
Cahier Robert Rovini, Les Cahiers de l’Amourier, juin
1999
Dix Madames d’été, livre d’artiste
avec Jean-Jacques Laurent, éditions StArt, novembre 1999
Ephémère bleu, livre d’artiste avec raphaël
Monticelli et Leonardo Rosa, Ed. de L’Amourier, Novembre
1999
Premiers mots, ardoises fines, livre d’artiste avec Martin
Miguel, Ed. de L’Amourier, octobre 2000
À l’ange blanc de la distance,
livre d’artiste avec gravures de Gérard Serée,
printemps 2000
Entre pierres et lumières, éditions
La porte, 2000
Caresses de Sorcière, livre d’artiste
avec Frédéric Lefeuvre, Les Cahiers du Museur, 2001
Que peut le vent, Monsieur Corot, collection
Pandora, L'Entretoise, 2002
Madame qui portez tout, Livre d’artiste
avec Jean-Jacques Laurent, éditions St’Art 2002
Dans les mains du vent, Livre d’artiste
avec des Gravures de Gérard Serée, 2002
Vérité du nuage, livre d'artiste
avec Madeleine Laroque, Les Cahiers du Museur, 2002.
Villes, passages sombres du temps, livre d'artiste
avec martin Miguel, 2002
L’écartelée, poème
sur photographie de Frédéric Lefeuvre, Les Cahiers
du Museur, 2002
Cahier Gaston Puel, Les Cahiers de l’Amourier,
2003
Pas une semaine sans Madame, Ed de l’Amourier,
collection D’Aventures, 2003. En collaboration avec Raphaël
Monticelli et Jean-Jacques Laurent.
Riveraines 1, 2, 3, 4 en collaboration avec
Jean-Pierre Thomas, collection Papillons, 2003
Gagner les hauts, livre d'artiste avec des gravures
de Gérard Serée, printemps 2003
À la lointaine, livre-peint d’Anne
Slacik, été 2003
Ombres portées, 30 photographies de Jacques
Clauzel / 30 poètes contemporains, éditions Tipaza,
été 2003
Avant la nuit, éditions de l'Amourier, collection
Grammages, 2003, ( Prix Edgar Mélik 2004).
Traces du temps, en collaboration avec Bernard
Noël, Raphaël Monticelli et des œuvres de Leonardo
Rosa, Ed. de l’Amourier.2003
12 échos à Madame + 1, livre d'artiste
avec Jean-Jacques Laurent, Les Cahiers du Museur, automne 2003
Kouros, livre d’artiste avec Leonardo
Rosa, Les Cahiers du Museur, 2004
Main-Torrent, livre d’artiste en collaboration
avec Daniel Mohen, collection L’Eventail
Villes, passages sombres du temps précédé
de Sur le sombre, éditions La Porte, 2004
Tu es la vigne, en collaboration avec Jean-Marie
Barnaud et Yves Ughes sur trois photographies de Frédéric
Lefeuvre, Les Cahiers du Museur. 2005
Relevés, Mano a Mano 1, en collaboration
avec Daniel Mohen, Les Cahiers du Museur, 2005
Arbre et neige, l’hiver, en collaboration
avec Anne Slacik, Les Cahiers du Museur, 2005
Le silence, livre-objet manuscrit sur les feuilles
de terre de Marie José Armando, 2005
Le jardin de l’éditeur, L’Amourier,
2005, ouvrage collectif : 72 auteurs donnent la réplique
à 24 photographies de Jean Princivalle
Rappelez-vous, écrit à deux mains
avec Yves Ughes, préface de Raphaël Monticelli, éditions
La Porte, 2006
Derniers restes, Livre unique avec Martin Miguel,
emboîtage en céramique d’Yvan Koenig, Février
2006
À mes amis peintres, avec des travaux
de Max Charvolen, Jean-Jacques Laurent, Martin Miguel, Raphaël
Monticelli, Leonardo Rosa, Gérard Serée ; Ed Les
Cahiers du Museur, printemps 2006
Dire Non, livre d’artiste avec Martin
Miguel, Les Cahiers du Museur, collection À côté,
2006
Et ce n’est rien la pluie, livre d’artiste
avec Yves Picquet, éditions La double cloche, avril 2006.
Deux Madames de ville et d’eau, livre
d’artiste en collaboration avec Raphaël Monticelli,
proposition plastique de Frédérique Nalbandian,
mars 2006
Comme on tombe amoureux, avec des peintures
de Maria Desmée, collection « à la main »,
éditions l’attentive, printemps
2006.
Temps disjoint, livre d’artiste en collaboration
avec Martin Miguel, 33 exemplaires, automne 2006.
Pour une théorie de l’émergence,
avec une gravure de Jacques Clauzel, aux éditions À
travers, 2006
A la bonne ombre, traduction de Moussia Barnaud,
avec deux œuvres de Gino Gini, edizioni Laboratorio 66, Archivio
Libri d’Artista, Milano, 2006
Aux yeux de qui nous aime, peintures originales
de Fernanda Fedi, edizioni Laboratorio 66, Archivio Libri d’Artista,
Milano, 2006
Vol de temps, Mano a Mano hors-série,
en collaboration avec Martine Moreau, Les Cahiers du Museur, exemplaire
unique
(…) tombe, tombé, livre d’artiste
avec des dessins de Joël Frémiot, Poiein, février
2007 .
Le parti des libellules, tiré à part de la revue Esquisse,
mars/avril 2007
Dans les ramas, collection Grammages, éditions de l’Amourier,
Frontispice d’Anne Slacik, 2007
Entre murs, Patrick Soladie, textes d’Alain Freixe, Michel
Balat, Francesca Caruana et Jacques Quéralt, Voix éditions,
collection
Voir comme on pense, 2008
Voix du Basilic, entretiens conduits par Alain Freixe, éditions
de l’Amourier, collection Voix d’écrit, Juin
2008
Chants de l’évidence, Jean-Max Tixier, entretien avec
Alain Freixe, éditions Autre temps, automne 2008
Paroles en travail ; livre d’entretiens de Marcel Alocco avec
Alain Freixe, Ben, Georges Brecht, Martin Miguel et Raphaël
Monticelli, Editions Performarts, collection Geste gratuit, février
2009
Rouge Madame, avec Jean-Jacques Laurent, collection Feu, Voix éditions,
2009
Les arbres, pas plus loin, reproduction de 5 Linogravures de Lionel
Balard, Cahier des Passerelles N°2, 70 exemplaires, octobre
2009
Dix échos à Madame +1, éditions La Porte, 2009
Madame des villes, des champs et des forêts, avec Raphaël
Monticelli, L’Amourier, 2011
Pour une théorie de l’émergence suivi de
Comme on tombe amoureux, éditions La Porte, 200 exemplaires,
mars 2012
et beaucoup de livres d'artistes
À paraître :
Vers les visages, peintures de Béatrice Englert, collection
Connivence, Les Cahiers du Museur, 2012
Trois rebords, sept lancers +1, à propos de l’abécédaire
de Gino Gini.
Dames de nuit, écrit avec Claude Louis-Combet sur 6 photographies
d’Elizabeth Prouvost
Lunette d’approche, 4 gravures de Didier Gasc, Quadrige- La
Diane Française
Jeunesse de René Char, feuilles de terre de Fernanda fedi,
Quadrige-La Diane française
Abécédaire, interventions plastiques de gino Gini,
quadrige-La Diane Française
Vers les riveraines, collection poésie, éditions de
l’Amourier, 2013
Puzzle brisé in Alain Lestié, collection L’art
au carré, accompagné d’un texte de Raphaël
Monticelli et de 8 xylographies d’Alain Lestié, Quadrige/La
Diane française 2013