TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Terre à ciel des poètes - Romain Verger

 

Sur Romain Verger
Présentation
Extrait de Premiers dons de la pierre
Extrait de Blanche par-dessus la mer
Extraits de Zones sensibles
Extraits d'un poème inédit
Sur internet
Bibliographie

Les fiches des poètes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On ne reste jamais longtemps devant soi, pour autant qu'on y parvienne

Antoine Emaz - Lichen, lichen

Présentation


 

Romain Verger est né en 1972 à Boulogne-Billancourt. Il a suivi des études de Lettres et enseigne aujourd’hui le Français dans le secondaire. S’il se consacre essentiellement à l’écriture, il s’essaie progressivement, et depuis 1994, à d’autres moyens d’expression : la peinture, la vidéo, la photographie… Un travail parallèle dont il rend compte sur son site personnel. De même, après s’être exclusivement centré sur l’écriture poétique, son écriture s’est ouverte depuis quelques années au récit, qu’il envisage comme un prolongement narratif de son exploration poétique. La découverte de la Grotte Chauvet, puis la visite qu’il en a faite en 2005, ont été pour lui des événements décisifs.


Romain Verger- extrait de Premiers dons de la pierre (poèmes et dessins)

Une ligne s'isole, se choisit, choisit de couper une ligne qui n'est déjà plus un trait mais un ventre, légué au renflement d'une paroi, depuis trente mille ans, un corps rougit sans pâlir, un ventre travaille dans le noir d'un ancien bras mort de l'Ardèche, depuis trente mille ans, un mur travaille aux contractions de trente mille nuits...
*
Là, une épaule choisit de crever un ventre, dans le coin le plus sombre de la combe, un corps se vide en jouissant, depuis trente mille ans, un meurtre blanc se perpétue, de mur en mur, sous les ruminations de trente mille chevaux de craie.
*
Suspendu au vide, tout entier projeté sur l'énorme dent jaune qui tourne et enroule l'espace, le monstre de Chauvet toujours innommé. Tout en muscles, incliné, prêt à déborder l'image pour venger les siens.
*
Alors je t'ai vue
ajuster ton souffle à celui des bêtes
ta parole à l'envergure des corps
extraire l'irrespirable
la dernière salive du quartz.

© 2003 éditions l'improviste.

Romain Verger - extrait de Blanche par-dessus la mer (poèmes)

 

La ville ne bouge pas, lente éternellement dans son enceinte huileuse, protégée sous l'immense aile luisante des mouettes, toute entière édifiée en brisant.

Hôtel des Remparts. Ses faces enduites de chaux exposées au vent écaillées par endroits

La trame sombre du torchis des chambres aérées par le front de mer.

Le suintement des matelas

éponges gonflées du sel, des goémons de l'amour. Les carreaux couverts du frai de la mer.
Janvier, février, mars…
C'est toujours le même mois
vaste, venteux, heureux.
Gravir les cinq étages par l'escalier étroit et obscur. On accède à la terrasse : une plate-forme carrée surplombe la ville étirée vers l'est, l'embouchure de son port et au-delà, l'énorme masse d'eau étalée à l'ouest, sur la brume atlantique.
Du côté de la terre
à perte de vent
le puissant horizon du Souss habitable et désert.

J'ai passé la journée sur le promontoire. Accoudé à la rambarde,
je mesure la mort
je dévore le vide
j'effeuille le paysage entre mes doigts
Chaos de lignes vagues.

© 2002 éditions Contre-allées.

 

Romain Verger - extraits de Zones sensibles (roman)

À table, j’observe d’un autre œil le parfait d’étoile de mer composant mon dessert : un joli volume rectangulaire qui n’a de l’étoile que la couleur. Un rouge vermillon appétissant qui suggère davantage la framboise, sinon l’odeur si caractéristique des fruits de la mer. Et bien que n’en ayant jamais goûté auparavant, la première cuillérée fait renaître en moi les bains de l’enfance au sortir desquels je tirais fièrement de l’eau une étoile de mer que je tendais à mes parents. Quelle étrange créature avec ses cinq bras pointant d’un corps bombé et coriace. Du dessus, c’est une fleur ouverte sur le sable, une corolle. Du dessous, une armée unie et ordonnée de pieds. Dans la main, c’est ferme, inflexible, une sorte de pierre ponce tentaculaire ou de squelette déguisé en clown. On ne peut la loger dans la poche de son maillot sans risquer de la mutiler. Mieux vaut la caler dans sa paume qu’elle occupe tout entière, dont elle épouse la forme et les contours, comme une main dans sa main. Émergée, mise à sécher sur quelque roche chaude, elle se rétractait, s’affadissait, de carmin virait au rose puis au blanc laiteux. Ce que je croyais soustrait aux servitudes du corps et du temps empuantissait l’air affreusement.

© 2006 Quidam éditeur.

Romain Verger - Extrait d'un poème inédit


elle est là
immobile
patiente
à tes pieds
qui la tournent
et la retournent
en oursin
en hérisson
dessus-dessous
cramponnée
à son socle
intérieur
comme au fermoir
d’un ventre
d’ogre

© 2007 Romain Verger


Romain Verger sur internet
Bibliographie
    Livres

  • Grande Ourse, Meudon, Quidam éditeur, à paraître en octobre 2007. Roman.
  • Zones sensibles, Meudon, Quidam éditeur, 2006. Roman.
  • Onirocosmos, Paris, éd. Presses Sorbonne Nouvelle, 2004. Essai sur Henri Michaux.
  • Premiers dons de la pierre, Paris, éd. L’improviste, 2003. Poèmes et dessins.

    Plaquettes

  • Sol pour l’enfoncement, Montluçon, éd. Contre-allées, 2006. Plaquette de poèmes.
  • Blanche par-dessus la mer, Clermont-Ferrand, éd. Contre-allées, 2002. Plaquette de poèmes. 2e édition : 2004.

    De nombreux textes poétiques ont paru dans les revues Le nouveau recueil, La Polygraphe, Contre-allées, Décharge, Friches, Pleine marge, diérèse…

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