On ne reste
jamais longtemps devant soi, pour autant qu'on y parvienne
Antoine Emaz - Lichen, lichen
Présentation
Christian Degoutte : je suis né
le 10 septembre 1953 à Paris. Je vis (et tout ça)
dans la Loire (département) à quelques pas de la Loire
(fleuve).
Christian Degoutte
- extrait 1 (poème à deux voix)
- Les oranges tranchées près de tes mains restées
fraîches sur la blancheur du linge
c’est quelles brûlantes ambassades de la tendresse,
c’est les paupières très fardées
de quelles fraîches médiatrices du jouir,
quelles comédiennes tout soleil dépêchées
au-devant d’obscurs demains ?
- Les oranges et ta bouche
partagée par l’équateur et tes bras nus
arrondissent une retenue sur le temps,
un lac de durée immobile où je viens boire
et boire encore
l’eau
papillonnante de tes murmures,
l’eau désirante que tu es.
Christian Degoutte
- extrait 2 (poème à deux voix)
- Sous tes seins, c’est quelle grosse pêche
tombée
du souffle ce que je sais de ton cœur ?
Ce que je sais de tes seins, c’est à boire vite :
deux essaims de papilles, le miel des sagaies
dont mes mains sont brûlantes,
le soleil versé en cuisses sur mon visage
ou, sous l’eau tumultueuse des lampes, la salive
des nébuleuses, les oranges dont mes lèvres crépitent.
- Ce que tu sais de mes seins c’est plus que tout
ce qu’on sait de soi :
pêche
ou orange,
bouche tout couleur, brûlant dehors,
mais tournée vers les viscères bouche blême
qu’on ne sait ni combler ni faire taire.
Christian Degoutte
- extrait 3(poème à 2 voix)
- Qu’est-ce qu’ils deviennent le sang et le lait et
la merde
qui restent dans les femmes qu’on dépose en terre ?
Charbons ou veines de craies ? Chemins de roses
cailloutis sous les grandes lessives du ciel, cuisses
de graviers roses courant aux lèvres rapides
des vivantes,
aux
grappes bleues
de leurs glottes, aux organes poisseux qu’on voudrait
téter tous comme des pêches battues,
aux menstrues épaisses ?
Mais les mortes lourdes de sang et de lait,
au fond qu’on ne remonte jamais, dans nos mains
avec l’eau de la terre qu’est-ce qu’on boit d’elles
?
- On boit sans rien apprendre.
C’est l’eau des mères,
c’est les poumons explosifs, c’est l’eau de la
terre
qui bouge son membre glacé partout en nous,
ses frétillantes radicelles par tout le corps
et lâche ses petits cris pour être bue partout.
Bibliographie
Les textes du genre ci-dessus on peut en lire
(pour ce qui est des parutions les plus récentes) dans
Contre-Allées n° 19/20, dans N
4728 n° 10, dans Diérèse
n° 25, dans Ecrits du Nord n° 7, et dans
l’anthologie Poètes d’aujourd’hui
en Rhône-Alpes (Le Temps des Cerises).
34 Cordeaux, VR/SO, 1989.
Jokari, VR/SO, 1990.
Comme si, Le Pré de l’Âge, 1991.
Par la fenêtre ovale, Philippe Morice, 1992.
Le Phimosis de Kleist, Le Grand Hors Jeu, 1992.
Jaune, De, 1993.
Donne, Polder & Décharge, 1994.
Caca Peint, Le Grand Hors Jeu, 1994.
Sur les hauteurs de St Polgues, L’Impertinente, 2001.
Paroles cuites, La Petite Revue de l’Indiscipline,
2001.
Henry Moore à Nantes, Wigwam, 2002.
Trois Jours en été (roman), L’Escarbille, 2002
Il y a des abeilles, Le Pré Carré, 2003.
Voyage avec un vélo à travers le Forez pour aller
chez Laura, Polder & Décharge, 2003.
Le Portillon de Fer, La Morale Merveilleuse, 2003.
Menu Linge, (hors commerce), 2006