TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Terre à ciel des poètes - Antonio Gamoneda

 

Sur Antonio Gamoneda
Présentation
Extraits de Cecilia
Extrait de Description du mensonge
Extrait de Blues castellan
Extrait de L'oubli vient
Extrait de Exentos, I, In edad
Sur internet
Bibliographie

Les fiches des poètes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




On ne reste jamais longtemps devant soi, pour autant qu'on y parvienne

Antoine Emaz - Lichen, lichen

Présentation


Grande voix de la poésie espagnole contemporaine, Antonio Gamoneda Vit actuellement à Léon. Il a reçu de nombreux prix de poésie.

Antonio Gamoneda - extraits de Cecilia

Duermes bajo la piel de tu madre y sus suenos penetran en tus suenos. Vais a despertar en la misma confusion luminosa.

Aun no sabes quien eres; estás indecisa entre tu madre y un temblor viviente.

Tu dors sous la peau de ta mère et ses rêves pénètrent dans tes rêves. Vous allez vous éveiller dans la même confusion lumineuse.

Tu ne sais pas encore qui tu es ; tu demeures indécise entre ta mère et un frémissement vivant.

Antonio Gamoneda, Cécilia, éditions Letres vives, 2006, pages 12 - 13 - Traduit de l’espagnol par Jacques Ancet

 


Entra en tu madre y abre en ella tus párpados,

entra despacio en su corazón.

Vuelve a ser fruto en el silencio. Sed

como un árbol que envuelve la palpitación de los pájaros

y se inclina, y descienden el perfume y la sombra.

Entre en ta mère et ouvre en elle tes paupières,

entre doucement dans son cœur ;

Redeviens fruit dans le silence. Soyez

comme un arbre qui enveloppe la palpitation des oiseaux

et il s’incline, et en descendent le parfum et l’ombre.

Antonio Gamoneda, Cecilia, Éditions Lettres Vives, 2006, pages 32-33 - Traduit de l’espagnol par Jacques Ancet.

Antonio Gamoneda - extrait de Description du mensonge


La rouille s'est posée sur ma langue comme la saveur
d'une disparition.

L'oubli est entré dans ma langue et je n'ai eu d'autre
conduite que l'oubli,

et je n'ai accepté d'autre valeur que l'impossibilité.

Comme un bateau calcifié dans un pays d'où la mer s'est retirée,

j'ai écouté la reddition de mes os s'établissant dans
le repos ;

j'ai écouté la fuite des insectes, la rétraction de
l'ombre pénétrant ce qui restait de moi ;

j'ai écouté jusqu'à ce que la vérité eût cessé d'exister
dans l'espace et dans mon esprit,

et je n'ai pu endurer la perfection du silence.

(extrait de description du mensonge : http://www.jose-corti.fr/titresiberiques/description-mensonge.html)

Antonio Gamoneda- extrait de Blues castellan

GEOLOGIA

Algunas veces salgo hacia las montanas
a mirar a lo lejos.

Piso unas lomas donde tierra vieja
se pone hermosa con el sol y veo
subir la sombra por los cuestos.

Ando
Mucho tiempo en silencio.

Pero hay dias que ando po restas lomas,
y miro hacia las montanas,
y ni alli hay libertad.

Y me vuelvo. Y osé bien que es inutil
buscarla como a una llave perdida,
y que tambien es inutil
mirar al fondo de mi corazon.

GEOLOGIE

Parfois je pars vers les montagnes
pour regarder au loin.

Je marche sur des coteaux où la vieille terre
se fait belle au soleil et je vois
monter l’ombre sur les collines.

Et j’avance
très longtemps en silence.

Mais il y a des jours où je marche sur ces coteaux,
je regarde vers les montagnes,
et même là, pas de liberté.

Et je rentrre. Je sais bien qu’il est inutile
de la chercher comme une clé perdue,
et qu’il est tout aussi inutile
de regarder dans le fond de mon cœur.

Antonio Gamoneda, Blues Castellan, éditions José Corti, page 48 -49- Traduction par Jacques Ancet

Antonio Gamoneda - extrait de L'oubli vient



La luz hierve debajo de mis párpados.

De un ruisenor absorto en la ceniza, de sus negras entranas musicales, surge una tempestad. Desciende el llanto a las antiguas celdas, advierto látigos vivientes

y la mirada inmóvil de las bestias, su aguja fría en mi corazón.

Todo es presagio. La luz es médula de sombra : van a morir los insectos en las bujías del amanecer. Así

arden en mí los significados.


La lumière bout sous mes paupières.

D'un rossignol enfoui dans la cendre, de ses noires entrailles musicales, surgit une tempête. les pleurs descendent aux vielles alvéoles, je discerne des fouets vivants

et le regard immobile des bêtes, leur aiguille froides dans mon cœur.

Tout est présage. La lumière est la moelle de l'ombre : les insectes vont mourir sous les bougies du petit jour. Ainsi

brûlent en moi les significations.

Antonio Gamoneda, "Viene el olvido" ("L'oubli vient"), première section du livre "Arden las pérdidas" ("Clarté sans repos"), Arfuyen, 2006, pp.16-17.

Antonio Gamoneda - extrait de Exentos, I, in Edad

Il existait tes mains.

Un jour le monde devint silencieux ;
les arbres, là-haut, étaient profonds et majestueux,
et nous sentions sous notre peau
le mouvement de la terre.

Tes mains furent douces dans les miennes
et j’ai senti en même temps la gravité et la lumière,
et que tu vivais dans mon cœur.

Tout était vérité sous les arbres,
tout était vérité. Je comprenais
toutes choses comme on comprend
un fruit avec la bouche, une lumière avec les yeux

Exentos, I, in Edad
Poésie espagnole 1945-1990, Actes sud, page 181


Antonio Gamoneda sur internet (liens en français)
  • Un clin d'oeil sur Remue.net
  • Une fiche d'auteur sur le site du printemps des poètes
  • D'autres extraits traduits sur le site de Jacques Ancet
  • Une biographie
  • Poèmes à écouter

  • Bibliographie

    • Livre du froid, présenté et traduit par Martine Joulia et Jean-Yves Bériou, éditions Antoine Soriano, 1996
    • Pierres gravées, présenté et traduit par Jacques Ancet, Lettres vives, 1996
    • Substances, limites in Nymphea, avec des photographies de Michel Hanique, traduit par Jacques Ancet, La Grand Os, 1997
    • Cahier de mars, traduit par Martine Joulia et Jean-Yves Bériou, Myrddin, 1997
    • Froid des limites, présenté et traduit par Jacques Ancet, Lettres vives, 2000
    • Blues castillan, traduit par Jacques Ancet, José Corti, 2004
    • Description du mensonge, présenté et traduit par Jacques Ancet, José Corti, 2004
    • Passion du regard, présenté et traduit par Jacques Ancet, Lettres vives, 2004
    • De l'impossibilité, traduit par Amelia Gamoneda, gravures de Jean-Louis Fauthoux et préface de Salah Stétié, Fata Morgana, 2004
    • Clarté sans repos, présenté et traduit par Jacques Ancet, Arfuyen, 2006
    • Cecilia, traduit par Jacques Ancet, Lettres vives, 2006

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