Algunas veces salgo hacia las montanas
a mirar a lo lejos.
Piso unas lomas donde tierra vieja
se pone hermosa con el sol y veo
subir la sombra por los cuestos.
Ando
Mucho tiempo en silencio.
Pero hay dias que ando po restas lomas,
y miro hacia las montanas,
y ni alli hay libertad.
Y me vuelvo. Y osé bien que es
inutil
buscarla como a una llave perdida,
y que tambien es inutil
mirar al fondo de mi corazon.
GEOLOGIE
Parfois je pars vers les montagnes
pour regarder au loin.
Je marche sur des coteaux où la vieille
terre
se fait belle au soleil et je vois
monter l’ombre sur les collines.
Et j’avance
très longtemps en silence.
Mais il y a des jours où je marche
sur ces coteaux,
je regarde vers les montagnes,
et même là, pas de liberté.
Et je rentrre. Je sais bien qu’il est
inutile
de la chercher comme une clé perdue,
et qu’il est tout aussi inutile
de regarder dans le fond de mon cœur.
Antonio Gamoneda, Blues Castellan,
éditions José Corti, page 48 -49- Traduction par
Jacques Ancet
Antonio Gamoneda
- extrait de L'oubli vient
La luz hierve debajo de mis párpados.
De un ruisenor absorto en la ceniza, de
sus negras entranas musicales, surge una tempestad. Desciende
el llanto a las antiguas celdas, advierto látigos vivientes
y la mirada inmóvil de las bestias,
su aguja fría en mi corazón.
Todo es presagio. La luz es médula
de sombra : van a morir los insectos en las bujías
del amanecer. Así
arden en mí los significados.
La lumière bout sous mes paupières.
D'un rossignol enfoui dans la cendre, de ses
noires entrailles musicales, surgit une tempête. les
pleurs descendent aux vielles alvéoles, je discerne
des fouets vivants
et le regard immobile des bêtes, leur
aiguille froides dans mon cœur.
Tout est présage. La lumière
est la moelle de l'ombre : les insectes vont mourir sous les
bougies du petit jour. Ainsi
brûlent en moi les significations.
Antonio Gamoneda, "Viene
el olvido" ("L'oubli vient"), première
section du livre "Arden las pérdidas" ("Clarté
sans repos"), Arfuyen, 2006, pp.16-17.
Antonio Gamoneda
- extrait de Exentos, I, in Edad
Il existait tes mains.
Un jour le monde devint silencieux ;
les arbres, là-haut, étaient profonds et majestueux,
et nous sentions sous notre peau
le mouvement de la terre.
Tes mains furent douces dans les miennes
et j’ai senti en même temps la gravité
et la lumière,
et que tu vivais dans mon cœur.
Tout était vérité sous les
arbres,
tout était vérité. Je comprenais
toutes choses comme on comprend
un fruit avec la bouche, une lumière avec les yeux
Exentos, I, in Edad
Poésie espagnole 1945-1990, Actes sud, page 181