On ne reste jamais longtemps
devant soi, pour autant qu'on y parvienne
Antoine Emaz - Lichen, lichen
Présentation
Federico Garcia Lorca est né
en 1898 près de Grenade en Espagne. Il est fusillé
aux premiers jours de la guerre civile espagnole. Mort prématurée,
mort tragique, son oeuvre n'en est pas moins demeurée importante.
Ont été publiés dans la collection Poésie
/ Gallimard Poésies I, Poésies II, Poésie III,
Poésie IV. Le recueil Ferias est resté inconnu jusqu'à
sa publication en 1997 en Espagne.
Federico Garcia
Lorca - extraits de Ferias
Petite fille sur la balançoire,
allant du Nord au Sud,
du Sud au Nord.
Sur la parabole
tremble une étoile rouge,
plus bas que toutes les étoiles.
La nina va en el columpio
De norte a sur
De sur a norte.
En la parabola
Tiembla una estrella roja
Bajo todas las estrellas.
Federico Garcia Lorca dans Ferias,
Editions du Félin, 1998.
LUNE DE FETE
La lune
ne se laisse pas voir à la fête.
Il y a trop de lunes
dans l’herbe.
Tout veut jouer à la lune.
Même la fête
est une lune en sang,
tombée sur la ville.
Lunes microscopiques
dansant aux vitres.
D’autres se posent
sur les nuages lourds
de la fanfare.
La lune de l’azur
ne se laisse pas voir à la fête.
Elle se voile, elle soupire :
" J’ai mal aux yeux !"
LUNA DE FERIA
La luna
no se ve en las ferias.
Hay demasiadas lunas
Sobre el cesped !
Todo juega a ser luna.
La misma feria,
Es una luna herida
Que cayo en la ciudad.
Lunas microscopicas
Bailan en los cristales,
Y algunas se detienen
Sobre los nubarrones
De la charanga.
La luna del azul
No se ve en las ferias
Se vela suspirando,
" me duelen los ojos !"
Federico Garcia Lorca dans Ferias,
Editions du Félin, 1998.
Federico Garcia
Lorca - extrait de Romancero
gitan
Onde, où
t'en vas-tu ?
Je m'écoule en riant
jusqu'au bord de la mer
Mer, où t'en vas-tu ?
Remontant le cours d'eau je cherche
la fontaine où me reposer.
Que fais-tu, toi, peuplier ?
Je ne veux rien te dire,
Je ne puis que trembler !
Où lancer mes désirs
par le fleuve et la mer ?
(Quatre oiseaux se sont posés
sans but sur le haut peuplier)".
Federico Garcia Lorca, Poésies 1921-1927,
Chansons, Poème du Cante Jondo, Romancero gitan, Poésie/Gallimard
1966, p. 111.
Federico Garcia
Lorca - extrait de
Poésies III
VALSE DANS LES BRANCHES
Une feuille tomba,
puis deux,
puis trois,
Dans la lune un poisson nageait.
L’eau dort une heure
et la mer toute blanche en dort cent.
La dame
sur la branche était morte.
La nonne
chantait dans la bigarade.
Le petite fille
montait au pin pour en cueillir la pomme.
Et le pin
cherchait la fine plume du trille.
Mais le rossignol
pleurait ses blessures alentour.
Et moi aussi,
parce qu’une feuille tomba,
puis deux,
puis trois.
[...]
Federico Garcia Lorca, Poésies, III, Poésie/Gallimard,
1954, p. 125
Federico Garcia
Lorca - extrait de
Poésie I
Et la chanson de l'eau
Reste chose éternelle...
Toute chanson
est une eau dormante
de l'amour.
Tout astre brillant
une eau dormante
du temps.
Un noeud
du temps.
Et tout soupir
une eau dormante
du cri.
Federico Garcia Lorca, Poésie
I (1921-1922), Editions Gallimard, 1954, page 32 (réédité
en 1967 en poche).
Poésie
Impresiones y paisajes (« Impressions et paysages »,
1918): Prose.
Libro de poemas (« Livre de poèmes », 1921)
Canciones (« Chansons », 1927)
Primer romancero gitano (« Premier romancero gitan »,
1928)
Poema del cante jondo (« Poème du cante jondo »,
1931)
Primeras canciones (« Premières chansons »,
1936)
Poeta en Nueva York (« Poète à New York »,
publié en 1940)
Ferias,
Editions du Félin, 1998
En Poésie/Gallimard, ensemble -en 4 tomes-
des poèmes de Federico Garcia Lorca traduit par André
Belamich et Claude Couffon.
Poésies I, livre de poèmes, Mon village.
Poésies II, Chansons, Poèmes du Cante Jondo, Romancero
Gitan. Préface de jean Cassou.
Poésies III, Poète à New York, Chant funèbre
pour I.S. Mejias, Divan du Tamarit, Préface d'André
Belamich,
Poésies IV, Suites, Sonnets de l'amour obscur, préface
d'André Belamich.
Théâtre
El Maleficio de la mariposa (« Le Maléfice de la
phalène »: écrit en 1919-20, création
en 1920)
Mariana Pineda (écrit en 1923-25, création en 1927)
La zapatera prodigiosa (« La Savetière
prodigieuse »: écrit en 1926-30, création
en 1930)
Amor de Don Perlimpín con Belisa en su jardín
(«Les Amours de Don Perlimpín avec Belise en son
jardin »: écrit en 1928, création en 1933)
Bodas de sangre (« Noces de sang »: écrit en
1932, création en 1933)
Yerma (écrit en 1934, création en 1934)
Doña Rosita la soltera (« Doña Rosita, la
célibataire»: écrit en 1935, création
en 1935)
Retablillo de Don Cristóbal (« Le Jeu de Don Cristóbal
»: écrit en 1931, création en 1935)
Los títeres de Cachiporra (« Le Guignol et le gourdin
»: écrit en 1928, création en 1937)
Así que pasen cinco años (« Lorsque cinq ans
seront passés »: écrit en 1931, création
en 1945)
La casa de Bernarda Alba (« La Maison de Bernarda Alba »:
écrit en 1936, création en 1945)
El público (« Le Public »: écrit en
1930-1936, création en 1972)
Comedia sin título (« Comédie sans titre »:
écrit en 1936, création en 1986)
A signaler aussi, son théâtre, publié chez
Gallimard (plusieurs tomes) et le Llanto por Ignacio Sànchez
Mejias, chant funèbre à la mémoire d'un torero,
qui a inspiré le compositeur Maurice Ohana.
Il existe également une édition en deux tomes des
Œuvres complètes en Pléiade.