On ne reste jamais longtemps
devant soi, pour autant qu'on y parvienne
Antoine Emaz - Lichen, lichen
Présentation
James Sacré est né
en 1939. Il passe son enfance et son adolescence à la ferme
des parents en Vendée. D’abord instituteur puis instituteur
itinérant agricole, il part, en 1965, vivre aux Etats-Unis
où il poursuit des études de lettres (thèse
sur la poésie de la fin du XVIè siècle français).
Il y enseigne dans une université du Massachusetts (Smith
College) tout en faisant de nombreux séjours en France et
des voyages en Europe (l'Italie surtout) en Tunisie et au Maroc.
Il a publié des livres de poèmes au Seuil (Coeur élégie
rouge, 1972), chez Gallimard (Figures qui bougent un peu, 1978)
et aux éditions André dimanche, ainsi que chez de
nombreux “petits éditeurs”. Il vit de nouveau
en France, à Montpellier, depuis 2001.
James Sacré-
extrait de Ecritures courtes
" N'importe quoi le mot rouge : toute la
vie dedans
colères comme des taureaux, bêtise de mon père
le
voilà maintenant tranquille fin de sa vie je la veux
comme un sourire la honte et la peur emportées, saleté
comme un sourire en paille dans ses bottes; et je
l'aime aussi quand il est propre. Le mot rouge
(fureur et la rouille à des endroits du monde) con-
vient parfaitement pour tout dire"
James Sacré. extrait du poème Si le
mot rouge est vrai dans Ecritures courtes, éditions le dé
bleu, page 10
James Sacré-
extrait de La petite herbe des mots
"On peut croire qu'un souvenir
Creuse la couleur du mot bleu, à force
Il en reste plus rien, du bleu ;
Et du souvenir pas plus.
Qu'est-ce qu'on raconte ?"
"Une ancienne cour que l'enfance a fermée
Si t'ouvres le portail
Quelques mots reviendront, pas grand-chose.
La couleur d'autrefois c'est pareil qu'aujourd'hui, presque :
De la tôle toute neuve, mais quand même
Encore du vieux bois qui pourrit."
"Un mur s'est éboulé
C'est comme des mots (mais tombés d'où ?)
La douceur du ciel continue son bleu
On dirait qu'on peut rêver
A travers les choses défaites, les trous du poème."
James Sacré, La petite herbe des mots (1986), Si peu de terre,
tout – éd. Le Dé bleu (2000), p. 27, 28 et 31.
James Sacré-
extrait de Les mots longtemps, qu'est-ce que le poème attend ?
Le bonheur aussitôt dans l'ombre ça
brille tilleul
toit rouge ça brille avec des jeux d'enfant poète avec des
billes des mots j'attends silence au loin billes perdues
rien dans le mot bonheur mais dans le vide le sentiment
qui persiste dans la lumière centre fleuri d'un arbre fleuri
en rond c'est comme les visages que j'aime.
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bonheur il brille
l'ombre un poème avec des billes
le vide et le sentiment souriants
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Aussitôt le bonheur est là dans l'ombre il brille
Il grimpe au tilleul sur le toit rouge il brille
Avec des jeux d'enfant poète avec des billes
Avec des mots j'attends la rime
Au loin silence il perd ses billes et
rien
Dans un alexandrin le mot bonheur qui brille (mais
dans
le vide et le sentiment qui persiste de ma
pauvreté
je vois dans la lumière et dans le
centre
d'un arbre fleuri en rond les visages
souriants
que j'aime).
James Sacré, dans Les mots longtemps, qu'est-ce que le poème attend
?, Editions Tarabuste, page 58
James
Sacré - extrait de Si peu de terre, tout
LA NUIT POUR ECRIRE
La nuit est là comment venue ?
N'a pas couru, elle respire léger;
On a peur on a plaisir.
Tout l'monde l'attend
Pour s'endormir, ou mieux faire quelque chose.
Quelqu'un s'en va retrouver à la nuit un vieux chemin qui va jusqu'à
l'odeur d'un lavoir abandonné; du foin pas coupé dans les prés.
Faire l'amour à la nuit devient un grand moment de silence et de
noir tranquille dans les arbres.
C'est que la nuit. Mais tant d'espace juste au bord des maisons
remplies de lumière et
fermées.
J'attends la nuit, mais pas pour oublier, je vais pouvoir penser
n'importe comment à tout.
James Sacré dans Si peu de terre, tout, éditions le dé bleu, page
17
James Sacré
sur internet
James Sacré, Une boulange de lyrisme critique,
un article sur le site de JM
Maulpoix
James Sacré, Broussaille de prose et de
vers (extrait) sur Remue.net
La femme et le violoncelle. Lamérac :
J.C. Valin éditeur, 1966 (avec un dessin de Pierre Bugeant).
« Graminées », Poésie-Ecrire.
Paris : Le Seuil, 1968 (collectif) ; repris dans Les mots longtemps...,
Tarabuste, 2004
La transparence du pronom elle. Paris : Chambelland,
1970 (tirage de tête avec des eaux-fortes d’Yvon Vey).
Cœur élégie rouge. Paris :
Le Seuil, 1972 ; et Marseille : André Dimanche, 2001.
Comme un poème encore. Liège :
Atelier de l'agneau, 1975 (avec des dessins d’Yvon Vey)
; repris dans La poésie, comment dire?
Paysage au fusil (cœur) une fontaine. Paris
: Gallimard, Cahier de poésie 2 (collectif), 1976 ; et
Tours : La Cécilia, 1991 ; repris dans Les mots longtemps...,
Tarabuste, 2004.
Un brabant double avec des voiles. Paris : Nane
Stern, 1977 ; repris dans Les mots longtemps..., Tarabuste, 2004.
Un sang maniériste. Etude structurale
autour du mot sang dans la poésie lyrique française
de la fin du seizième siècle. Neuchâtel :
La Baconnière, 1977.
Figures qui bougent un peu. Paris : Gallimard,
1978.
L'amour mine de rien. Paris : Encre/Recherches,
1980 (collectif).
Quelque chose de mal raconté. Marseille
: André Dimanche, 1981.
Des pronoms mal transparents. Chaillé-sous-les-Ormeaux
: Le dé bleu, 1982.
Rougigogne. Paris : Obsidiane, 1983 (tirage de
tête avec un dessin d’Yvon Vey).
Ancrits. Losne : Thierry Bouchard, 1983 (tirage
de tête avec des eaux-fortes de Patrice Vermeille).
Ecrire pour t'aimer ; à S.B.. Marseille
: André Dimanche, 1984.
Bocaux, bonbonnes, carafes et bouteilles (comme).
Paris : Le Castor astral et Le Noroît, 1986 (avec des photographies
de Bernard Abadie) ; repris dans Les mots longtemps..., Tarabuste,
2004.
La petite herbe des mots. Chaillé-sous-les-Ormeaux
: Le dé bleu, 1986 ; repris dans Si peu de terre, tout.
La solitude au restaurant. St. Benoît-du-Sault
: Tarabuste, 1987 (tirage de tête avec des travaux de Thierry-Loïc
Boussard) ; repris dans Ecrire à côté.
Une fin d'après-midi à Marrakech.
Marseille : André Dimanche, 1988.
Un oiseau dessiné, sans titre. Et des
mots. St. Benoît-du-Sault : Tarabuste, 1988 (avec un dessin
de Jillali Echarradi) ; repris dans La nuit vient dans les yeux,
Tarabuste, 1997.
Le taureau, la rose, un poème. Montpellier
: Cadex, 1990 (avec des dessins de Denise Guilbert).
Je ne prévois jamais ce que je fais quand
je dessine. Paris : Les petits classiques du grand pirate, 1990
(avec des dessins de Jillali Echarradi) ; repris dans La nuit
vient dans les yeux, Tarabuste, 1997.
Comme en disant c'est rien, c'est rien. St. Benoît-du-Sault
: Tarabuste, 1991 (avec des dessins de Jillali Echarradi) ; repris
dans La nuit vient dans les yeux, Tarabuste, 1997.
On regarde un âne. St. Benoît-du-Sault
: Tarabuste, 1992 (avec une photographie d’Abderrazak Benchaabane).
Ecritures courtes. Chaillé-sous-les-Ormeaux
: Le dé bleu, 1992.
La poésie, comment dire?. Marseille :
André Dimanche, 1993.
Des animaux plus ou moins familiers?. Marseille
: André Dimanche, 1993.
Le renard est un mot qui ruse. St. Benoît-du-Sault
: Tarabuste, 1994 (avec un dessin de Jillali Echarradi) ; repris
dans La nuit vient dans les yeux, Tarabuste, 1997.
Ma guenille. Sens : Obsidiane, 1995.
Viens, dit quelqu'un. Marseille : André
Dimanche, 1996.
Essais de courts poèmes. Toulouse : Cahiers
de l’Atelier, 1996 (avec des dessins de François
Mezzapelle).
La nuit vient dans les Yeux. St. Benoît-du-Sault
: Tarabuste, 1997 (avec des dessins de Jillali Echarradi).
La peinture du poème s’en va. St.
Benoît-du-Sault : Tarabuste, 1998.
Anacoluptères. St. Benoît-du-Sault
: Tarabuste, 1998 (avec des illustrations de Pierre-Yves Gervais).
Relation, essai de deuxième ancrit (1962-63
; 1996). Saint-Denis d’Oléron : Océanes, 1999.
Labrego coma (cinco veces). Saint-Jacques de
Compostelle : Noitarenga, 1999 (avec des photographies d’Emilio
Arauxo).
Si peu de terre, tout. Chaillé-sous-les-Ormeaux
: Le dé bleu, 2000.
L’Amérique un peu. Montréal
: Trait-d’union, 2000, 77 pages.
Ecrire à côté. Saint-Benoît-du-Sault
: Editions Tarabuste, 2000, 140 pages
Une petite fille silencieuse. Marseille : André
Dimanche, 2001
Monsieur l’évêque avec ou
sans mitre. Chaillé-sous-les-ormeaux : Le dé bleu,
2002 (avec des illustrations de Edwin Apps).
Mouvementé de mots et de couleurs. Cognac
: Le temps qu’il fait, 2003 (avec des photographies de Lorand
Gaspar).
Les mots longtemps, qu’est-ce que le poème
attend ?. Saint-Benoît-du-Sault : Tarabuste, 2004.
Sans doute qu'un titre est dans le poème
(Wigwam, 2004)
Trois anciens poèmes mis ensemble pour
lui dire je t'aime (Cadex, 2006)
Broussaille de prose et de vers où se trouve pris le mot
paysage (Obsidiane, 2006)
Aneries pour mal braire (Tarabuste, 2006)
Un paradis de poussières (André Dimanche, à
paraître