On ne reste jamais longtemps devant soi, pour autant qu'on y parvienne

Antoine Emaz - Lichen, lichen

Lionel Ray est né en 1935 à Mantes la ville, de son nom de naissance Robert LHORO. Il est agrégé de lettres modernes. Il est président de l'Académie Mallarmé, et membre de l'académie européenne de poésie, des comités de la revue Europe et du journal mensuel Aujourd'hui Poème.

Les objets se sont endormis, tu parles
dans leur sommeil, ils tombent
sans retour dans la parole.

Tu écoutes en eux d’obscures clameurs,
des confidences, des énigmes, des colères.

Avec les mots commence le monde
tu es dans le vertige immobile des choses
fixant l’horizon indécis du Temps.

Lionel Ray, Comme un château défait, suivi de Syllabes de sable, préface d’Olivier Barbarant, Poésie/Gallimard n° 398, 2004, p. 50.

Poésie, tu t'éloignes sans apparence de douleur,
Cela fait longtemps déjà.

Mais les arbres et les routes sont toujours là,
Les maisons résistent, les matins ré-apparaissent

Avec la liberté sans déchirure des vents,
La suave pluie, les baisers de rencontre,

[...]

Ainsi les voix que nous aimions sont à jamais
Glacées, captives de l'ombre et de l'opacité,

Sauf un enfant peut-être qui aura perdu le sommeil
Et qui regarde
l'éblouissante nuit.

Lionel Ray, Matière de nuit, suivi de Eloge de l'éphémère, nrf Gallimard, 2004.

Terre au-devant de nous.
l’accent mobile des toits.
les villages de plein vent. l’écart des routes.
où sommes-nous ?

l’air étal sans retombée
vague après vague les heures les années
le manque et la douleur

lieu imaginaire lieu vrai
il fait un vent de rossignol et de forêt
vers la ville.

Lionel Ray, Le nom perdu, poèmes, Gallimard 1987, p. 27.

C'est ainsi qu'ils s'éloignent
                                    les fleuves
toujours plus loin
                   et jamais ne reviennent
si proches pourtant
                                      avec la vie
qui lentement

                      ne s'attarde pas.  

Lionel Ray - extrait de Un besoin d'azur, dansPages d'ombre suivi de Un besoin d'azur, éditions Gallimard, page 68.

 

• Une présentation sur le site du printemps des poètes
• Une note de lecture sur Pages d'ombre suivi de Un besoin d'azur par Claude Michel Cluny
• Une note de lecture sur L'ordre du sable par Jacques Ancet
• Lionel Ray ou la modernité se moque de la modernité, par Jean Paul Giraux
• D'autres notes de lecture sur le site Incertain Regard

• Les Métamorphoses du biographe ; suivi de la parole possible. – Gallimard, 1971
• Lettre ouverte à Aragon sur le bon usage de la réalité. – Paris : Les Editeurs français réunis, 1971
• L’Interdit est mon opéra. – Gallimard, 1973
• Arthur Rimbaud. - Seghers (Poètes d’aujourd’hui ; 230), 1976
• Partout ici même. – Gallimard, 1978
• Aveuglant aveuglé. – Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1981
• Le Corps obscur. – Gallimard, 1981
• Nuages, nuit : poèmes. – Gallimard, 1983
• Empreintes. - Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984
• L’Inaltérable. - Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984
• Voyelles et consonne. - Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984.
• Approches du lieu ; suivi de Lionel Ray à l'état chantant par Maurice Regnaut. – Moulins : Ipomée, 1986
• Le nom perdu : poèmes. – Gallimard, 1987
• Une sorte de ciel : poèmes. – Gallimard, 1990 (Prix Antonin Artaud)
• Douze poètes grecs. – Montgeron : La Sape, 23/24, 1990
• Comme un château défait : poèmes. - Gallimard, 1993 (Prix Supervielle)
• Syllabes de sable : poèmes. - Gallimard, 1996
• Le dessin est une mémoire : autour de l’oeuvre graphique de Le Yaouanc. – Association culturelle de la Faculté des lettres et des langues de l’Université de Poitiers : Editions de la Licorne, 1996