On ne reste jamais longtemps
devant soi, pour autant qu'on y parvienne
Antoine Emaz - Lichen, lichen
Présentation
Roberto Juarroz est né en
1925 dans la province de Buenos Aires en Argentine. Après
des études de lettres et de philosophie il se spécialise
dans les ciences de l'information et de la bibliothécologie.
Il est l'auteur de traductions, notamment d'Antonin Artaud. Il s'exile
de l'Argentine aux Etats-Unis puis en Colombie. Il a effectué
de nombreux voyages et devient expert de l'Unesco dans de nombreux
pays d'Amérique Centrale. En 1992 il intégre le groupe
de réflexion sur la transdisciplinarité auprès
de l'Unesco. Traduit dans une vingtaine de langues étrangères,
il a reçu de nombreux prix de poésie en Argentine
et à l'étranger. Il décède à
Buenos Aires en mars 1995.
Roberto Juarroz-
extrait de Quinzième poésie verticale
Les personnages de mon rêve
sont venu converser avec moi
hors de mon rêve.
Et cela, ils n’ont pas pu le supporter.
Ils se sont sentis prisonniers
des formes truquées
de ce rêve à l’envers.
je n’ai pas su les retenir.
Je n’ai pas su créer pour eux un autre rêve au
dehors.
Un rêve véritable.
Pourrai-je me remettre à présent
à converser avec eux au-dedans ?
Roberto Juarroz dans Quinzième poésie verticale, éditions
José Corti, pages 38 à 39.
Roberto Juarroz-
extrait de Onzième poésie verticale
..
Un bourdonnement de fond
témoigne de la présence des choses .
Nous avons besoin de la parole et du vent
pour le supporter .
.
Un bourdonnement de fond
dénonce l'absence des choses .
Nous devons inventer une autre mémoire
pour ne pas devenir fous .
.
Un bourdonnement de fond
annonce qu'il n'y a rien
qui ne puisse exister .
Nous avons besoin d'un silence doublé de silence
pour admettre que tout existe .
.
Un bourdonnement de fond
souligne le froid et la mort .
Nous avons besoin de la somme de tous les chants,
du résumé de tous les amours
pour pouvoir apaiser ce bourdonnement .
.
Ou bien un soir,
sans autre condition que son ajour,
un oiseau viendra se poser sur l'air
comme si l'air était une branche .
Alors cesseront tous les bourdonnements .
.
Poèmes extraits de Onzième poésie
verticale,publiés aux Editions LETTRES
VIVES, collection TERRE DE POESIE, dans la traduction de Fernand
VERHESEN .
( Edition bilingue ).
Roberto Juarroz-
extrait de Treizième poésie verticale
Aujourd’hui je n’ai rien fait.
Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.
Des oiseaux qui n’existent pas
ont trouvé leur nid.
Des ombres qui peut-être existent
ont rencontré leurs corps.
Des paroles qui existent
ont recouvré leur silence.
Ne rien faire
sauve parfois l’équilibre du monde,
en obtenant que quelque chose aussi pèse
sur le plateau vide de la balance.
Robert Juarroz, treizième poésie verticale,
édition bilingue, traduction Roger Munier, José Corti
1993, p. 120/121
Hoy no he hecho nada.
pero muchas cosas se hicieron en mí.
Pájaros que no existen
encontraron su nido.
Sombras que tal vez existan
hallaron sus cuerpos.
Palabras que existen
recobraron su silencio.
No hacer nada
salva a veces el equilibrio del mundo,
al lograr que también algo pese
en el platillo vacio de la balanza.
Roberto Juarroz-
extrait de Quatorzième poésie verticale
13
Arrive toujours le moment
où il faut se reposer des hommes,
comme la rose du jardinier
ou le jardin de la rose.
Comme l’eau se repose de l’eau
ou le ciel du ciel.
Comme une chaussure se repose de son pied
ou un sauveur de sa croix.
Comme un créateur se repose de sa création
ou la création de son créateur.
***
13
Llega siempre un momento
en que hay que descansar de los hombres,
como la rosa del jardinero
o el jardin de la rosa.
Como el agua descansa del agua
o el cielo del cielo.
Como un zapato descansa de su pie
o un salvador de su cruz.
Como un creador descansa de su creacion
o la creacion de su creador
Roberto Juarroz, Quatorième poésie
verticale, édition bilingue, traduction de Silvia Baron Supervielle,
éditions José Corti 1997, page 42 - 43
A lire sur le site du CIRET
(Centre International de Recherche et d'études transdisciplinaires)
de larges extraits d'un numéro spécial consacré
à Juarroz (avec notamment des textes d'Octavio Paz et Roger
Munier)
Poésie
Poesía Vertical, Buenos Aires, Equis, 1958.
Segunda Poesía Vertical, Buenos Aires, Equis,
1963.
Tercera Poesía Vertical, Préface de
Julio Cortázar, Buenos Aires, Equis, 1965.
Cuarta Poesía Vertical, Buenos Aires, Aditor,
1969.
Quinta Poesía Vertical, Buenos Aires, Equis,
1974.
Poesía Vertical (anthologie), Barcelona, Barral,
1974.
Poesía Vertical (1958-1975), incluant Sexta
Poesía Vertical, Caracas, Monte Avila, 1976.
Poesía Vertical, Anthologie, Préface
de Roger Munier, Buenos Aires, Carlos Lohlé, 1978.
Poesía Vertical : Nuevos poemas, Buenos Aires,
Mano de obra, 1981.
Séptima Poesía Vertical, Caracas, Monte
Avila, 1982.
Octava Poesía Vertical, Buenos Aires, Carlos
Lohlé, 1984.
Novena Poesía Vertical - Décima Poesía
Vertical, Buenos Aires, Carlos Lholé, 1987.
Novena Poesía Vertical, México, Papeles
Privados, 1987.
Poesía Vertical : Antología incompleta.
Préface de Louis Bourne, Madrid, Playor, 1987.
Undécima Poesía Vertical, Buenos Aires,
Carlos Lohlé, 1988.
Undécima Poesía Vertical, Valencia,
Pretextos, 1988.
Poesía Vertical, (1958-1975), México,
Universidad Nacional Autónoma, 1988.
Duodécima Poesía Vertical, Buenos Aires,
Carlos Lohlé, 1991.
Poesía Vertical (Anthologie), Préface
et choix de Francisco J. Cruz Pérez. Madrid, Visor, 1991.
Poesía Vertical 1958-1982, Buenos Aires, Emecé,
1993.
Poesía Vertical 1983-1993, Buenos Aires, Emecé,
1993.
Prose
Poesía y creación, Conversations avec
Guillermo Boido, Buenos Aires, Carlos Lohlé, 1980.
Poesía y realidad, Discurso de incorporación,
Buenos Aires, Academia Argentina de Letras, 1987.
Poesía y Iiteratura y hermenéutica,
Conversaciones con Teresa Sagui, Mendoza, CADEI, 1987.
Poesía y realidad, Valencia, Pre-Textos, 1992.