On ne reste jamais longtemps devant soi, pour autant qu'on y parvienne

Antoine Emaz - Lichen, lichen

Né en 1950. Vit et travaille à Paris. Ecrit depuis quatre ans. Premières publications en revue dans Friche et Décharge, puis dans Petite, et en 2007 dans Rehauts et N4728.

1

pluie, émiettée, traverse son feuillage,
oiseau isolé dans son chant,
tous les parfums paillés, capte
le presque, le parfois,
un pressentiment,
rencontre l’homme en fragments, recousu/décousu,
on lui voit les veines, les saisons, l’incertitude,
à contre-courant du jour,
aussi le vent noueux, les rocs,
les insectes sous la pierre retournée.

2

du printemps, l’épicentre, vibrations vertes, fanaux isolés en plein ciel, assembler des brassées de pluie, les yeux sont sous verre, arrivent des froids, montent de la vallée : morceaux d’étoffe, jours froissés, la pluie redouble, nichées couvées sous crépitement, poussée de nerfs au travers des murets, écorce brûlée-craquée volcanique des oliviers, les heures cèdent, sous l’ongle

3

ensemble,
mots blessants,
pour nous atteindre,

il neige noir
au bord des yeux

table quittée brusquement, larmes,
brouillon d’absinthes, vignes à l’abandon,

(masques
posés derrière les vitres
nous séparent)

poids du jasmin

ensemble,
mots imprononcés, tout autour
d’attendre,

cœur retient ses chevaux
abeilles dans le jasmin s’entêtent

Peut être un clou au mur,
des livres, posés en épi,
une épaisseur muette,
qui tient les choses, les gris, le ciel à
la fenêtre. Regarde la rue.
Elle ne s’arrête jamais.
Chaque piéton a deux ombres. Je
est un mot plus sombre.
Efface.
Efface et recommence.
Mot à mot,
bouche à bouche.

Publications en revues :

Friche

Décharge

Petite

Rehauts et

N4728