écrire
comme on planterait des pieux dans le sol avancer tout en balisant
l’espace
décrire
un lieu où
être
contre les pieux compagnons de fortune frères désolés
rythmant l’errance à travers la distance
inscrire
sur un pal de bois la lettre qui dé signe et signe la présence
peu importe
une
celle qui
par son mouvement
imprime
là la trace
L
est Là
eLle est
le Lieu
L est L’être
lettre
la même depuis lors celle qui
commence
le poème pas encore
écrit
et cherche la main la poitrine la gorge le ventre où gîter
avant de délivrer la forme de son
corps
vibrant
*
car
pour écrire le poème
( il n’est pas nécessaire de savoir écrire)
il suffit
de prononcer
la lettre
( celle
point de départ et d’arrivée
que
le souffle souffle )
prononcer
la lettre
brève forte insistante
et écouter
ce
qui claque dans l’impact de son
son
répercuté
ce
que creuse et abrite le dessin de
son corps
levé
y
accrocher la succession d’exclamations d’interrogations
de stupéfactions qui
modèlent ouvrent déchirent
interminablement
quand
le cercle de la bouche s’
arrondit se
tord
bée
dans une abyssale interrogation muette
quand
ce qui bredouille bégaye
à travers
les interstices où se tisse l’
absence
( ce qui à l’intérieur inter
roge ronge rage )
sans fin
à travers
la lande des signes éparpillés
quand
sous l’obscur buisson des paupières
refermées
l’anse de l’enfance creuse une baie d’où
l’on aperçoit
quand
la perte et
la soif
la fuite à l’
angle du mur
le retour par
le chemin de broussailles
quand
l’énigme de quelques pas que l’on croit être
les siens
les yeux les poings
fermés
quand
l’imprononçable
le poème se fait
avec ce qui
ne s’est
avec ce qui
ne sait
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