L’œil nu
Le temps
A l’œil nu
Opalin
Mosaïque ébréchée
Une abeille besogne
L’eau du baquet croupit
Guet apens
Une table
Un calendrier blanc
Il reste à faire
Midi
étreint d’ombres blanches
En plan
Fleurs outils tuiles
Les pleurs de l’enfant
On s’assied sur les murets
La chaleur à peau nue
Sèche le vent
Le temps
A l’œil nu
Me dévisage
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Il arrive un jour où le bruit
des os disparaît
Des mains si fortes à la besogne
Du bois des engins des outils de la ferraille brûlée
Tout autour de la maison
Le chemin et le chien qui rôde
L’oiseau
La fleur de pissenlit des orties lande bruissante
Le tilleul en fleurs
Volets clos
Les os craquent d’ennui
Rien que le mot éboulis
Sous la langue
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Ecume
1
Au pied des falaises
Un fichu noir sur la tête
Elle prie des mots au large
Sa bouche enfourne deux mains
Un cri rauque écarte l’aube
Sa main sculpte un corps creux/trace une ombre
Sa main écume la lumière
On devine
La fêlure son sourire
Silhouette penchée vers l’autre rive
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Ecume
2
Un bourdonnement sous son crâne. Il regarde
sa barque sur la neige glisser vers la mer, les flocons sur les
vagues mollies.
L’écume et la neige
Un frisson
Traverser l’horizon par ce temps épais
est affaire d’homme courageux. On garde les barques au sec
sous la paille, besaces et barriques sous les jutes brunes et
poisseuses.
Chaque longue saison est prière. Partir
en mer dans la force catapulte du vent, une fête, et l’oubli
de soi
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Geste
Octobre s’incline bas
A mains nues et pleines, on creuse
Geste nu
Brumeuse
Voie de paille
Brouillon de moisson
La plaine cède à l’hiver
Cendres en semailles
Foin de copeaux
Outil
Poème
A mains nues et pleines, on écrit
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Patricia Geffroy - Mini-entretien avec Roselyne
SIBILLE
Comment travailles-tu tes écrits ?
Comme de la pâte à modeler, ou une motte de terre, ou une
pièce de bois tendre, au couteau, au rabot, au papier de verre,
au rouleau à pâtisserie. Travail à gestation lente
et durable, une marée incessante entre l'ajout et le retrait.
D’où vient l’écriture
pour toi ?
Mystérieusement je ne sais pas. Un mot et puis une porte s'ouvre.
Ecrire est pour moi une déambulation et un chuchotis.
Quel lien fais-tu entre poésie et peinture
?
Le même geste nu, la main prolonge l'élan du lâcher
prise.
Quelle serait ta bibliothèque idéale
?
A 10 ans je lisais la nuit à la lampe de poche sous mon édredon,
tous les livres que je rencontrais. Encore aujourd'hui, mais au grand
jour de mon intuition et de mes gourmandises. J'ai bon appétit.