TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Un ange à notre table-
Patricia Geffroy~ extraits ~ mini entretien par Roselyne Sibille

 

Inédits d'auteurs que nous sollicitons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’œil nu

Le temps
A l’œil nu

Opalin

Mosaïque ébréchée
               Une abeille besogne
               L’eau du baquet croupit
               Guet apens

               Une table
               Un calendrier blanc
               Il reste à faire

               Midi
               étreint d’ombres blanches

En plan
     Fleurs outils tuiles
Les pleurs de l’enfant

On s’assied sur les murets
La chaleur à peau nue
Sèche le vent


Le temps
A l’œil nu
                Me dévisage

 

 

Il arrive un jour où le bruit des os disparaît


Des mains si fortes à la besogne


Du bois des engins des outils de la ferraille brûlée
Tout autour de la maison
Le chemin et le chien qui rôde

L’oiseau
La fleur de pissenlit des orties lande bruissante

Le tilleul en fleurs


Volets clos
Les os craquent d’ennui

Rien que le mot éboulis
Sous la langue

 

Ecume
1

Au pied des falaises
Un fichu noir sur la tête
Elle prie des mots au large

Sa bouche enfourne deux mains
Un cri rauque écarte l’aube

Sa main sculpte un corps creux/trace une ombre
Sa main écume la lumière

On devine

La fêlure son sourire
Silhouette penchée vers l’autre rive

 

Ecume
2


Un bourdonnement sous son crâne. Il regarde sa barque sur la neige glisser vers la mer, les flocons sur les vagues mollies.

L’écume et la neige
Un frisson

Traverser l’horizon par ce temps épais est affaire d’homme courageux. On garde les barques au sec sous la paille, besaces et barriques sous les jutes brunes et poisseuses.

Chaque longue saison est prière. Partir en mer dans la force catapulte du vent, une fête, et l’oubli de soi

 


Geste

Octobre s’incline bas
A mains nues et pleines, on creuse

Geste nu

Brumeuse
     Voie de paille
Brouillon de moisson
La plaine cède à l’hiver

Cendres en semailles
Foin de copeaux

Outil
Poème
A mains nues et pleines, on écrit

 

 

Patricia Geffroy - Mini-entretien avec Roselyne SIBILLE

Comment travailles-tu tes écrits ?
Comme de la pâte à modeler, ou une motte de terre, ou une pièce de bois tendre, au couteau, au rabot, au papier de verre, au rouleau à pâtisserie. Travail à gestation lente et durable, une marée incessante entre l'ajout et le retrait.

D’où vient l’écriture pour toi ?
Mystérieusement je ne sais pas. Un mot et puis une porte s'ouvre. Ecrire est pour moi une déambulation et un chuchotis.

Quel lien fais-tu entre poésie et peinture ?
Le même geste nu, la main prolonge l'élan du lâcher prise.

Quelle serait ta bibliothèque idéale ?
A 10 ans je lisais la nuit à la lampe de poche sous mon édredon, tous les livres que je rencontrais. Encore aujourd'hui, mais au grand jour de mon intuition et de mes gourmandises. J'ai bon appétit.


 
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