Tu te lèves un matin et ton esprit se retrouve
contre une table vide et une fenêtre humide.
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La pluie, en ce moment, emporte les couleurs de ta robe. L’herbe
proclame son importance, un oiseau me rappelle ce que j’ai
à faire.
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que le poème soit latent
sur l’eau calme du jour qui vient
que des arbres monte le vent
qui les retient
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Comme les branches dans le blanc
l’angoisse est prise dans la neige. le
monde oublie tout, et attend
l’instant ou libéré de cette nudité
nos pensées ramifiées s’allègent.
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A partir de ce brin d’herbe
comme de nouvelles branches,
le monde pourrait croître. Un monde
d’arbres, de bras,
de regards et de fleuves :
un monde peut-être différent.
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Pendant que je dors
des milliers d’anémones, modestes
écartent les feuilles tombées il
me semble rêver
de vertes tiges, de blancs bourgeons
le duvet sous les fleurs levées
dans la naïveté du rêve droit,
et lent :
alors que s’ouvrent les anémones.
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Comment travailles-tu tes écrits
?
Je les retravaille de nombreuses fois et en laissant
passer un certain temps ; au départ, c'est souvent trop chargé,
ça frise le niais et je dois expurger à plusieurs reprises.
D’où vient l’écriture
pour toi ?
.Je pense très simplement que tout art est un
moyen de communiquer, et même que ce n'est que par l'art que l'on
peut essayer de communiquer. C'est un peu de vieilles idées mais
le langage quotidien est trop généralisant, trop restreint
à des généralités pour exprimer les expériences
uniques dont est faite notre vie intime. Ecrire est donc essayer de
communiquer, lire essayer de comprendre ce que vit (ou a vécu)
l'autre.
Quelle est ta bibliothèque idéale
?
Elle est composée de livres que je n'ai pas encore
lus, mais j'ajouterai quand même Yeats, Edith Södergran,
The heart of the matter de Graham Greene, Les cerfs volants
de Romain Gary, Karl Jaspers et les pensées de Pascal,
parce que je relis tout ça de temps en temps.
Je suis né en 1973 et....il
ne s'est pas passé grand chose depuis (si on peut dire qu'il
s'est passé quelque chose alors). J'ai découvert la poésie
à 16 ans (c'est tard) avec Yeats et...j'ai étudié
le chant classique dans plusieurs conservatoires parisiens. J'ai eu
un prof qui voulait que je fasse carrière mais... je n'y suis
pas parvenu. J'ai donc passé une maîtrise de lettres à
la Sorbonne et mon directeur de thèse s'est endormi pendant la
soutenance (j'aurais pu le réveiller en lui chantant quelque
chose). J'ai passé le Capes et ensuite j'ai postulé pour
la Guyane, Sydney et Stockholm, et je me suis retrouvé à
Chaumont. Heureusement je passe l'été en Suède,
ou en Finlande (autrefois en Laponie mais maintenant un peu moins au
nord) J'ai publié quelques poèmes sous un pseudo ridicule
dans Poésie première, et puis un article sur deux poètes
islandais le mois dernier dans la même revue, et dans Décharge,
et puis...voilà.