TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Un ange à notre table-
Thierry Radière ~ extraits De l'encadré vacille
suivi d'un mini entretien par Cécile Guivarch

 

Inédits d'auteurs que nous sollicitons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


AVEC MON PERE

en promenade je suis sans
jambes ni tête une balançoire
au fond du cœur à parcourir
à inventer la forêt de mon
enfance où déjà je ne savais
quoi faire au milieu des
arbres prisonnier du silence
avec mon père


 


DEPUIS LONGTEMPS


j’en oublierais de vouloir
être heureux si cet état
existe vraiment à moins
que son bout de nez ne soit
qu’une grimace de clown
à la face de ma fenêtre
donnant sur mon surplace
d’enfant resté scotché
aux murs d’une grotte
triste sans espoir d’être
un jour repeinte comme
je le veux depuis longtemps

 


CE SOIR


et toutes ces questions auxquelles
je ne peux répondre ce soir sont
une vie par moment que je dois
saluer enjamber inventer amortir
sans réponse à la fin que le doute
de la lumière sur mon bureau en
train d’éclairer l’attente d’une
prochaine ampoule

 

 

SE TRANSFORME

juste quand il faut
après tout se transforme
comme ce n’est plus
possible et devient
si rien n’est fait
étranger au coeur

 

AU QUOTIDIEN

j’y reviens sans cesse
à ces frôlements du
corps près des basses-
cours où les poules
pensent en pondant
et les hommes pissent
en rêvant oui toujours
un peu des deux dans
mes voyages quotidiens
juste avant d’écrire
la nuit que les œufs
donnent des bois
à élaguer des chutes
de peupliers

 

 

D’où vient l’écriture pour toi ?

L’écriture vient d’un espoir, d’un besoin, d’un rêve, d’un manque difficilement identifiables mais en même temps si évidents que la vie paraît moins terne quand on a goûté au plaisir qu’elle procure, aux portes qu’elle ouvre – à celles qu’elle referme aussi. L’écriture vient de l’enfance, toujours, je pense. L’écriture vient d’une partie de moi qui n’est bonne qu’à ça, à écrire, et que je suis obligé de laisser faire sous peine de devenir muet pour de bon.


Comment travailles-tu tes écrits ?

Tous les jours, j’alterne relectures de vieux textes écrits il y a plusieurs mois que je peaufine, corrige ou pas ; et création de nouveaux poèmes naissant comme ça sans que je sache réellement ce qu’ils donneront à la relecture les jours suivants et surtout si je les garderai. J’ai besoin de ces longs va-et-vient quotidiens entre le passé et le présent. J’écris à mon bureau près de ma cuisine et face à mon jardin en open space dans la salle de séjour, au centre de la vie et des vapeurs domestiques. Je ne supporterais pas d’aller volontairement m’enfermer dans une pièce, comme si j’étais puni, pour écrire quoi que ce soit.


Quelle est ta bibliothèque idéale ?

La bibliothèque idéale serait celle – virtuelle – qui répondrait en un clin d’oeil au son de ma voix - contrairement à la mienne complètement désordonnée et poussiéreuse et dont je ne parviens jamais à classer les ouvrages - par paresse, je l'avoue. Résultat, je perds toujours un temps fou à chercher le titre que je veux. Je rêve réellement d’une bibliothèque à reconnaissance vocale qui afficherait sur mon ordinateur le texte que j’ai envie de lire ou de relire et tout de suite, sans avoir à parcourir du regard des centaines et des centaines de livres un mouchoir à la main à cause de mes éternuements : je suis allergique à la poussière.


Thierry Radière est né en 1963 à Monthois dans les Ardennes. Après avoir fait des études d’anglais, il devient prof et déménage en Vendée, histoire de se rapprocher de l’océan. C’est toujours dans ce département qu’il habite et exerce son métier d’enseignant. Repéré sur internet pour sa prose par Daniel Labedan, ce dernier l’encourage à écrire de la poésie et lui dit qu’il est prêt à l’éditer dans sa revue numérique de poésie contemporaine états civils. Ce qu’il fait aussitôt. Ainsi il contribuera à la revue n°7 et 8 avec plus d’une douzaine de textes mis en ligne. Il publie aussi dans la revue numérique chos’e n°5, Arts et résistance n°3. Prochainement on pourra lire deux de ses poèmes dans Verso. En mars 2012, il sera dans Traction-Brabant et dans Microbe. Au printemps 2012, il contribuera à la revue Les tas de mots.

Parallèlement à son travail poétique, il écrit des nouvelles et des romans. Sébastien Doubinski accepte de publier son premier recueil de nouvelles en mai 2011 Nouvelles septentrionales aux éditions du Zaporogue. En avril 2012, sortira, toujours aux éditions du Zaporogue, un roman Le manège, petite fable sociale sur l’amitié.

 

 


 
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