TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Un ange à notre table-
Claudine Stupar Charamnac ~ Extrait d' Entredeux jour échelle

 

Inédits d'auteurs que nous sollicitons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


I

Goguenardes les pies
chair d’humain tout ça si lourd
tout ça que les vers
pas assez de plumes

Le jeu commence queue de billard
rouge éclate
contre la tempe blanche
boules roulent
Dans le trou du souffleur
Il n’y a personne



 



III

Il faut beaucoup de temps pour que se lave la voix des acquiescements des silences des graviers des saletés rauques des moisissures de l’immobile

Des années à regarder l’oiseau
se faire dévorer
les plumes encore aux dents le chat
vous fixe oh fuir où s’enfonce le puits jusqu’au lieu sans lueur pour rappeler le jour tu veux croire au silence où la pulsation noire seule habite l’espace du corps



 



VII

Assez de me manger la langue

j’en ai fini du cercle

d’entendre dans le noir
les pulsations
sourdes

le futur antérieur palpite un dernier souffle et ne m’attendrit plus

à présent je te parle



   

 

IX

Tendu entre

pas dire les mots trop grands

cacher murmure pourrait
faire rire
le bouc qui va mourir

tendu le fil extrême

je suis d’avant l’archet je suis corde violon
juste avant les stridences




 

Lignes lignes de notes bousculent où sont mes passages chercher passage note basse espace du piano saturé saturé où je vais moi toi tu croises me croises en croix je suis barrée passer où glisser les doigts attends attends plus de moi je ne trouve plus mes bords

 

De l’une à l’autre doigts touchent peau où commence territoire terres croisées
Boise soi froisse à peine et tresse d’espace le lien ne pas lâcher les lignes des lieux du lien rien à lire mais tout se lie

Espaces espaces dépliés je vois se déployer des routes et des traces et je pose mes pas dans ces traces je me fonds chemins déjà tracés chemins déjà usés va plus loin après les cartes il y a du bleu d’improbables matins



Comment travailles- tu tes écrits ?

Le souffle, la voix, je les oralise intérieurement, la mise en page est une application de la mise en voix, les silences, les respirations sont marqués par les blancs plus ou moins importants.
Ensuite, je suis toujours sur ce difficile chemin de crête entre fluidité et maigreur…

D’où vient l’écriture pour toi ?

Cette question ouvre un abîme…je ne suis pas sûre de vouloir en approcher.
Ou disons que l’écriture permet de tourner autour. Et de ne pas tomber.

Ta bibliothèque idéale ?

Elle serait énorme…mais pour tenter l’ascèse d’une bibliothèque minimale :
- la prose de Duras à partir de Lol V. Stein, dans la respiration de laquelle paradoxalement, j’aime retrouver ma respiration poétique ;
- Il y aurait une anthologie de Haiku, l’œuvre de René Char, Jacques Rebotier et James Sacré ;
- Et si possible,un recueil de Hélène Mohone, Anne Cloutier, Edith Azam, Albane Gellée, Fabienne Yvert, Valérie Rouzeau, Jean Pascal Dubost, Arno Calleja…
- Il y aurait des romanciers japonais de Kawabata et Inoué à Murakami ;
- Et sans aucun doute, Ecrits sur l’art et Pensées détachées de Jean Marie Pontévia ;
- Et des calligraphies de Fabienne Verdier ( Entre ciel et terre).

Charamnac Stupar Claudine, professeur agrégée de lettres, créatrice de Singulier Pluriel, le Printemps des poètes à l’Iufm d’Aquitaine (2000-2010), réalise des spectacles de poésie (La Résistance du Magnolia avec la chorégraphe Isabelle Lasserre, 2009) auteur de livres d’artiste : Lunatiques, Les arbres ne sont pas de bois, et, à La Gabouliane Edition, d’un recueil, Pulsations, d’un oratorio Marchands de sables et de vague (compositeur Christian Lauba, représenté en 1993 à Bordeaux, Blois , Les Sables d’Olonne). Quatre fois rien est paru en 2009 dans le livre d’artiste Diafragments de la plasticienne Nicole Morello.

 
Textes et photos - tous droits réservés