Courir au cinéma le dimanche
ça change les idées
sans crainte de tomber
une seule pensée en tête
c’est suffisant comme cela ?
Etat général : vernis
je travaille bouge souris même
j’aime vae victis
ligne de fuite
ce qui ne s’atteind pas.
Le cœur : arrêté
imaginaire : fracturé
la marche brisée
l’état est stationnaire.
Sortir sans hâte
si c’est du monde
par la nudité de l’enfant
proche du lila part manquante
tes nœuds dans les cheveux
mes ongles pour papa.
Etre désert parole pierre
le gravier clou rouillé
si tu n’as pas pris ce virage
pourquoi t’asseoir déjà ?
il y a derrière toi tout le possible.
Quelle importance le droit
si tu n’as pas repris la route
la station et le banc
devant le I du pin?
Les autres disent : tu vois
petit à petit tu deviens déraisonnable
nous saurons d’une traite t’asseoir
te replier vers ton bien.
Sans eau sans miettes ni repères
renverser la boille de lait
tirer du pied un trace sur la pente
tâtonner avec rien.
Des nuages polissent l’étoile nord
creusent dans le roc une caverne de prière
bailler jour nuit faire un ourlet
sur les coutures de l’aube
tu peux te coucher tu peux même
marcher sur les crêtes en chantant.
Les plumes bistres les yeux rouges
avec le vent bâtir de l’invisible
jouer avec deux pierre sur trois
et recueillir sous la bise des pives bleues.
Ton ombre m’attire par les mains
sur les galets trier le sable
mes os deviennent calques et craies
je dis oui à je meurs c’est bon
je dois m’attacher à ce tronc
et devenir impossible.
Prendre le petit oiseau en main
dire oui et repartir joyeux
avec l’envers comme le reste.
Ni êtres ni choses à ta merci
ni animal ni soleil
ta propre merde dans les yeux
et ton sourire en toile de fond.
Si tu penses aller vite et dire :
vois je vole tourne quand je veux
je peux croiser les territoires
ta racine remonte dans le sol.
Les oiseaux volent rapprochés
leur pesanteur est poussière.
Elle a vu l’ours venir elle l’a vu
comme personne s’arrêter sur la pente
donner aux baies une couleur dénaturée
son cri violent silencieux.
Elle pose des pansements sur les rebords des fenêtres
si jamais
écrit des signes en cachette
sur des épluchures de pommes
avant de les manger
regardant les sommets d’un air inquiet.
Je viendrai à bout
de la douleur la souffrance
au bout du tunnel et de l’encre
je viendrai à
la remise de peines
minerais salé de ma montagne.
Sur la table bancale
une feuille et une enveloppe
brûlées par endroits
et déchirées à d’autres.
Elle bâtit dans le noir
un territoire de vent et d’ouverture
balisé par des planches.
D’avoir été pris dans le bruit
failli mourir failli
après le soulèvement
rogner les rebibes des orages
ailes d’abeilles comme des pétales de cire
façonner la lumière.
Demande de couvertures
le minimum de chaleur
la caresse de ta paume
savoir où s’arrête commence
la frontière du lien plus fécond.
T’élever cela dépend
du loquet du moineau
de la rapidité des griffes sur ta peau.
Je ne bouge plus
je dois poser un toit de pluie
des herbes hautes sur mon pain.
La buse bris du bois
ma hache vers la cime
tu dors
tu ne veux pas sortir de là ?
L’écho : il y a la fragilité
le devenir et la mort
mille manières pour la perte
mille maisons pour l’amour
écrire à reculons ton nom
c’est bon pour repartir.
Tu ne relèves plus les pièges
tu n’as jamais été aussi vive
pour cautériser les plaies.
Ne plus se soucier de rien
ne nourrir ni les chiens ni les chats
ne plus se laver même
louer la porte ouverte
le vent poudroie
l’eau savonneuse du torrent.
Avant la nuit
avoir oublié l’objet de ma quête.
M’asseoir au sol
tracer le cercle
simplement tout début
mettre une main devant les yeux.
Au dépouillement
prendre tout de même
la part perdante
tout t’attacher.
Tu ne peux rien nier
ni ombre rire ni rocher
un petit abri pour mes pleurs
c’est mieux qu’une vieille souche
une ruche dans les blés.
Je ne sais plus le tiède
seul le glacé le bouillant
je garde ma faim blessure intime
l’œil sur la pierre le chemin
je ne sais plus
le chemin pour faire court.
L’orage elle rit
la pluie la terre
au muret le fenouil
les lignes de groseilles
si elle se couche dans l’herbe
j’y relie ton visage.
Reprendre sol
racines emplacement
décaler l’ermitage
aller ici là-bas le vers.
Elle est à la terre pour
réfléchir la lumière
offrir à la pente un passage
tu m’attends à la rivière okay ?
Il faut ressortir par la forêt
passer le gué le bois couché.
non pas: "poussière tu étais poussière
tu deviendras"
mais:
"eau tu étais eau tu reviendras".
un
deux trois
partez !
Savoir sa trace l’oublier
hors l’action des nuages
nos morts ont émigré
nos âmes récitent Mater Nostra
en avant en arrière
sur les terriers des putois.
Tu cherches et l'autre t’attend.
L'amour est l’habitation large
on y loge le ciel et la terre
tous les sourires dans le bois
toutes les peines disent je t’aime.
Ma voix, putain.
Frontière gardée de l’est
frontière gardée de l’ouest
tu peux abandonner l’abri
tu peux te redresser bâtir
un petit abri dans ma paume
Ma voix.
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