La
ville de Ian Monk est Plouk Town, Plouk ou bien Town. Ian Monk
ou celui qui regarde les plouks ou les gens, les gens plouks quoi dans
une plouk town pleine de vie ou même un peu pourrie c’est
au choix. Il y a de tout dans une ville, il y a la mère fille
qui se fait un quick, il y a celle accoudée au zinc chez les
turcs, il y a ce fonctionnaire de merde, il y a les mômes à
huit chez champion, il y a ses voisins qu’on traite de racaille,
il y a les crottes de kiens, il y a le barman qui se sert un kir balaise,
il y a Jennifer qui dit qu’elle a peur la nuit, il y a le plouk
qui parle cinq langues étrangères, il y a des bandes de
naze, il y a tout ça dans plouk town et partout dans plouk town
: le square, la maison, la banque, le supermarché, le bistrot,
le trottoir rempli de crottes de chien. C’est un long poème
Plouk Town. Un poème où tu te crois presque dedans tant
c’est vrai, ça respire Plouk Town. Pas toujours le bon
mais ça respire. Ca montre les gens Plouk Town, cette
société où l’on vit, cette société
où il y a plein de trucs de merde.
Si on en vient au type, à celui même qui
vit dans cette Plouk town, Ian Monk anglais de coeur, Lillois
d'adoption. C'est à croire que ce n'est pas que de Lille dont
il nous parle mais bien d'un peu toutes ces villes qui couvrent notre
plouk planet. Pour causer de Ian Monk lui même, on le définit
comme membre de l'oulipo, écriture sous contraintes donc. Ici
dans Plouk town, poème de 166 pages, les contraintes
sont présentes, mais changent au fil des pages. C'est d'ailleurs
une belle performance que de tenir sur autant de pages pour une plouk
town et sûrement que tout n'a pas été dit,
fallait bien à un moment s'arrêter.
Voici ce qu’en dis l’éditeur :
« Suite poétique rigoureusement organisée
– onze parties composées chacune de x poèmes de
x2 vers de x mots allant d’un (donc une section d’un seul
mot) jusqu’à onze (donc 11 poèmes de 121 vers de
11 mots) - Plouk Town contient bien d’autres contraintes formelles,
qui contribuent à donner au texte son rythme, son souffle. Mais
Plouk Town n’est en aucun cas réductible à une suite
d’exercices de style. Il s’agit au contraire de réaffirmer
la possibilité pour la poésie de parler de tout et d’assumer
une dimension narrative, tout en se tenant à une stricte construction
formelle. »
http://www.cambourakis.com/spip.php?article10
Il y a du tonus dans cette écriture, l'envie parfois de crier,
envoyer son coup de gueule à la face du monde, quoi. C'est rythmé
et ayant eu le plaisir d'assister à une lecture publique de Ian
Monk à Nantes,
oui, c'est captivant de l'écouter. On se demande jusqu'où
Ian Monk peut aller quand il explore un sujet (ex : explorer tout ce
qui se trouve dans des containers).
Voilà un poète que j'ai bien envie de suivre, je crois
qu'il n'a pas finit d'étonner.
si on se faisait un Quick
y a même pas dans ce
quartier de merde que des kebabs
et pour les fringues c’est
pareil faut aller en ville maintenant
rien à faire à chaque fois
qu’un truc pour mémé ferme
on se dit génial peut-être
un machin cool enfin et puis
c’est quoi soit encore un
truc de kebabs soit un truc
d’accessoires pour bagnole soit un
truc de téléphone pas cher pour
que tous les frisés peuvent appeler
chez eux sans donner un rond
à France Télécom tu veux que
je te dis merde voilà quoi
ce qu’on a besoin quoi
c’est une bonne claque quoi
pis merde on va se prendre
un kir quoi chez les Turcs
on y entre déjà cette porte
de merde avec la putain de
poussette qui se coince et personne
qui t’aide avec l’autre
qui couine maman maman l’autre
qui fait je veux une glace
on donne un coup de coude
ça vire on entre ta gueule
toi toi assis toi aussi on
va s’acheter des clopes déjà
bordel vos gueules un marlboro déjà
un morpion un scorpion non deux
puis un kir putain l’autre
perd sa tétine encore ramasse crache
lèche puis on l’enfonce silence
D’autres liens et poèmes à lire :
http://www.oulipo.net/oulipiens/IM
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ian_Monk
Cécile Guivarch
Décembre 2008