TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Voix du monde

 

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Six poètes Nordiques ~ Traduits par Romain Mathieux





August Strindberg
(Suède, 1849-1912)
Månsken
I dalen bland grönskande alar
där sorlar en liten å ;
i tuvan sitter en snäppa
och lyss med undran därpå.
I dalen där rullar och bullrar
en nylackerad landå,
och ån och snäppan de tystna
och höra med bävan på.
Där uppe står skyhöga alpen
och skådar föraktligt ned
på bullrande krypet i dalen,
och vårdar sig ej bli vred.
Men högst på himlen står månen
och lyss till snäppan och ån ;
hon kysser fjället på pannan
och speglar sig i landån.

Clair de lune
Dans la vallée parmi les aulnes verdoyants
murmure une petite rivière ;
dans l’herbe il y a une bécasse
qui écoute avec étonnement.
Dans la vallée roule et bruit
un landau nouvellement verni,
la bécasse et la rivière se taisent
et écoutent en tremblant.
Là-haut sont de hautes montagnes
qui regardent en bas pleines de mépris
la bestiole bruissant dans la vallée,
elles ne daignent pas se fâcher.
Mais plus haut dans le ciel est la lune
elle écoute la bécasse et la rivière ;
elle embrasse la montagne sur le front
et se reflète dans le landau.

 




Gustaf Fröding
(Suède, 1860-1911)
I ungdomen
Det glittrar så gnistrande vackert i ån,
det kvittrar så lustigt i furen.
Här ligger jag lat som en bortskämd
son
i knät på min moder naturen.
Det sjunger och doftar och lyser och
ler
från jorden och himlen och allt jag ser.
Det är, som om vinden ett budskap
mig bär
om lyckliga dagar, som randas,
mitt blod är i oro, jag tror jag är kär
- i vem ? - ack i allt, som andas.
Jag ville, att himlens och jordens allt
låg tätt vid mitt hjärta i flickgestalt.

La jeunesse
Tant d’étincelles qui brillent dans l’eau,
cela gazouille si gaiement dans les sapins.
Je suis étendu là comme un enfant gâté
sur les genoux de ma mère la nature.
Cela chante et embaume et luit et sourit
de la terre au ciel et en tout ce que je vois.
C’est comme si le vent me portait un
message
de jours heureux, qui arrivent,
mon sang est troublé, je crois que j’aime
- qui ?- tout ce qui respire.
Je voudrais que toute la terre et tout le ciel
comme une jeune fille soit près de mon
coeur.

 




Sigbjørn Obstfelder
(Norvège, 1866-1900)
Jeg ser
Jeg ser på den hvide himmel,
jeg ser på de gråblå skyer,
jeg ser på den blodige sol.
Dette er altså verden.
Dette er altså klodernes hjem.
En regndråbe !
Jeg ser på de høje huse,
jeg ser på de tusende vinduer,
jeg ser på det fjerne kirketaarn.
Dette er altså jorden.
Dette er altså menneskenes hjem.
De gråblå skyer samler sig. Solen
blev borte.
Jeg ser på de velklædte herrer,
jeg ser på de smilende damer,
jeg ser på de ludende heste.
Hvor de gråblå skyer blir tunge.
Jeg ser, jeg ser...
Jeg er vist kommet på en feil klode !
Her er så underligt...

Je vois
Je vois le ciel vaste
je vois les nuages gris-bleu,
je vois le soleil sanglant.
Cela est alors le monde.
Cela est alors le foyer des mondes.
Une goutte de pluie !
Je vois les hautes maisons,
je vois les milliers de fenêtres,
je vois les vergers lointains.
Cela est alors le monde.
Cela est alors le foyer des hommes.
Les nuages gris-bleu se
rassemblent. Le soleil s’éloigne.
Je vois les hommes bien habillés,
je vois les dames souriantes,
je vois les chevaux bruyants.
Comme les nuages gris-bleu
s’alourdissent.
Je vois, je vois…
Je suis bien arrivé

 




Eino Leino
(Finlande, 1878-1926)
Mä metsän polkua kuljen -
Mä metsän polkua kuljen
kesä-illalla aatteissain
ja riemusta rintani paisuu
ja ma laulelen, laulelen vain.
Tuoll' lehdossa vaaran alla
oli kummia äskettäin,
niin vienoa, ihmeellistä
all' lehvien vehreäin.
Minä miekkonen vain sen tiedän,
minä vain sekä muuan muu
ja lehdon lempivä kerttu
ja tuoksuva tuomipuu.

Je marche dans la forêt -
Je marche dans la forêt
dans mes pensées, un soir d’été,
la joie gonfle ma poitrine
et je chantonne simplement.
Dans la forêt, sous la montagne
là-bas, arriva, c’est étrange -
un doux prodige, récemment,
là-bas, sous les feuilles vertes.
Moi seul je sais
moi seul et quelqu’un d’autre
et la fauvette du bois, amoureuse,
et le merisier parfumé.

 




Edith Södergran
(Finlande, 1892-1923)
Jag såg ett träd...
Jag såg ett träd som var större än alla
andra
och hängde fullt av oåtkomliga kottar ;
jag såg en stor kyrka med öppna
dörrar
och alla som kommo ut voro bleka och
starka
och färdiga att dö ;
jag såg en kvinna som leende och
sminkad
kastade tärning om sin lycka
och såg att hon förlorade.
En krets var dragen kring dessa ting
den ingen överträder.

Je vis un arbre…
Je vis un arbre qui était plus haut que
tous les autres
et qui était lourd de fruits inaccessibles ;
je vis une cathédrale aux portes ouvertes
et tous ceux qui sortaient étaient pâles
et forts
et prêts à mourir ;
je vis une femme qui, souriante
et maquillée
jouait son bonheur aux dés
et je vis qu’elle perdait.
Un cercle était tracé autour de ces choses
que personne ne franchit.

 




Steinn Steinarr
(1908-1958)
Landslag
Þessar gulbleiku hlíðar
þessi grásvörtu fjöll,
þessi litlausi himinn
í haustsins þögn.
Það er eins og maður horfi
á andlit sjálfs sín
í holum spegli.
Og maður þekkir ekki framar
andlit sjálfs sín,
því það er dáið.

Paysage
Ces flancs de montagne jaune pâle
ces montagnes vert sombre,
ce ciel sans couleur
dans le silence de l’automne.
C’est comme un homme regardant
son propre visage
dans un miroir concave.
Et l’homme ne reconnaît plus
son propre visage
car il est mort.


 
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