TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Voix du monde ~ Fabio Pusterla traduit par Mathilde Vischer

 

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Descendant dans la vallée

 

Le fond de la vallée apparut au tournant, lieu
inattendu, bas, en ruine,
où l’on voyait des taches de maisons, incertaines,
unies et séparées, entre des nuages de fumée
et des ruelles minuscules, menaçantes. On annonçait
la fatigue de la traversée, le passage
de la liberté à une justice commune, toujours ardue,
lumière sale, partagée.


*

Un discours s’ouvrait comme une ombre. Là-bas
tout aurait été plus difficile,
plus vivant et plus précaire.
Murs d’os ou de mots,
le mystère des autres. Yeux
tournés vers une autre vie qui t’ignore
et pour cela te libère, peut-être.

*

Vers le bas tout en bas vers
ce qui trouble et pèse, qui
ne sauve pas, n’ouvre pas. Encore
sans nom, l’étranger t’attend avec son regard
limpide et autre qui te révèle
à toi-même, à ta limite, et à ce que
tu désires vraiment, qui te meut, que tu ne peux avoir.

*

Tu tiendras ta misère dans la main
comme un petit feu qui éclaire.
Et combien de points lumineux dans la nuit,
de bonté possible. Combien de visages
inaccessibles.

*

Descendre pour monter :
avec les autres, peut-être ? Et cette lumière,
cette lumière haute qui fuit et nous appelle
saura-t-elle nous attendre ? Limpide,
tiendra-t-elle ?

*

Cercles imparfaits. Morceaux de bois,
petits os d’animaux, pierres et déchets
ou symboles, signaux mystérieux.
Villages dans la nuit, foyers.

Lourd et aveugle, le sommeil. Et la fatigue.

*


Dans les bois et sur les versants les plus abrupts
quelques traces. Caché,
le signe d’une aventure. Et les points
où l’on peut boire. L’écorce d’un tronc
qu’une main a entaillée.



SCENDENDO NELLA VALLATA

Il fondovalle apparve dalla curva, improvviso
luogo basso, diroccato,
dove macchie di case esistevano incerte,
unite e separate, tra sbuffi di fumo
e strade minime, minacciose. Si annunciava
la fatica dell’attraversamento, il passaggio
da libertà a comune giustizia, sempre ardua,
luce sporca condivisa.

*

Un discorso si apriva come un’ombra. Laggiù
tutto sarebbe stato più difficile,
più vivo e più precario.
Muri d’ossa o parole,
il mistero degli altri. Occhi
rivolti a un’altra vita che ti ignora
e per questo ti libera, forse.

*

Giù verso il basso verso
quello che intorbida e pesa,
che non salva e non apre. Ancora senza
nome, lo straniero ti attende col suo sguardo
limpidamente alieno che rivela
te stesso a te, il tuo limite e la cosa
che davvero desideri e ti muove e non puoi avere.

*

Terrai la tua miseria nella mano
come un piccolo fuoco che rischiara.
E quanti punti di luce nella notte,
quanto possibile bene. Quanti volti
irraggiungibili.

*

Scendere per salire:
insieme agli altri, forse? E quella luce,
quella luce alta che fugge e che ci chiama
saprà aspettarci? Tersa,
si manterrà?

*

Cerchi imperfetti. Legni,
piccole ossa animali, pietre e scarti
o simboli, segnali misteriosi.
Villaggi nella notte, focolari.

Pesante e cieco, il sonno. E la fatica.

*

Nei boschi e sui versanti più scoscesi
qualche traccia. Dissimulato,
un segno di avventura. E i punti dove
è possibile bere. La corteccia di un tronco
che una mano ha intaccato.

Pusterla, Luogo basso, édition bilingue, gravures de Jean-Michel Jaquet, Edizioni Sottoscala, Bellinzone, 2009.

 
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