Présentation |
1 - Comment les éditions
de l'Atlantique sont-elles nées ?
Elle a été un prolongement d’activités
antérieures au service de la poésie : un site internet,
créé en 1997, présentant les textes et bio-biblios
d’une centaine de poètes; une revue, initiée
en 2001, Saraswati (revue de poésie, d’art
et de réflexion), etc. La suite logique de tous ces travaux
débouchait très naturellement sur l’édition
papier.
2 – Je me souviens
avoir passé de longues heures sur votre site internet, au
début des années 2000, époque où j’ai
commencé à lire de la poésie. C’était
une mine d’or pour moi. Est-ce que la maison d’édition
vous la voyiez comme une suite à ce site, quelque chose en
partage ?
J’ai répondu ci-dessus à la question. Vous faites
bien de souligner la notion de partage car elle est essentielle.
Ce site avait un but largement pédagogique : il voulait bien
évidemment mettre en lumière des auteur(e)s de qualité
mais aussi sensibiliser à la poésie en tant que telle…
et il semble bien qu’en ce qui vous concerne ce soit ce qui
s’est passé. Il serait intéressant de mesurer
son impact exact sur des années, ceci n’est guère
possible malheureusement.
A ce propos, j'aimerais signaler que ce site, créé
en 1997 sur un espace gratuit et "neutre", est aujourd'hui
hélas gangrené par divers encarts publicitaires qui
empêchent une lecture sereine des différentes rubriques
et poètes. Quel gâchis !
lire
la suite de l'entretien
Avertissement au lecteur
Voici un panel d'auteur(e)s ayant publié
aux Editions de l'Atlantique. Bien entendu il n'y a rien là
d'exhaustif : une anthologie complète des poètes ayant
publié chez cet éditeur paraîtra en effet bientôt
chez Michel Cosem, aux Editions Encres Vives et sur deux numéros
(sans doute en mai et juin 2013).
Les textes qui suivent ont été
publiés sur ce site en mars 2013 avec l'aimable autorisation
des Editions de l'Atlantique.
" Ceci n'est qu'un panel des auteur(e)s
publié(e)s aux éditions de l'Atlantique. Il n'a malheureusement
pas été possible de mettre un extrait de texte de
chaque poète édité(e) ".
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Editions de l'Atlantique
- extrait de Terres de mémoire ~ Andrea
Moorhead |
poèmes de guerre
#1
à Samia Boulad
tu ne pourrais pas boire le verre écrasé
moulu comme un café trop dur trop noir trop amer
les molécules résisteraient ta langue ta gorge ton ventre
mêlée avec l'eau cendrée des pluies incendiaires
tu ne pourrais pas boire cette tisane de verre de cendre de mort retrouvée
© Editions de l'Atlantique et
Andrea Moorhead |
Editions de l'Atlantique
- extraits de Belles seraient les fleurs ~ Fragmentaires
~ Olivier Bastide |
Je suis ce passant qui prend l’écume
au visage ; je voudrais pour témoin la rose amertume qui
ceint l’amandier. L’envie d’éternité
prie les fleurs et le vent. C’est en haut de côte. Belle
fugue, car j’ai toujours au cœur les douces révérences.
D’autres disparaîtront. J’aurai peu d’émotion,
peu de vie. Moi-même enseveli. Mais, ce jour, rien ne tue.
Auprès de la colline, est ce rose amandier…
**
Il s’agit de t’apprivoiser. Tu seras celle des nuits,
celle des jours. Les bruits et les ruisseaux couleront à
l’identique. Parfois, je prendrai vent par mes soleils, et
tu me comprendras. Toi-aussi, tu sauveras tes pas par quelques échappées.
Cette beauté est mon pays.
© Editions de l'Atlantique et
Olivier Bastide
|
Editions de l'Atlantique
- extrait de Et la parole s'est faite nuit ~ Jean-Louis
Bernard |
(...)
viendra un temps plus habitable
fixé sur le cadran d'exil
hors de ces parages forclos
où s'éternisent les ornières
on y parlera du fragile
des conspirations dictées
juste à l'instant du devenir
par quelques lames de silence
viendra ce temps mais il est tard
pour questionner nos territoires
et nos minutes et le fugace
et nos fissures impensées
graveurs de portulans perdus
enfants d'une aventure morte
saurons-nous écrire le vent
entre feuillage et résurgence
© Editions de l'Atlantique et Jean-Louis Bernard |
Editions
de l'Atlantique - extrait de Regards croisés ~ Monique Saint-Julia |
L'hiver, le nu, l'oubli.
La pluie coulant à seaux
mène de petits canaux sonores
le long de la terrasse.
Le ciel retient la promeneuse par la manche.
Parfois dans le bois
comme dans un jeu de quilles
de vieux arbres tombent sur les fougères,
apeurant les corbeaux qui abandonnent
leurs cris à travers l'air,
nous laissant une morosité dans le coeur.
© Editions de l'Atlantique et
Monique Saint-Julia |
Editions de l'Atlantique
~ extrait de Résolution ~ Souffle,
Mes navires ~ Guy Chaty |
La goutte d'eau tremble et frémit
au
bout du roseau
jailli
rouge et tendu
surfaces
odorantes
La feuille apprêtée n'est pas tout à fait prête
à
recevoir cette tension extrême
Elle se plaint et s'entrouvre
nénuphar
conciliant
puis
haletant
laisse passer l'herbe familière
et
ses trains de lumière
© Editions de l'Atlantique et
Guy Chaty |
Editions de l'Atlantique
~ extraits de Le sud du soleil
~ Michel Cosem |
Nul ne dira suffisamment, définitivement, le dialogue ardu
des vagues et des rochers. L’eau se jette blanche sur les
aiguilles noires qu’elle habille et déshabille. Les
embruns ne sont pas naufragés. Ils écrivent le dialogue
des deux mondes les nuits de brouillard ou de grand vent. Ils font
aussi le trait d’union entre l’énigme et la légende
ne laissant aucun endroit secret. Matin et soir c’est la même
respiration.
(Falaises d’Urugne, Pyrénées-Atlantiques)
**
Grande traversée de terre en ce matin de couleurs vives et
de vues émouvantes sur la montagne blanche. Tout en haut
sur les crêtes quelques maisons claires parlent une langue
fraternelle. Quelques arbres fantômes poussent au milieu des
labours et servent de perchoir aux gros corbeaux qui attendent je
ne sais quoi. Parfois au milieu des sillons subsistent quelques
ruines de maisons de terre désormais perdues pareilles à
des ombres endormies. Les ailes du moulin sont arrêtées
et le petit souffle ne parvient pas à les éveiller.
(Nailloux, Haute-Garonne)
© Editions de l'Atlantique et
Michel Cosem
|
Editions de l'Atlantique
~ extraits de Créer l'ouvert ~ Valérie
Canat de Chizy |
Ecrire n'est rien
Sinon l'approche
D'un secret
Depuis toujours
Secret comme
Un enfant nouveau-né
Dans son linge blanc.
*
Tu habites
La demeure
Du linge
Les branches
Dessinent
Leur ombre
Le bleu
D éteint
Sur le blanc.
© Editions de l'Atlantique et
Valérie Canat de Chizy
|
Editions
de l'Atlantique ~ Extrait de Le portail gris-bleu ~ Jean-Pierre Farines |
Le jardin aux dahlias Mille
petits soleils Continuité en rouge
dans le soir qui descend
Laisser les fleurs cassées Laisser
les yeux en pleurs aux larmes du couchant
Mais ne pas oublier celle si douce
qui les aimait Qui voulait peindre
ce jardin sur fond de ciel suspendu
Là-bas sous la tonnelle
posé sur le vieux banc de fer
le carton à dessins
reste toujours ouvert
© Editions de l'Atlantique et
Jean-Pierre Farines |
Editions
de l'Atlantique ~ Extrait de Mon contre toi ~ Romain Fustier |
ta bouche est un étang où vont boire les chevreuils.
un étang à l’écart des routes que parcourent
le commun des mortels. lieu absent des cartes. où l’eau
a la couleur écaillée des perches échappées
dans tes yeux. du ciel où se mirent les hérons. ta
bouche accueille les chevreuils qui brament dans la nuit. qui vont
boire sur les berges de tes lèvres. à l’écart
des cartes que tiennent les randonneurs. des registres cadastraux
que parcourent les chasseurs. dans un lieu sauvage où les
perches nagent dans tes yeux. l’eau a la couleur des hérons.
ta bouche est un étang où vont boire les chevreuils.
un lieu sauvage que je marque d’une croix sur mon cadastre
mental.
© Editions de l'Atlantique et Romain Fustier
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Editions
de l'Atlantique ~ Extrait de Mai (section III), in Jardin du Causse
~ Cathy Garcia |
Jardin du causse, l’air est doux, fine pluie entre gouttes de
soleil. Chants d’oiseaux, parfum de paradis. Flammes vives,
coquelicots, calendulas, jaune effiloché du laiteron des champs,
le mauve plus discret du géranium robert, de la vesce dont
la signature s’achève en langue de papillon.
Petit bijou bleu roi, la fleur de mouron sertie
dans son calice à pointes effilées, ses étamines
roses dorées de fin pollen. Tapis d’aspérules
à collerette étoilée, leurs menues fleurs en
croix pâlichonnes.
© Editions de l'Atlantique et
Cathy Garcia |
Editions
de l'Atlantique ~ Extrait de Trois jours et trois nuits dans ma capitelle
~ Jacquy Gil |
Peut-être faut-il être là où le vent dépose
la semence, où le ruisseau s'insinue, l'abreuve.
Oh, cet espace toujours verdissant que quelques ombres à
peine clôturent ! Le ciel y est présent plus qu'ailleurs
et la terre l'engrange.
Regain : ses senteurs, ses stridulations. Tout ici se décide,
se proclame : le temps qui mûrit, le labeur qu'il apprête.
Petit carré de mémoire originelle... Le pré,
l'Univers lui confie ses atomes. Et l'on y vient couper l'herbe
haute sans que la faux jamais n'y puisse faucher l'épaisseur
du mystère.
© Editions de l'Atlantique et
Jacquy Gil
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Editions
de l'Atlantique ~ Extrait de Un seul coup d'aile dans le bleu ~ Matthieu
Gosztola |
Nous sommes dans le beau du temps
pour en explorer tous les contours qui ne sont que les déclinaisons
sensibles d’une certaine lumière à laquelle nous
sommes sensibles comme à l’amour.
À ta mort, le poème a eu un mouvement de recul.
Les arbres servent de jonction entre le ciel et nous. Les oiseaux
touchent cette jonction avec leur chant.
Le froid est la façon qu'a le souvenir d'être nu.
Il y a dans la nuit la plus trouble un jour qui arrive à
petits pas.
© Editions de l'Atlantique et
Matthieu Gosztola
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Editions
de l'Atlantique ~ Extrait de Pour quand nous ne serons plus, in Figuration
de l'amante ~ Michel Host |
Ton visage
Dans le jet des glaces
Ton visage
Que raflent les pluies
Qu’en aurai-je retenu ?
En désespoir de cause
J’oppose ton visage
À mon visage
Désagrégé
© Editions de l'Atlantique
et Michel Host
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Editions
de l'Atlantique ~ Extraits de Éphémères d'un
passant ~ Patrick Joquel |
Déjà septembre... Et le silence
particulier de sa pleine lune. Plus de cigales. Ni d'hirondelles.
Rien. Uniquement du silence. Avec durant le jour une taciturne lumière.
Un soleil bien tendre. Tout ce qu'il faut pour entrer dans la paix.
Pour respirer de lentes marches. Ou bien. Nager. Longuement. Dans
la houle fraîche. Je me repose de l'été. De ses
extravagances. De ses halètements. De ses urgences. Je m’abandonne.
Tranquille. Sans bruit. Je voudrais juste un peu plus de ce rien.
Pour m'y étaler à l'aise. Jouir avec. Totalement. Oui.
Juste un peu plus. Toujours un peu plus. Je voudrais. Encore. Je ne
m'habitue pas à la perte. Jamais. Je résiste. À
l’usure. J’essaie vraiment de résister. Septembre
me prête sa patience. C'est déjà ça
***
Dernier jour d’automne. À vivre absolument. Dans le
bleu. Dans les saveurs contrastées de l’air froid et
du soleil de midi. Tout silencieux. Avec la mer. Belle endormie.
Au loin. Couette métallique. Avec l’envie de marcher
d’aube en crépuscule. Sans aucun arrêt. Ou juste
celui du lézard. Curieux. Dernier jour d’automne. Saveur
extrême. Demain entrera l’hiver dans ma poche. Ma main
le serrera-t-il ? Je ne sais pas. Je crois tenir quand je suis juste
traversé. Quand respirer l’instant demeure la seule
merveille
© Editions de l'Atlantique et
Patrick Joquel
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Editions
de l'Atlantique ~ Extraits de Ces missiles d'allégresse ~ Anna
Jouy |
par frayeur la nuit sera longue indécente
et furieuse
comme le plat d'une claque sur la mer
avec des vagues à déjeter et le tambour
le tambour toujours de mon sein qui frappe le rappel de la peau
friable comme du diamant perdu
ma gorge est tendue comme un arc au bout d'un dernier cri
tous ces cheveux qui font brides entre des chariots de feu
je t'ai perdu comme une trace dans une eau de fortune
perdu comme un doigt dessinant l'océan
et le noir qui se noie sans cesse dans le noir
© Editions de l'Atlantique et
Anna Jouy |
Editions
de l'Atlantique ~ Extraits de Impressions du soir, in Portails de
Charentes ~ Gilles Lades |
le couchant sépare
les trémières d’un portail
d’un hameau à contre-jour
les bois résistent
de toute leur ombre
par route étale et nuit proche
l’on se tourne vers la flèche d’une église
que le soleil isole et quitte lentement
© Editions de l'Atlantique et Gilles Lades
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Editions
de l'Atlantique ~ Extrait de À la fenêtre sans rideaux
~ Marcel Migozzi |
C’est un enfant assis à la fenêtre
Sans rideaux qui dessine au couchant feu
Un nuage un toit sous les dernières
Volontés d’une fumée un
chemin
Inachevé un arbre nu d’automne
En plusieurs bras levés sans ciel des
herbes
Hérissées au bord d’un étang ridé
Noir de vieux temps personne et
c’est la nuit
Alors l’enfant dessine un soleil fou
De rayons sur sa maison matinale
© Editions de l'Atlantique et
Marcel Migozzi
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Editions
de l'Atlantique ~ Extrait de Sous la dictée de l'eau ~ Christian
Monginot |
24. Fou / Le retour (le tournant)
Le chemin va et vient, toujours d’un peu plus loin,
Bordé des mêmes herbes, mêmes odeurs,
À peine un peu plus nostalgique, alourdi de pensées
;
Avec le solstice d’hiver revient la jeune lumière,
Encombrée de fatigues nouvelles,
Auréolant la marche jusqu’au prochain soupir…
© Editions de l'Atlantique et Christian Monginot
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Editions
de l'Atlantique ~ Extrait de L'obole d'une île en automne,
séquence 13 ~ Entouré d'eau de tous côtés
~ Robert Nédélec
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(...) Il a fait jour hier, il fera jour demain, il fait jour maintenant
bien que nul ne voie plus loin que le bout de l’ombre qui
va… Fin octobre, début novembre. Le ciel est bas comme
autrefois au-dessus des landes. Qu’on l’ait quittée
ce matin, n’y soit jamais allé ou l’ait toujours
ignorée, on marche maintenant vers l’île. La
terre tremble tellement on tremble soi-même à présent,
le sang roule bleu dans la vague, et s’éclabousse de
bleu la salve, au bleu du porche de l’iris. On recherche l’air
et le vent s’essouffle. Les pages du livre aussi. On croirait
ici que mille oiseaux blancs survolent la rive…
© Editions de l'Atlantique et
Robert Nédélec
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Editions
de l'Atlantique ~ Extrait de Douceur des reliefs ~ Claude Haza |
Quelle que soit l’ouverture actuelle
à travers le jour ou à travers la nuit,
il y a un passage possible pour trouver,
même disparu dans le courant des jours,
le sens des choses, leur but incontournable.
Démarqués parmi les combats perdus
comme soldes des vieux calvaires,
ceux du présent matin
regorgent de verdeur nouvelle,
d’attraits solennels.
Qu’il faut domestiquer dans son parcours.
© Editions de l'Atlantique et
Claude Haza |
Editions
de l'Atlantique ~ Extrait de Le chemin qui serpentait sous les nuages
~ Daniel Leduc |
L'enfant regarde la mer,
ce lointain
ballotté par la houle -
qu'y a-t-il là-bas
de l'autre côté ?
Il marche sur des galets
pose le yeux sur les pierres -
qu'y a-t-il ici
au-dessous ?
Le soleil l'étire
comme un chat qui s'éveille -
qu'y a-t-il
tout là-haut ?
Son visage se reflète
dans une eau profonde -
qu'y a-t-il là,
au fond ?
© Editions de l'Atlantique et
Daniel Leduc
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