TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Bonnes maisons - Editions Henry

 

Editions Henry
Présentation
Extrait de Et cet éprouvé des ombres d'Hervé Martin
Extrait de Un amour en hiver de Cécile Glasman
Extrait de Etreinte de Christine Bloyet
Extrait de Else comme absentée de Lour Raoul
Extrait Il faut laisser la porte ouverte de Chantal Dupuy-Dunier
Extrait de Tri, ce long tri ~ Philippe Blondeau
Extrait de mon coeur coupé au sécateur ~ Amandine Marembert
Extrait de une ville allongée sous l'épiderme ~ Romain Fustier
Extrait de Un cadastre d'enfance ~ Roland Nadaus
Extrait de Pas encore et déjà ~ Luce Guilbaud
Extrait de Poète, tes papiers ~ Emmanuel Flory

Les bonnes maisons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Présentation


- Cela fait combien d’années que les éditions Henry publient des livres ?

La SARL Éditions Henry, du nom de Catherine Henry, PDG et actionnaire principal, est née en juin 2005 de la rencontre de la SA Henry, imprimeur et éditeur depuis la première moitié du dix-neuvième siècle, et d’Ecrit(s) du Nord, revue, puis association, que j’ai créée en 1994, dans le giron des éditions PPP, dirigées par Marguerite Audebert.

- Comment l’aventure de l’édition a-t-elle commencé ? Est-ce que les débuts ont été difficiles ?

Avant d’être accueillis chez Henry, nous étions, je l’ai dit, chez PPP, maison d’édition associée à un groupe de presse régional. Je donnais dans ces hebdomadaires une chronique linguistique qui avait un certain écho et suscitait du courrier. Un jour, Marguerite Audebert m’a proposé d’en éditer un florilège. Je ne voulais pas me mettre en avant et je lui ai répondu que, si elle avait de l’argent à perdre, je serais heureux qu’elle m’aide plutôt à lancer une revue de création. Elle a convenu qu’effectivement, c’était de l’argent à perdre, mais elle a financé Ecrit(s) du Nord. Lorsque le groupe auquel appartenait PPP a été racheté par un concurrent, ce dernier n’a pas souhaité s’embarrasser de poésie. Nous l’avons quitté en fondant une association Ecrit(s) du Nord, puis nous avons été accueillis par Catherine Henry qui n’oublie pas que les premiers textes de Pierre Jean Jouve ont été imprimés dans sa maison.
lire la suite de l'entretien

le site de la maison

 

Editions Henry - extrait de Et cet éprouvé des ombres ~ Hervé Martin

Sachons voir en ce peu       Cette peau
qui recouvre nos corps       nos visages
incertains                         et la naïveté

fraîche des yeux               De ces corps
humains          seulement la présence
Leurs pas      emmêlés dans les nôtres
une proximité confondue à nos voeux

 

Ils passent    dans l'impossible même
Mémoires brisées                  au jour

Je les regarde et poursuit la fragance
rassurante qu'ils laissent dans la ville
à mes pas                  leurs passages

 

Editions Henry - extrait de Un amour en hiver ~ Cécile Glasman


ton écriture si particulière
lettres comme en équilibre
je ne la trouverai plus au fond de la boîte aux lettres
bracelet de mots désormais détaché
du poignet des jours

Editions Henry - extrait de Etreinte ~ Christine Bloyet


le froissement
léger

de mes ailes
transparentes

bat à peine
un frémissement

dans la rouge
brillance

d'une bulle
de chair


Editions Henry - extrait de Else comme absentée ~ Lou Raoul


y'a une petite qui lève la main,
passe dans la cour, saute à la corde, poussent ses dents
et la fraîcheur du printemps est dans les yeux de cet enfant
dans le placard sous l'évier vieux sont
les casseroles, les sacs divers, le vinaigre blanc,
les chiffons propres,
ici ça sent le bois brûlé
tu gardes son bras levé


Editions Henry ~ extrait de Il faut laisser la porte ouverte ~ Chantal Dupuy-Dunier


Il pleut
Fraîchement remuée,
                             ta tombe.

Prêt à fondre,
       le corps,
       désormais étranger à toi
       et à celui des autres.

Il pleut sans cesse depuis ta mort.
Trois jours...

Editions Henry ~ extrait de Tri, ce long tri ~ Philippe Blondeau

 

Si la mémoire
comme une cuisine de campagne
gardait une porte ouverte sur le jardin
on s'y glisserait sans rien dire
pour dormir dans l'alcôve des feuilles
sans souci que de se souvenir
d'un cheval gris noyé dans les fougères du lac
d'un quai arasé par la pluie
ou d'une enfance
un après-midi de village
et les maisons ouvertes
où s'affairent ceux qui mourront

et tout ainsi rassemblé
nul tumulte redouté
le passé comme une limonade tiède
suffirait à notre soif.



Editions Henry ~ extrait de mon coeur coupé au sécateur ~ Amandine Marembert


à moins que le ciel ce soir ne soit qu'un bleu
    d'hématome
entre le gris de mon humeur et le crépuscule
    tombant d'un seul tenant avec mes veines
je suis perfusée au ciel
la pluie passe dans le goutte-à-goutte


Editions Henry ~ Extrait de une ville allongée sous l'épiderme ~ Romain Fustier

elle photographie ses géraniums avant de les
calfeutrer pour l'hiver et le ciel est si sombre
que le flash se déclenche comme une lumière
symbolisant l'autre qui décline avec les jours
qui s'amenuisent à l'heure où elle accomplit
ce geste qu'elle n'apprécie guère d'abriter ses
plantes alors qu'elle rêve de fleurir les balcons
de janvier de pétales rouge sang dans des jar-
dinières qu'elle remise dans une serre intime
Editions Henry ~ Extrait de Un cadastre d'enfance ~ Roland Nadaus


LA CORDE ET LE CORDON

On se dit que ça
n'est pas vrai
mais on espère
quand même que ça
l'est

Les cernes sous les yeux
des vieux
sont des nombrils d'enfance(s)
des retours de naissance(s)
des traces du cordon de la Vie

Alors on se dit que ça
va venir que ça
vient déjà et qu'on sait ça
depuis le début
- et qu'on va s'étrangler de soi -.


Editions Henry ~ Extrait de Pas encore et déjà ~ Luce Guilbaud


une mouette nous guide
au-dessus des falaises
        le vent se lève

je cherche
à la surface trop bleue de l'eau
le bateau qui rentre avec à la barre
celui qui tourne le dos

       (combien d'hommes
        mais le seul sur un bateau ?)

s'en tenir au bruit que font les pas
sur le sentier douanier
à la force du vent qui défigure
        lacunes      mais la joie...


Editions Henry ~ Extrait de Poète, tes papiers ~ Emmanuel Flory

Il dit :
"Ma mère c'est la pluie de mai
mon père la force des grands bois

je suis né entre chien et loup
un jour de sel et de givre

dès les premiers instants
j'ai eu sur la langue
le goût des choses sans nom
depuis je dors
entre deux lits de rivières
deux pages tournées par le vent"

 

Fiche proposée par Cécile Guivarch

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