TERRE à CIEL Poésie d'aujourd'hui

Bonnes maisons - Editions Les Vanneaux

 

Editions Les Vanneaux
Présentation
Extrait de Pierre Garnier ~ La forêt
Extrait de Michel Valpremy ~ Lilas-zone
Extrait de Constantin Kaïtéris ~ Héroïnes
Extrait de Michel Butor~ Octogénaire
Extrait Jean-Paul Bota & David Hébert ~ Venise
Extrait de Jacques Abeille ~ d'ombre
Extrait de Pierre Dhainaut ~ Sur le vif prodigue
Extrait de Raymond Farina ~ Une colombe une autre

Les bonnes maisons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Présentation


Une question classique pour commencer, mais quand et comment est née la maison d’éditions Les Vanneaux ?

En Picardie, je faisais partie d'une association des écrivains de Picardie créée par Roger Wallet alors directeur du CDDP de l'Oise qui bénéficiait de la présence dans ses locaux d'une petite imprimerie où s'imprimaient des ouvrages scolaires. L'idée de commencer à faire des livres m'est venue à cause de mon frère Paul, poète aussi, qui m'avait envoyé des poèmes que j'avais aimés pour que je les imprime avec mon imprimante pour en faire des cadeaux de Noël, ce que je faisais déjà régulièrement avec les miens. J'ai trouvé que son recueil méritait mieux, j'ai cherché un éditeur sympa dans mon entourage, j'ai pensé à Gérard Fournaison qui a été éditeur avec des livres jolis, faits à la main, façon chinoise ( ficelle). Gérard a aimé les poèmes et après plusieurs mois de réflexions et plusieurs lectures ( il a toujours été très lent) il allait faire le livre mais a eu une embolie cérébrale et patatras. Je trouvais que mon frère adoré avait déjà trop attendu et me suis décidée à créer une petite collection pour lui. Afin que ça ressemble à quelque chose, j'ai pensé qu'il fallait au moins trois livres pour débuter, j'avais Roger Wallet et Jean-Louis Rambour sous le coude…Ensuite ça a beaucoup plu, ( le concept de couverture et le design des petits vanneaux), Butor en a tout de suite voulu un, et d'autres, ça a "pris" très vite…

Lire la suite de l'entretien

Le site de la maison


Editions Les Vanneaux- extrait de Pierre Garnier ~ La forêt


l’arbre s’introduit dans le
poème –
il le soutient.

Dans la forêt l’enfant regarde
le fil blanc du ruisseau

ils sont beaux ces moulins
qui, simultanément,
fabriquent du vent et du soleil.

Le vent s’énerve dans la forêt
- se calme sur les routes.

 

Editions Les Vanneaux- extrait de Michel Valprémy ~ LILAS-ZONE – inventaire –


QUI DORT DANSE

(Quatre pages de bloc, 17 x 10, 5cù, agrafées au moyen d’une épingle)

La maison est fraîche, elle sent le foin et le jambon. C’est le premier jour des vacances. Il y a du soleil très-blanc au milieu de la cour, un paquet de lumière, une tonne et plus. J’attends patiemment que l’ombre des toits gagne du terrain. On ne peut pas déjà aller au bal. Dans l’arrière-cuisine, des femmes racontent qu’elles ont bu du vin le jour de leurs noces, du vin pour la première fois, le premier jour de leurs noces. Elles disent ensuite que ce n’était pas ce qu’elles croyaient, que ce n’était pas vraiment des vacances. Je veux que l’ombre recule, je veux marcher au bord d’une route en plein midi. Je veux danser tout seul au milieu de la cour, tout seul, tout de suite.

Editions Les Vanneaux- extrait de Constantin Kaïtéris ~ extrait d’Héroïnes


FEMME DE CONVERSATION ET DE FLEURS

Fil sans fin qui file dès l’enfance son désir,
sa frêle faim de mots qui danse et désire.

Elle dit ce qui la sort alors du désert
d’œil et de peau, sort sans nuance du désir.

Le temps bref fut le gong vibré du désordre
jeu de corps noués que cadence un désir.

Ans de soleil sûr fondant le désarroi,
fille-fleur, pré de vin, de sons, chance et désir.

Libre, autant que faire ce fut, et dénuement
loin des biens voulus, résistance et désir.

Si l’ordre, dur guetteur, mit en déshérence
ses rêves, en elle vit la constance du désir.


Editions Les Vanneaux - extrait de Michel Butor ~ Octogénaire


L’invitation de l’origine

Le long des parois de nacre chaude
le torrent se précipite dans le canyon
Jusqu’au buisson ardent qui s’entrouvre

Devant la caverne alchimique où frémit
l’alambic habité de jeunes ossements
qui se durciront pour paraître au jour

Avec des paupières qui s’ouvriront
bordées de cils mouillés de flammes
sur les creusets de la vision


Editions Les Vanneaux ~ extrait de Jean-Paul Bota et David Hébert ~ Venise (collection carnets nomades)


Mouette bercée à la pointe d’une palina à Orto. Elle n’existe pas plus qu’un rouleau de linoléum à mes pieds, un géranium s’encadrant aux fenêtres, liseré d’effluves. Il y a cette femme aussi étendant son linge là-bas, près d’elle, sur une étagère (de pin), jasmin, rose, etc., je lui prête le semblant d’un navire. Je dis : il s’éloigne sur des déserts d’eau, magnifiant poissons, algues, etc., passant à vol d’oiseau, les bricole (teintées de blanc), vers Murano, San Michele. Où J. Brodsky repose, immense au carré des étrangers, j’aime à m’avancer là… à ce moment, quelqu’un pour lui, cailloux (en pensée) sur sa tombe, dans le grincement d’une plate-forme – mouette ?

Editions Les Vanneaux ~ extrait de Jacques Abeille ~ d’ombre

Ombre noyée
dans la lumière livide
d’une nuit nébuleuse

Ombre
Ombre s’arrachant
au froid murmure de l’eau
pour errer entre les ruines

mais que cherchez-vous Ombre
Ombre
quelle soif vous appelle
dans l’avidité des pierres éparses
et leur ultime mutisme

Ombre
noire poussière cardée
sur le silex de votre sang


Editions Les Vanneaux ~ extrait de Pierre Dhainaut ~ Sur le vif prodigue
En haut, en bas, que doit-on dire ? ou bien devant
ou bien dans la mémoire, on tend les mains
longtemps, le plus longtemps possible, et le corps
après elles, on ne peut que prendre,
on se change en proies, on s’interrompt, déjà.

Qu’importe, le cri succède au cri de toutes parts,
le silence au silence, ce que ces noms évoquent,
sans que l’on puisse décider si c’est l’ordre
qui convient : que l’écho persévère ou qu’il s’égare,
le rythme, au moins, ne saurait s’interrompre.

Editions Les Vanneaux ~ Extrait de Raymond Farina ~ Une colombe une autre

Courbes & figures nouvelles
s’esquissent vont se précisant
au cours de la leçon visible
d’une discipline inconnue
- mi-magie mi-topologie –
parfois s’effacent aussitôt
parfois persistent se dilatent
s’allongent se déploient au loin
en d’imprévisibles cénèses
ou se resserrent se contractent
autour de quelque point
mobile & invisible

Fiche proposée par Cécile Guivarch

Recommander ce site