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Présentation |
Une question classique pour commencer, mais quand et comment est
née la maison d’éditions Les Vanneaux ?
En Picardie, je faisais partie d'une association
des écrivains de Picardie créée par Roger Wallet
alors directeur du CDDP de l'Oise qui bénéficiait
de la présence dans ses locaux d'une petite imprimerie où
s'imprimaient des ouvrages scolaires. L'idée de commencer
à faire des livres m'est venue à cause de mon frère
Paul, poète aussi, qui m'avait envoyé des poèmes
que j'avais aimés pour que je les imprime avec mon imprimante
pour en faire des cadeaux de Noël, ce que je faisais déjà
régulièrement avec les miens. J'ai trouvé que
son recueil méritait mieux, j'ai cherché un éditeur
sympa dans mon entourage, j'ai pensé à Gérard
Fournaison qui a été éditeur avec des livres
jolis, faits à la main, façon chinoise ( ficelle).
Gérard a aimé les poèmes et après plusieurs
mois de réflexions et plusieurs lectures ( il a toujours
été très lent) il allait faire le livre mais
a eu une embolie cérébrale et patatras. Je trouvais
que mon frère adoré avait déjà trop
attendu et me suis décidée à créer une
petite collection pour lui. Afin que ça ressemble à
quelque chose, j'ai pensé qu'il fallait au moins trois livres
pour débuter, j'avais Roger Wallet et Jean-Louis Rambour
sous le coude…Ensuite ça a beaucoup plu, ( le concept
de couverture et le design des petits vanneaux), Butor en a tout
de suite voulu un, et d'autres, ça a "pris" très
vite…
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Le
site de la maison
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Editions Les Vanneaux-
extrait de Pierre Garnier ~ La forêt |
l’arbre s’introduit dans le
poème –
il le soutient.
Dans la forêt l’enfant regarde
le fil blanc du ruisseau
ils sont beaux ces moulins
qui, simultanément,
fabriquent du vent et du soleil.
Le vent s’énerve dans la forêt
- se calme sur les routes.
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Editions Les Vanneaux-
extrait de Michel Valprémy ~ LILAS-ZONE –
inventaire – |
QUI DORT DANSE
(Quatre pages de bloc, 17 x 10, 5cù, agrafées
au moyen d’une épingle)
La maison est fraîche, elle sent le foin et
le jambon. C’est le premier jour des vacances. Il y a du soleil
très-blanc au milieu de la cour, un paquet de lumière,
une tonne et plus. J’attends patiemment que l’ombre
des toits gagne du terrain. On ne peut pas déjà aller
au bal. Dans l’arrière-cuisine, des femmes racontent
qu’elles ont bu du vin le jour de leurs noces, du vin pour
la première fois, le premier jour de leurs noces. Elles disent
ensuite que ce n’était pas ce qu’elles croyaient,
que ce n’était pas vraiment des vacances. Je veux que
l’ombre recule, je veux marcher au bord d’une route
en plein midi. Je veux danser tout seul au milieu de la cour, tout
seul, tout de suite.
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Editions Les Vanneaux-
extrait de Constantin Kaïtéris ~ extrait
d’Héroïnes |
FEMME DE CONVERSATION ET DE FLEURS
Fil sans fin qui file dès l’enfance
son désir,
sa frêle faim de mots qui danse et désire.
Elle dit ce qui la sort alors du désert
d’œil et de peau, sort sans nuance du désir.
Le temps bref fut le gong vibré du désordre
jeu de corps noués que cadence un désir.
Ans de soleil sûr fondant le désarroi,
fille-fleur, pré de vin, de sons, chance et désir.
Libre, autant que faire ce fut, et dénuement
loin des biens voulus, résistance et désir.
Si l’ordre, dur guetteur, mit en déshérence
ses rêves, en elle vit la constance du désir.
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Editions
Les Vanneaux - extrait de Michel Butor ~ Octogénaire |
L’invitation de l’origine
Le long des parois de nacre chaude
le torrent se précipite dans le canyon
Jusqu’au buisson ardent qui s’entrouvre
Devant la caverne alchimique où frémit
l’alambic habité de jeunes ossements
qui se durciront pour paraître au jour
Avec des paupières qui s’ouvriront
bordées de cils mouillés de flammes
sur les creusets de la vision
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Editions Les Vanneaux
~ extrait de Jean-Paul Bota et David
Hébert ~ Venise (collection carnets nomades) |
Mouette bercée à la pointe d’une palina à
Orto. Elle n’existe pas plus qu’un rouleau de linoléum
à mes pieds, un géranium s’encadrant aux fenêtres,
liseré d’effluves. Il y a cette femme aussi étendant
son linge là-bas, près d’elle, sur une étagère
(de pin), jasmin, rose, etc., je lui prête le semblant d’un
navire. Je dis : il s’éloigne sur des déserts
d’eau, magnifiant poissons, algues, etc., passant à
vol d’oiseau, les bricole (teintées de blanc), vers
Murano, San Michele. Où J. Brodsky repose, immense au carré
des étrangers, j’aime à m’avancer là…
à ce moment, quelqu’un pour lui, cailloux (en pensée)
sur sa tombe, dans le grincement d’une plate-forme –
mouette ?
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Editions Les Vanneaux
~ extrait de Jacques Abeille
~ d’ombre |
Ombre noyée
dans la lumière livide
d’une nuit nébuleuse
Ombre
Ombre s’arrachant
au froid murmure de l’eau
pour errer entre les ruines
mais que cherchez-vous Ombre
Ombre
quelle soif vous appelle
dans l’avidité des pierres éparses
et leur ultime mutisme
Ombre
noire poussière cardée
sur le silex de votre sang
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Editions Les Vanneaux
~ extrait de Pierre Dhainaut ~ Sur le vif prodigue |
En haut, en bas, que doit-on dire ?
ou bien devant
ou bien dans la mémoire, on tend les mains
longtemps, le plus longtemps possible, et le corps
après elles, on ne peut que prendre,
on se change en proies, on s’interrompt, déjà.
Qu’importe, le cri succède au cri de
toutes parts,
le silence au silence, ce que ces noms évoquent,
sans que l’on puisse décider si c’est l’ordre
qui convient : que l’écho persévère ou
qu’il s’égare,
le rythme, au moins, ne saurait s’interrompre.
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Editions
Les Vanneaux ~ Extrait de Raymond Farina ~ Une colombe une autre |
Courbes & figures nouvelles
s’esquissent vont se précisant
au cours de la leçon visible
d’une discipline inconnue
- mi-magie mi-topologie –
parfois s’effacent aussitôt
parfois persistent se dilatent
s’allongent se déploient au loin
en d’imprévisibles cénèses
ou se resserrent se contractent
autour de quelque point
mobile & invisible
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Fiche proposée par Cécile
Guivarch |