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Retour aux paysages

Une dernière chambre
un mural
de couleurs qui s'effacent
dans le ciel presque
sans ignorer
la lumière
et
quelque trace noire
d'une lumière
nomade

Le peintre
a encore
la lumière
dans ses mains
il fait bouger
les couleurs
sans être vu
il se glisse
dans la lumière

Il y a encore
dans ses mains
le feu inquiet
des couleurs
sans attendre
les cendres

Le repos
est au bord
du noir
qui respire
le ciel
presque
des cendres
la mémoire
ne fuit pas
l'oubli

La voix
Giotto di Bordone
écoute
la mort
la vie
d'une autre façon
l'oubli
nous déserte

Le noir
rappelle
la lumière
ce n'est rien
dit le peintre
la voix
retenue
d'une autre façon

La voix
encore
de silence
dans les mains
du peintre
ce n'est pas comme
mais
elle rappelle
Giotto di Bordone
elle donne les couleurs
du ciel presque
à la pauvreté

 

 

Une dernière chambre
au coeur des terres
à voix basse
la mort est
une bouche de ciel
la musique
les mots pauvres
se penchent
vers l'invisible

JG Cosculluela

 

Artiste, Jean-Jacques Barois est né à Lille en 1956. Il est mort en 2010, après avoir longtemps vécu et travaillé à Vienne en Isère avec sa compagne Mano De Caevel, également artiste. Trois enfants: Clément, Eva, Ulysse. A créé des livres avec des écrivains contemporains. En 1988, après s’être partagé entre de longs séjours en Inde, à Ceylan, au Portugal et son métier de créateur textile, il s’est engagé radicalement dans la peinture. La variété de ses supports et les effets de matières sont des éléments caractéristiques de son travail . Oscillant entre figuration suggérée et abstraction informelle, son travail s’est attaché plus particulièrement à la quête du blanc, de la transparence, de la vacuité dans la stratification de matières délicates et sensuelles. Le critique d'art et écrivain Jean-Paul Gavard-Perret dit de son travail: il s'en faut de peu pour qu'on y entende une voix dans le silence, qu'on y voit la nuit dans l'infinie pâleur de neige. Et même si le monde n'est pas là, s'y palpe sa tendre indifférence. L'air s'étire parmi les chants d'oiseaux pour qu'on survive aux forces du silence parmi les lambeaux et les rares traces qui persistent en un presque effacement. Toutefois et dans cette errance essentielle, c'est bien la tendresse plus que l'indifférence qui brûle en des suites d'écarts : il faut en accepter le don. Dérive rien que dérive. La vie encore, malgré tout et pourtant. Et ce qui tourne dedans en la seule sensation qui creuse : la sensation d'être là en dépit de l'absence. Bref, la peinture comme un soupir là où se saisit le droit de craindre le jour comme celui de craindre l'obscur même si rien semble en être " dit " au sein d'un voyage qui nous porte aux confins tant de l'image que du monde. Et le galeriste et critique d'art Michel Sottet: il est de ces artistes rares totalement habité par la peinture, dévoré par une passion intime logée au tréfonds de son être et qui le porte, le fait vivre, l'oblige à vivre dans ce monde qu'il contemple avec perplexité. Nombreuses expositions personnelles et collectives, parmi les plus récentes: Galerie des Sept Collines - Vienne (2000 & 2004), Caves de la Chartreuse – Voiron (2000), Galerie Art-Emotions Chambéry (2001), La Conciergerie-La Motte Servolex (2002), Chapelle de la Visitation – Condrieu (2002), Mostra de gravura francesa - Palais des Beaux-Arts de Curitiba-Brésil (2002), Groupe d'Art Contemporain – Annonay (2004), Cloître Saint-André-le-Bas – Vienne (2004), Château de Voguë-Ardèche (2009), Galerie Elsa Lorente – Vienne (2009 & 2010). Livres d'artistes: en 2004, avec Olivier Deschizeaux La Chambre close aux éditions Rougerie, puis en 2007, avec Bernard Duchatelle Rakshasas (coll. Les Carnets des sept collines) et en 2009, avec Charles Juliet Une langue criblée (coll. Raretés) aux éditions Jean-Pierre Huguet.Projet de livre d'artiste avec Jean Gabriel Cosculluela Le Ciel presque (Giotto) dont nous publions des extraits.