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On ne reste jamais longtemps
devant soi, pour autant qu'on y parvienne
Antoine Emaz - Lichen, lichen |
Présentation |
Jean Louis Giovannoni est né
en 1950. Il habite à Paris et a été assistant
social en hôpital psychiatrique. Il a été élève
et membre de l’équipe de la psychiatre Hélène
Chaigneau, décédée en 2010. Il a organisé
en 2011 dans le cadre du Collège International de Philosophie,
auquel il collabore régulièrement, une journée
d’hommage et de débat autour des livres d'Hélène
Chaigneau.
Son ouvrage à paraître « Voyages à Saint
Maur » nous éclaire sur ce fait que l’enfance
malaxe l’écriture tout au long d’une vie. Jean
Louis Giovannoni a fondé en 1977 la revue "Les Cahiers
du double" avec Raphaële George et a été
membre du comité de rédaction de "Nouveau Recueil"
de 2005 à 2007. En juin 2011 il est élu Président
de la Maison des Ecrivains et de la Littérature, poste qu’il
occupera jusqu’en juin 2012.
Il a obtenu le prix Georges Perros 2010.
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Jean-Louis Giovannoni
- extrait de Ce lieu que les pierres regardent
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Parmi les mots que tu écris
Y en aura-t-il un seul
Qui t’ouvrira le chemin
De ce que tu ne peux voir ?
*
Il est en nous un lieu
qui ne peut être touché
où personne ne viendra
où seule la douleur
peut parler
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Jean-Louis Giovannoni
- extrait de Les Moches |
Décalottée
La veux pour la bouche.
Sitôt
leurs sous les dents
Crissent,
Salive...
Figue fleur !
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Jean-Louis Giovannoni
- Extraits de Traité de
la toile cirée |
Les mots ont intérêt à être brefs.
Il en va de la tenue de leur corps.
Les phrases, elles aussi, ne peuvent que s’arrêter. C’est
physique.
Si le temps passé est long, il est toujours plus court que
le silence entamé par un point final.
Même un livre doit être bref. Il est difficile d’imaginer
un livre qui aurait le malheur de laisser toutes ses pages ouvertes
en même temps. Les unes voulant prendre le pas sur les autres,
occuper le premier rang. La seule chose qui resterait à faire,
serait de fermer ce livre pour en finir avec la cohue, la pression
de la multitude.
Ce n’est pas pour rien que nous laissons les livres soigneusement
fermés, serrés les uns contre les autres, limités
par des planches.
Quelle angoisse ce serait de laisser toutes ces pages battre l’air
à leur guise, aller en tous sens dans le seul but d’occuper
l’espace. L’air deviendrait vite impraticable.
Comment marcher si nous laissions les livres aller à leur libre
cours ?
De la nécessité d’être
bref
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Jean-Louis Giovannoni
- extraits de Pas japonais |
Peut-être que nos mots sont la seule
Terre où l’on peut s’établir ?
-
Écrire, c'est se tenir à côté de ce qui
se tait
A force de toujours emporter son corps
avec soi à tout instant, de le tirer vers
le dedans : pourra-t-on demeurer un jour
dans ses gestes ?
-
Si tu es porté vers ce qui n’est pas
toi,
c’est pour être augmenté de tout ce qu’il
te faut perdre
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Jean-Louis Giovannoni
- Extrait de Suaire (Texte publié
sur le site d’Angèle Paoli, avec une traduction en langue
corse.) |
Enfant, dès qu’on
me laissait seul dans ma chambre, je voyais des formes à peine
humaines sortir des murs et vouloir me parler.
Pauvres corps auxquels l’humide de la pierre donnait vie…
Dans la nuit vous cherchiez mes mains comme une délivrance
pour ne plus errer.
Aucune de vos apparitions ne portait la même tête. Des
milliers, successives, pressées de monter.
Toutes ces têtes me demandaient, secrètement, d’être
le témoin fidèle des apparences qu’il leur fallait
emprunter pour venir à la surface de ce monde, ne serait-ce
qu’un instant.
Corps de monstres voulant prendre ma ressemblance - mon visage - envieux
de ce lieu où j’habitais.
Bêtes à moitié humaines qui toute la nuit criaient
et dont la voix restait étouffée dans les murs.
Combien d’entre vous auraient aimé se serrer, contre
moi, pour un peu de chaleur.
Comment aurais-je pu vous faire passer de ce côté-ci
lorsque vos mains se dissolvaient au contact de ma peau ?
Pourquoi ces têtes de bêtes ont-elles des larmes ?
Pourquoi ces visages, demi anges, demandent-ils à mon visage
de ne plus obéir à cette main invisible qui le fait
apparaître ?
Multitude - attendez-vous mon retour ?
Vous qui n’existez, en ce monde, que par l’instance de
mes yeux – indiquez, à cet enfant enfermé en moi,
le chemin qu’il doit faire pour rejoindre son empreinte première.
Cette empreinte qu’il attend en un lieu-dit sans visage, que
seules des mains savent retrouver à tâtons. Dans le noir.
Dans son noir interné .
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Jean-Louis Giovannoni
- Extraits de Garder le mort |
On attend
depuis le premier jour
qu’on nous touche
le centre
Certains
ont voulu venir
mais n’ont pas été loin
Nous ne sommes peut-être pas
assez élastiques
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Jean-Louis Giovannoni
- Extraits deEnvisager / sous les portraits
de Gilbert Pastor |
Aucune sortie possible
Aucune
Sans visage
Sans envisager
Sur le champ
Ici où là
Avant même
(…)
Calme.
Calme.
Ne peux sortir.
Sortir hors.
Mais en dessous
Ça pousse
Cherche.
Là veut plus.
Ici
Moins
Agitations.
Agitations.
(Répète pour confirmer. Répète
pour confirmer).
(…)
Peux. Ne peux pas.
Garder. Garder visage.
Du soir au matin.
Même
Identique.
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Jean-Louis Giovannoni
- Extrait de Ne Bouge pas ! |
Noir insiste.
Force entrée.
Jeune fille. Au milieu.
Gagne vêtements.
Inversion. Blanc attaque.
Passerelle vide.
Gerce. Bois sur bois.
Ciel. Vent. Immobiles.
Au bout. Ne vois pas.
Horizon en deux. Coupé.
Passerelle. Suspendue.
(…)
Ultime étape.
Noir incendié. Arbres. Comme allumettes.
Blanc.
Renonce.
Un peu. Sur troncs. Encore.
Puis cèdent.
Douleur.
Douleur.
A jamais fixe.
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Jean-Louis Giovannoni
sur internet |
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Bibliographie
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– Garder le mort, Ed. Athanor (1ère éd. 1975,
2ème 1976) ; 3ème in « Les Choses naissent
et se referment aussitôt », éd. Unes 1985 ;
4ème Ed. Unes, 1991, 5ème (réed. Avec une
préface de Bernard Noël (1976), suivi de « Mère
») : fissile éditions, 2009.
– Les mots sont des vêtements endormis, Ed. Unes,
1983.
– Ce lieu que les pierres regardent, (Préface de
Roger Munier) Ed. Lettres vives, 1984 (réed. sans la préface)
: Lettres vives, 2009.
– Les Choses naissent et se referment aussitôt (poèmes
de 1974 à 1985), Ed. Unes, 1985.
– L’Absence Réelle (avec Raphaëlle George).
Ed. Unes, 1986
– L’Immobile est un geste (poèmes de 1985 à
1989). Ed. Unes, 1990
– Pas Japonais, Ed. Unes, 1991 (Réédition)
: Lettres vives, 2009.
– L’Invention de l’espace, Ed. Lettres Vives,
1992 (réed.) : Lettres Vives, 2009.
– Le bon morceau, (avec des photos de Marc Trivier), Ed.
Les Autodidactes, 1992 (réed.) : in « Traité
de la toile cirée » (sans photos), Ed. Didier Devillez,
1998.
– L’Election (avec des photographies de Marc Trivier),
Ed. Didier Devillez, 1994.
– Journal d’un veau, roman intérieur, Ed. Deyrolle,
1996. (réed.) : Léo Scheer, 2005. (avec une préface
de l’auteur)
– Chambre intérieure, (avec des reproductions couleurs
de Gilbert Pastor), Ed. Unes, 1996.
– L’Orgueil, (avec Jean-Didier Vincent et Ben), collection
: Les Péchés Capitaux, Ed. du Centre Georges Pompidou,
1997.
– Traité de la toile cirée. (Essai), Ed. Didier
Devillez, 1998.
– Greffe, (avec des reproductions couleurs de Vincent Verdeguer),
Ed. Unes, 1999.
– Parce que je le vaux bien, (version brune et version blonde),
Ed. Unes, 2001.
-Le Lai du solitaire, roman intérieur. Ed. Léo Scheer,
2005.
– Danse dedans. Prétexte éditeur, 2005.
– Jean-Luc Parant : Traité de physique parantale.
(essai), Ed. Jean-Michel Place, 2006.
– S’emparer (avec « Des monstres et prodiges
» d’Ambroise Paré), Ed. 1 : 1 ; collection
Anciens / Modernes, 2007.
– T’es où ? Je te vois ! (bilingue français/anglais)
Atelier des Grames, 2009
– Recueil comportant quatre textes introuvables, Ce lieu
que les pierres regardent (1984), Variations à partir d'une
phrase de Hölderlin (1989), Pas Japonais (1991) et l'Invention
de l'espace (1992). Préface de Gisèle Berkman. Editions
Lettres Vives
– Ne bouge pas! (avec photos de Marc Trivier), Belgique,
Éditions La Pierre d'Alun, 2011
- Envisager. (avec 5 portraits de Gilbert Pastor), Éditions
Lettres Vives, 2011.
A paraître :
- "Sangsue, Mouche verte et Cloporte"; éditions
les mains
- " Issue de retour", Editions Unes, en juin 2013
- "Voyages à St Maur", récit, Editions
Champ Vallon, en 2014.
Fiche proposée par Simone
Molina (www.inter-s-tisse.org)
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