Fin mai, j’ai eu le bonheur de rencontrer à Paris les deux femmes dynamiques, inventives et enjouées qui ont fondé en septembre 2011 l’excellente maison d’édition indépendante Les Inaperçus : Frédérique Breuil et Mathilde Levesque. J’ai bien sûr dévoré les deux opus du catalogue, édités en 2012 : N, un texte d’Éric Pessan avec des photographies de Mikaël Lafontan, et Immense et Rouge, un texte de Marie Chartres avec des photographies d’Akin Cetin. Deux bijoux, que je recommande vivement.

Quels sont vos parcours respectifs et vos rôles au sein de la maison d’édition ?

(Frédérique Breuil :) Je suis chargée d’étude au sein d’une structure régionale pour le livre. J’ai été formée aux Beaux-arts, je m’occupe de la direction artistique et des maquettes. J’ai dessiné le logo des Inaperçus, par exemple.

(Mathilde Levesque :) Je suis docteur en langue et littérature françaises et j’enseigne le français en lycée. Au sein des Inaperçus, je suis pour ma part plutôt chargée de la communication et de la diffusion. Nous nous partageons les autres fonctions.

Pourquoi avoir opté pour un système de commande de textes auprès d’auteurs ?

(Frédérique Breuil :) Les Inaperçus n’ont pas pour vocation de publier des textes déjà écrits. La maison d’édition fonctionne sur un système de repérages d’auteurs (papier ou sur le net), que nous contactons pour leur demander de travailler avec nous. Leur texte doit nécessairement être inédit et écrit en fonction du projet à quatre mains que nous leur proposons avec un plasticien.

(Mathilde Levesque :) Notre idée est de faire se rencontrer deux univers, et de trouver l’alchimie entre une écriture poétique et une création plastique contemporaines. Ainsi, de la collaboration entre écrivains et plasticiens (photographes en particulier), naissent des créations originales, spécialement conçues pour les Inaperçus.

Votre ligne éditoriale en quelques mots ?

(Mathilde Levesque :) Nous privilégions les formes courtes, sur support papier ou numérique, et souhaitons faire découvrir tous types d’auteurs, y compris ceux qui jusqu’alors publiaient sous forme numérique – blog, notamment.

(Frédérique Breuil :) Les livres, imprimés en quadrichromie, sont pensés comme une série de beaux objets et valorisent dès la couverture le travail du plasticien.

Pourquoi Éric Pessan et Marie Chartres ?

(Mathilde Levesque :) Marie Chartres et Eric Pessan se sont imposés pour nous deux comme nos deux premiers auteurs. Nous avions toutes deux été séduites par l’œuvre d’Eric, et par le texte de Marie publié aux Editions du Chemin de fer : Cette bête que tu as sur la peau.

N d’Éric Pessan et Immense et rouge de Marie Chartres sont tous deux illustrés par des photographes, prévoyez-vous de mettre en scène d’autres formes d’art plastique dans vos publications futures ?

(Frédérique Breuil :) Pour l’instant, les deux plasticiens sont des photographes, mais nous n’excluons aucune forme de travail plastique : peinture, illustration, collage, etc. La collaboration est établie lorsqu’elle semble évidente aux quatre personnes engagées dans le projet : l’auteur, le plasticien, et les deux éditrices. C’est cette mise en place qui est la plus longue. On ne favorise a priori pas les collaborations déjà existantes, mais nous sommes toujours curieuses de connaître les artistes qui font partie de l’univers créatif de nos auteurs.

Comment Les Inaperçus ont-ils été reçus au Marché de la Poésie ?

(Mathilde Levesque :) Le marché a été une heureuse surprise, avec près de cent exemplaires vendus. Nous sommes ravies de cette première expérience et espérons poursuivre sur cette lancée !

Quelques mots sur la suite ?

(Frédérique Breuil :) La programmation est déjà bien engagée, mais tenue secrète pour l’instant…