Mais il y a l'écumeur des grands chemins, et le coureur des mers.

René Guy Cadou - les liens du sang

La vie est ce que le monde nous a réservé de plus étrange, de plus passionnant, même quand elle est grise ou tragique. Ce perpétuel émerveillement, on peut le dire avec des sons, des formes, des couleurs, des mouvements... J'ai choisi de le dire avec des mots. D'essayer de le dire, puisqu'il faut bien se résigner à un inévitable dérapage, peut-être à une déperdition, parfois à une expansion, de la réalité à son expression.

Orlando Jotape Rodriguez anime la micronésie poétique, un ensemble de groupes poètiques sur le net.

Un camion passe et fait trembler les branches où la saison a posé ses présents dans le ruisseau gît un paquet de clopes un mégaphone écrase les oiseaux au carrefour dansent les panonceaux comme un pavé sur le bord du trottoir on regardait trotter les jolis culs cent mille morts dans une inondation et un carnage en attentat suicide
- Reprenez donc un peu de ce gâteau

Dizain du jour marcheur ô scolopendre
que veux-tu dire au ciel et pis que pendre après ce non retentissant des urnes laissant les chefs stupides incrédules la voix du peuple a de ces duretés il faudra bien écouter les chaumières et cependant dans l'ombre de l'humus fraient leur chemin les taupes les racines les galaxies ne perdent pas le cap les amoureux sont à leurs rendez-vous

Les murs sont blancs à l'angle des journées l'angoisse prend le virage en toussant sonne une cloche et dans l'ombre des rues s'en vont les gens insoucieux des combats entre les dents serre une rose rouge le mal se lève au bout du champ meurtri qu'ont déserté oublieux de leurs chants pattes en l'air les oiseaux étouffés durcis les poings la route à l'infini s'en va vers on ne sait quels lendemains

 

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