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Mais il y a l'écumeur
des grands chemins, et le coureur des mers.
René Guy Cadou - les liens
du sang |
Présentation |
Porfirio Mamani-Macedo est né à Arequipa
(Pérou) en 1963. Docteur es lettres à la Sorbonne
Nouvelle. Il a obtenu son diplôme d’avocat à
l’Université Catholique Santa María, et a fait
ses études de Lettres à l’Université
Nationale de San Agustin (Arequipa). Il écrit poèmes
et nouvelles pour plusieurs revues littéraires en France.
Actuellement, il réside à Paris.Actuellement il réside
à Paris et enseigne à l’université Jules
Vernes
email: pmamanimacedo@yahoo.fr
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Porfirio Mamani
Macedo - Extrait de Poème à une
étrangère |
Etrangère XIX
Comment ne pas me souvenir de toi
étrangère, toi qui passais la nuit,
silencieuse, au bord de cet étrange fleuve
qui un jour déchaîné
vint inonder nos maisons.
Maintenant que tu es loin
aujourd'hui que ton absence est une blessure
et aussi un abîme
je demande aux voyageurs
ceux qui montent et descendent les chemins
s'ils ne t'ont pas vue quelque part
mais tous te prennent
pour quelqu'un qu'ils ont vu
puis ils s'éloignent
comme pour fuir mon regard.
Peut-être t'ont-ils vue sans te voir
Peut-être t'ont-ils rencontrée sans te rencontrer
Tout se tait quand au passage
des maîtres qui rentrent chez eux.
Poème à une étrangère.
Editinter, 2005.
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Porfirio
Mamani Macedo - Extrait de Au-delà du Jour |
I. AUBE
Le jour se lève, comme toujours, avec ton
souffle doux, à perturber ma solitude. Un vide a comblé
mon rêve. Des mots qui ne me disent rien. Des feuilles qui
tombent, s'amoncellent, se pourrissent en automne. Des défis
à moi dans les temps de l'oubli. Je reste assis, attendant
à une porte je ne sais qui, Aube, chaque soir lorsque déjà
le jour se meurt. Je penserai à ta forme, jour naissant qui
fus délire l'espace d'un instant. Que tous aillent chercher
ce qu'ils ont laissé. Le destin ne connaît pas de trêve.
Seuls, regardons la mer, depuis la plaine où nous sommes
nés. Aube, constant point du jour que nous espérons
tellement étreindre, nous les navigateurs. Emmène-moi,
air, arôme protecteur, à tes profanes horizons, que
jamais je n'ai fréquentés. Là-bas, je trouverai,
vent annonciateur du mal, ce que j'ai perdu. Sur tes terres en or,
oiseau solitaire, un jour je poserai ma tente. Je traverserai, Aube,
la vaste mer pour contempler le lieu, où la nuit tu habites.
Au-delà du Jour, éd. EDITINTER.
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Porfirio Mamani
Macedo - Extrait de Poème à une étrangère |
Etrangère XX
Ne me montre pas la source de l'oubli
ni le passé où habitent des souvenirs
obscures lamentations de mon être.
Laisse la mer nous emmener
aux îles profondes
celles où la douleur n'existe pas.
Là nous passerons la nuit
avec tous les rêves que nous portons
Là-bas la voix du temps
dispersera dans le vent ce que nous avons semé.
Comment rester à présent
seul avec l'immense nuit
sans savoir que faire d'elle
ni comment effacer ton visage de mes yeux noirs.
Poème à une étrangère.
Editinter, 2005.
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Porfirio
Mamani Macedo - Extraits de Au-delà du
jour |
II. HERBE
Qu'il ne reste, feu, rien
de l'hier ; ni cette étrange douleur, ni ce rêve amer
qui toujours m'a suivi. Il est tant de s'en aller, mon herbe, vers
d'autres champs, et sur les rives à la recherche d'autres
fleuves profonds. De mon instinct il reste ce sceau bleu. Que ne
résonne plus l'hier, que ne pleurent point, ô soleil,
à mon passage, les ombres humaines. O mon herbe, sème
en ton être ce lointain souvenir. Et toi mon secret, viens
te joindre à la navigation silencieuse que cette nuit, à
la rame, j'entreprends. Je n'ignore personne, silhouette qui t'approches,
qui t'enquières d'un oubli des distances. Herbe, croîs
dans mon désert afin que les oiseaux se reposent un instant
de leur longue traversée, dans mes dunes. Herbe, fécondons
la nuit. Tout à coup un son se brise, alors que nous montons
les vieux escaliers des vieux édifices. En haut nous attend
l'infini, amour que nous perdîmes dans les vallées
dépeuplées. Dans la tourmente continuons, mon herbe,
à montrer le visage qui est le nôtre. Pierres, pour
cette seule fois, laissez-moi passer jusqu'à ma tente.
III. EAU SOLITAIRE
Eau solitaire, ne me surprends plus avec ton regard.
Force inaltérable, cesse de me suggérer vents et mers
de désespoirs. Je veux avancer sur le chemin dont j'ai tant
rêvé. Laisse-moi rêver, guêpe du désert.
Depuis la brumeuse altitude tu observes l'étendue de mon
espérance. Je vais parcourir ces champs avec tout ce que
j'ai. C'est peu de choses, ce n'est que l'évidence qui est
restée avec moi malgré le temps. Je vais creuser la
terre pour trouver mes images dorées, car ce visage-là
ne m'appartient plus. A qui appartiendra-t-il ? Eau, conduis-moi
à la mer, et toi, vent vagabond, va dire aux montagnes où
je me trouve. Oui, c'est une ville aussi grande qu'un amour sans
peines. C'est là que je suis assis jusqu'à la mort.
C'est une ville ancienne baignée de coutumes modernes. C'est
là qu'en silence je me dénude pour dormir. Il fait
froid, un froid et une chaleur insupportables. Je vois le ciel nuageux
; le ciel gris de toute l'année. Eau, de toi je suis né,
à toi je reviendrai ; mais je germe, croîs et souffre
dans la terre. J'attends que revienne ma bien-aimée ; illusion
sacrée que je n'ai encore jamais vue. Où sera-t-elle
? Les nuits dans cette ville sont profondes, parfois interminables.
Chaque nuit je rêve de réalités innommables.
Seul mon esprit solitaire les crée et les détruit.
Elles restent là comme les rêves que jamais je ne vivrai
; cependant par toi je m'approche, eau qui descends les fleuves
sauvages, d'un endroit que j'ignore. Il n'y a pas de pitié
dans ton regard, tu veux seulement me perdre dans tes bras. Tu m'entraînes,
assoiffée de mon âme, je résiste dans l'attente
de ma bien-aimée. Où sera-t-elle ? Ce matin je l'ai
cherchée. Ne l'aurait-on pas vue, ma bien-aimée, aux
heures rocheuses du jour ? Elle est perdue, avec un sentiment que
je suis seul à comprendre. Que comprendras-tu, toi, que comprendront-ils,
eux ? Toujours tu descends de mes lèvres, eau éternelle
: source d'une illusion qui attend.
Poèmes de : Au-delà du Jour, éd. EDITINTER.
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Porfirio Mamani
Macedo sur internet |
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Bibliographie
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- Avant de dormir, L’Harmattan 2006. Poème
à une étrangère. Editinter, 2005. Un été
en voix haute, Trident neuf, 2004. Voix au delà des frontières,
L'Harmattan 2003 . Flora Tristan : La paria et la femme étrangère
dans son œuvre, (essai) Editions L'Harmattan, 2003. "Voix
sur les rives d'un fleuve", (poésie) Editions Editinter,
Paris, 2002. "Le Jardin et l'oubli", (roman) Editions
L'Harmattan, Paris. "Au-delà du jour", (poèmes
en prose) Editions Editinter, Paris. "Début de la
promenade", (poésie) Editions Encres Vives, France.
"Les Vigies", (nouvelles) Editions L’Harmattan,
Paris. "Dimanche", (récit) Editions Barde la
Lézarde, Paris. "Ecos de la Memoria", (poésie)
Editions Haravi, Lima, Pérou.
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