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Mais il y a l'écumeur
des grands chemins, et le coureur des mers.
René Guy Cadou - les liens
du sang |
Présentation |
Claude du Peyrat est né en 1946 à Paris. Etudes de
Mathématiques, puis de Lettres : devient professeur de Français.
Passionné de poésie, il en écrit depuis l’âge
de 20 ans. Egalement cinéphile, participe à l’aventure
des « Studio » à Tours, comme Membre actif. Les
« Studio », cinémas associatifs Art-et-Essai,
sont un complexe de 6 salles, avec 22 000 abonnés. Claude
du Peyrat en a été le président de 1996 à
2000. Il y est toujours rédacteur dans les « Carnets
du Studio ».
Il publie ses poèmes dans diverses revues : Arc-en-Seine,
Traces, Décharges, Cahiers Froissart, L’Encrier, Retro-Viseur
et bientôt Diérèse. Malheureusement (dit-il),
aucune publication en ouvrage.
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Claude du Peyrat-
Lumière Noire |
La lumière des étoiles.
A ma naissance, mes yeux d'enfant –
éblouis. Plus tard, mes yeux perdus dans les explosions galactiques.
Maintenant, mon corps ravagé : les mots de trop. Au loin,
la route.
Mes yeux noyés : je ne suis plus d'ici.
Le brouillard
me dérange : abrogation des nébuleuses
androïdes, le rêve évincé de ce monde.
Comme un soulèvement de la
poussière : écho lointain, étouffé.
Je n'entends plus la mer : la
vague, irritée, comme les changements du vent les soirs d'ennui.
J'avance
: l'horizon dispersé dans l'écume, les étoiles
renversées. Le nom des malheureux, la nuit qui m'a menti.
J'avance
vers les jetées, démantelées. Un murmure me
franchit : des voix
inaudibles, des signes corrompus.
Mes
pas sur la grève : dénonciation, la voilure qui se
déchire au loin. Majestueuse imposture.
Le vent
s'épuise : terre à la dérive, comme à
la marée
descendue. Le sable lisse, ne plus rien promettre. La mer serait
étale, la brume indemne. Je serais loin de moi : dérisoires
seraient
mes paroles, dérisoire le désespoir des disparus.
Mon
nom : n'étant plus là.
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Claude
du Peyrat - Ascetique |
Pudeur des libellules.
Résister sans trahir. Un refus du lyrisme.
La rose: une émotion
à taire. Ignorer la bassesse. Juste la fleur, quelques épines:
nos désirs entrecroisés.
Donner la main aux
buissons. Respiration: comme une introduction, et tu restes sur
le seuil. Pudeur des prairies auxquelles tu souriais. Et la ligne
des monts sur le ciel rose: que voulais-tu?
Moi: le mutisme.
En toute décence. Sans surseoir.
Quelques pétales:
ainsi que toi.
Aussi la lune au-dessus
du col: franchissement. La poésie. Et moi qui me taisais.
Clôture pour apaiser la faim du ciel. Ces déesses dans
la brume pour satisfaire nos tentations: je n’osais plus.
Ici: le papier blanc,
l’encre qui s’étale. Absence d’horizon.
Crier: une autre langue, différente de nos jours mortels.
Mécanique sans règle: immense désespoir, comme
ces arbres au bord de l’allée. Rien vers le ciel: la
pluie s’obstine.
Ces mots douloureux...rétractés
avant la nuit.
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Claude du Peyrat
- Anesthesie |
Ces mots de la
mer comme à Jérusalem le tonnerre: immobilité
pervertie. A qui crois-tu, le soir venu dans ton cœur? Roulement
des galets: tu gémis malgré l’aube demain, une
musique de l’envie.
Tu gémis.
Lumière incinérée: te voici comme une brume
à effeuiller, noctambule sans boussole. Ironie de la vie,
de bas en haut. Le grain de sable mesure ton destin. Le temps s’étale:
caillou du littoral, comme un moment de trop.
Tu gémis.
Ces filles indistinctes, telles un passage de barque: le poids du
silence que tu ne retiens plus. Une enfilade: les mains comme à
la chaîne. Abus de pouvoir.
Tu délibères.
La fin du rêve. Te voici libéré du désert.
Des miettes pour dessert: de toi reste le vent. Un souffle, tel
l’écho sur la banquise. Un blanc qui t’oblitère.
Un panneau en guise
de girouette serait la fin souhaitée. Dans les salins.
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Claude
du Peyrat - Paix |
Visage comme un pétale de fleur
Visage que la tendresse affine
Regard qui croise mes rêves
Tu es là
Sur la pierre en partance
Naissance du jour et l'éther apaisé
A l'aube
Ton visage sourit à la rosée
Promesse à la lumière
Un songe en équilibre
Attente
Dans un miroir imaginaire
Tu souris à la douceur du bleu
Tu songes sur la place
Des ombrelles étincellent
Fables
limpides
Sommeil
des vagues
Journal de nos blessures apaisées
Les décors s'évaporent
J'esquisse des espaces circulaires
Au-delà
du soleil
La
nuit se fait rebelle
Fascination
de l'arabesque
Forêt
de tréteaux
Tu te multiplies dans l'arène
J'improvise des voix oubliées
La
lune s'étire
Sur la scène sans lumière
Immortalité du temps suspendu
Tu souris aux promesses du silence
Clôture.
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Claude
du Peyrat - Courbure |
J’aimais ces mots diluviens
Dont j’étais en dépôt
Le flux du temps dans les digues détruites
La vie comme une amande
Sans danger d’écorcher les rochers
Et cet amour apitoyé
Echo d’une musique amollie
J’aimais ces mots fleuves
Qui mentent à la nuit dépouillée
Frayeur des dortoirs éteints
Le noir des attentes lapidaires
Je ne croyais en rien
Les promesses mises à l’encan
Aujourd’hui
Des ruines soumises
La nuit des pierres
La paix des déserts authentiques
Faute de mots dans l’incendie
Une étreinte ultime dans les marais déchus.
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Bibliographie
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Publications en revues :
Arc-en-Seine : Juin 1990, n°7
Décharges : Septembre 1995, Janvier 1997, Septembre 1998
Traces : Automne 1994, Automne 1995, Eté 1996
Rétro-Viseur : Printemps 1996, Eté 1998, Automne 2000
Friches : Automne 1996
L’Encrier, : Août 1997
Froissart : Eté 1996, Automne 1998, Automne 1999, Automne
2000, Hiver 2001
Plusieurs recueils inédits, dont :
Mer amère (1990),
Parfois le soir (1992),
Parkings du cœur (1995),
Nuit océane (1997) ,
Syntagmes (2002),
Miroirs sans tain (1994-2205).
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